Entre Ephèse et Corinthe, deux grands ports, les nouvelles et les hommes circulaient facilement. Paul est informé qu'à Corinthe, des partis se forment, chacun revendique un haut patronage, Paul, Pierre, Apollos, et même le Christ (1Co 1, 12).
Les tribunaux ont a connaître les procès entre chrétiens (1 Co 6, 1-11).
La réunion de communauté tourne au désordre (1Co 11, 17-34).
Rigorisme et laxisme se côtoient dans la morale sexuelle, et certains nient la foi en la résurrection...
Il semble que le contenu de l'Evangile soit directement menacé :
« Si le premier venu en effet prêche un autre Jésus que celui que nous avons prêché, s'il s'agit de recevoir un Esprit différent de celui que vous avez reçu, ou un Evangile différent de celui que vous avez accueilli, vous le supportez fort bien. »
(2Co 11, 4)
Une délégation a recours à Paul (1Co 16, 17) tandis que certains font courir le bruit que l'apôtre n'osera pas venir lui-même mettre de l'ordre (1Co 4,18). Paul envoie Timothée (1 Co 16, 10), puis il fait une visite. Il y eut un offenseur et un offensé (2 Co 7, 12), l'offensé étant probablement un envoyé de Paul. Paul écrivit alors une lettre dure et charge Tite de porter la lettre (2 Co 8, 6). Il semble que la communauté se range alors derrière Paul, et il semble qu'un châtiment sévère fut infligé à l'offenseur. Trop sévère semble-t-il, puisque Paul sera obligé, une fois l'incident clos, de prêcher la clémence (2Co 2, 5-7).
Cet offenseur n'est pas Apollos, absent de Corinthe (1Co 16, 11-12).
Il y a aussi plusieurs meneurs hérétiques. Ils se valorisent de leur ascendance juive :
« Alors que les Juifs demandent des signes et que les Grecs sont en quête de sagesse, nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens. »
(1Co 1, 22-23)
Ils recherchent des signes et probablement accordent-ils beaucoup plus de place aux signes et aux prodiges plutôt qu'à la sagesse de la croix, la véritable nature de l'Evangile est perdue. Ceci explique la violente sévérité de Paul :
« Car ces gens-là sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, qui se déguisent en apôtres du Christ. »
(2Co 11, 13)
« Ils sont Hébreux ? Moi aussi. Ils sont Israélites ? Moi aussi. Ils sont postérité d'Abraham? Moi aussi. Ils sont ministres du Christ? (Je vais dire une folie!) Moi, plus qu'eux. »
(2Co 11, 22-23)
Le discours de Paul prend aussi tout son sens vis à vis d'une hérésie comme qui consiste à croire que le but ultime est déjà atteint : par le baptême, ils auraient revêtu le corps spirituel qui sera notre corps définitif. Les faux apôtres insistent alors sur le baptême et minimisent la place de la croix dans la vie présente, et négligent de contrôler les dérèglements.
Saint Paul répond donc point par point :
- Il souligne la place de la croix :
« Car le Christ ne m'a pas envoyé baptiser, mais annoncer l'Evangile, et cela sans la sagesse du langage, pour que ne soit pas réduite à néant la croix du Christ. Le langage de la croix, en effet, est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui se sauvent, pour nous, il est puissance de Dieu. »
(1Co 1, 17-18)
- Et il explique que la résurrection est une réalité future, un chemin reste à parcourir, avec vigilance. Par les précisions de 1 Co 15, Paul ne cherche pas tant à prouver la résurrection des corps, il tend plutôt à affirmer qu'une résurrection future nous attend.
Françoise Breynaert