Les guerres et les famines, les tremblements de terre et les épidémies dont parle l'Apocalypse jalonnent l'histoire humaine. Mais le livre de l'Apocalypse explique que l'histoire ne sera pas un échec, Dieu est fidèle à sa création.
Les jugements manifestent la sainteté de Dieu[1].
Dans l'Apocalypse, il y a trois séries de jugements : les sept ouvertures de sceaux (Ap 6,16-17 et 8,1.3-5), les sept trompètes (Ap 8, 2.6 - 9, 21 ; 11, 14-19), les sept coupes (Ap 15, 1.5-21)..
Celui qui connaît le langage de l'Ancien Testament, et en particulier celui de l'Exode, comprend que les trois séries de jugements signifient des manifestations de la sainteté divine.
Voici le langage du livre de l'Exode :
« Or le surlendemain, dès le matin, il y eut des coups de tonnerre, des éclairs et une épaisse nuée sur la montagne, ainsi qu'un très puissant son de trompe et, dans le camp, tout le peuple trembla. Moïse fit sortir le peuple du camp, à la rencontre de Dieu, et ils se tinrent au bas de la montagne. » (Exode 19, 16-17)
Peu avant la série des sept sceaux, le voyant de l'Apocalypse prolonge cette expérience dans le ciel où :
« Du trône partent des éclairs, des voix et des tonnerres » (Ap 4, 5).
A la fin des sept sceaux, nous retrouvons cette même manifestation de la sainteté divine :
« Ce furent alors des tonnerres, des voix et des éclairs, et tout trembla » (Ap 8, 5).
De même, à la fin des sept trompètes :
« puis ce furent des éclairs et des voix et des tonnerres et un tremblement de terre, et la grêle tombait dru... » (Ap 11, 19)
Et à la fin des sept coupes :
« Et ce furent des éclairs et des voix et des tonnerres, avec un violent tremblement de terre... Et des grêlons énormes. » (Ap 16, 18... 21).
Chaque fois, nous retrouvons le langage de l'Exode : éclairs, voix, tonnerre, tremblement de terre.
Ainsi, le cours des jugements est manifesté comme la manifestation, en crescendo, de la sainteté divine. Mais Dieu lui-même, on ne le voit ni ne l'entend.
Autrement dit Dieu seul possède la sainteté comme sa nature propre. La souveraineté absolue doit être attribuée au Créateur, source de toute valeur. Telle est la signification des trois séries de jugements.
Les jugements sont salvifiques[2].
Les trois séries sont d'une sévérité croissante : la première série affecte un quart de la terre, la seconde un tiers, la troisième n'a pas de limite.
« Ils n'abandonnèrent ni leurs meurtres, ni leurs sorcelleries, ni leurs débauches, ni leurs rapines. » (Ap 9, 21).
Autrement dit, le but de tous ces fléaux et cataclysme, c'était d'amener les hommes à la conversion.
La révélation du « rouleau scellé » indique le rôle de l'Eglise des martyrs pour amener cette conversion, puis un jugement a lieu : un tremblement de terre fait crouler un dixième de la ville et fait périr 7000 personnes et :
« les survivants, saisis d'effroi, rendirent gloire au Dieu du ciel » (Ap 11, 13).
N.B. Tandis que dans l'Ancien Testament, un dixième (Is 6, 13 ; Amos 5, 3) ou sept mille personnes (1R 19, 18) constituent le reste épargné et que le jugement balaye la majorité, Jean renverse cette estimation : le « reste » est constitué par les neuf dixièmes.
La troisième série de jugements, les sept coupes (Apocalypse 16) n'a pas de limites, et inclut la destruction de « Babylone », à qui Dieu donne le vin de sa colère (Ap 16, 19). Babylone que la Bête elle-même prend en haine, pour la détruire avec les rois de la terre (Ap 17, 16). - Notons que ce ne sont pas les chrétiens qui détruisent Babylone.
Et les apparitions mariales ?
Puisque nous sommes sur un site marial, peut-on dire que ce discours sur l'Apocalypse correspond aux apparitions mariales ?
Par les sept sceaux et les sept trompètes Jean ne parle pas d'événements précis entre la rédaction du livre jusqu'à la Parousie ou devant avoir lieu dans les dernières années avant la Parousie. La prédiction de Jean n'est pas historiciste, ni futuriste[3].
Ceci explique sans doute que jamais une apparition ne dit que tel sceau ou telle trompète s'accomplit.
Mais souvent une apparition peut accompagner un événement historique, comme l'Apocalypse accompagne l'Eglise dans l'empire romain, pour en montrer l'enjeu spirituel, rappeler la fin ultime, appeler à la conversion.
Par exemple : l'apparition des Trois Epis (Alsace, France 1491) montrait un glaçon, qui représentait les misères qui s'abattraient sur la région si les habitants ne consentaient pas à expier leurs péchés et à se convertir (comme Ap 6-9). Et les épis annonçaient les bénédictions que Dieu était prêt à répandre sur ceux qui changeraient de vie et se tourneraient vers Lui.
Autre exemple : l'apparition à Fatima (Portugal 1917), par la vision du ciel et de l'enfer, rappelle la fin ultime et le jugement dernier (comme Apocalypse 19) et le troisième secret montre le rôle des martyrs (comme les deux témoins d'Apocalypse 11).
[1] Cf. Richard Bauckham, La théologie de l'Apocalypse, Cerf, Paris 2006, p. 53-57
[2] Cf. Richard Bauckham, La théologie de l'Apocalypse, Cerf, Paris 2006, p. 104 et 122
[3] Cf. Richard Bauckham, La théologie de l'Apocalypse, Cerf, Paris 2006, p. 171 qui fait allusion à l'erreur historiciste de E.B. Elliott et à l'erreur futuriste de Hal Lindsey.
Synthèse Françoise Breynaert