Alors que les musulmans croient que le Coran est divin, les chrétiens considèrent que la Bible est un texte divino-humain. (En ce sens, comprendre la formation de la Bible prépare les cœurs à accueillir l'Incarnation).
Le côté divin de la Bible est exprimé par la notion de « révélation »[1], c'est-à-dire l'activité de Dieu qui révèle et que l'on doit donc croire (DV 2-6). Dieu ne se révèle pas par des idées abstraites, mais par des gestes, des évènements de salut, c'est pourquoi la Bible est remplie d'histoires et transmet efficacement « la vie spirituelle » et « la force » (DV 21)[2]. De plus, il arrive souvent qu'un même livre ait été écrit en plusieurs étapes successives. Dieu chemine avec les hommes et il se révèle progressivement (DV 14). Dieu se révèle en respectant la croissance et les consciences : il se révèle sans subjuguer[3]. Jésus-Christ achève la révélation (DV 4)[4].
Le côté humain de la Bible est exprimé par la notion « d'inspiration »[5]. Le peuple est inspiré quand il se souvient d'un évènement à travers lequel Dieu s'est révélé. La notion d'inspiration permet de respecter l'histoire et ses étapes humaines : ce n'est pas Dieu qui faisait la guerre ! L'auteur qui « rédige » et l'éditeur qui « consigne » les livres sont eux aussi inspirés (DV 11). Le texte final, qui est donc humain et inspiré, peut avoir des erreurs liées aux limites humaines[6] (par exemple dans la chronologie) mais ce ne sont pas des erreurs qui concernent la Révélation et le salut[7] (qui sont divins). L'Eglise écoute (LG 10)[8] et transmet.
DV : Vatican II, Dei Verbum
LG : Vatican II, Lumen gentium
[1] Vatican II, Dei verbum, chapitre 1 (= § 2-6)
[2] Le concile, en ce sens, a voulu dépasser la scolastique. La Somme théologique de saint Thomas d'Aquin reste très utile et permet des idées claires et ordonnées, mais elle met entre parenthèse le geste divin qui transmet efficacement la vie spirituelle et la force.
[3] A l'inverse des sectes et des gourous de sectes qui « subjuguent ».
[4] Avant le concile, grosso modo pour simplifier, les catholiques disaient que la révélation c'était l'Eglise et les protestants disaient que c'était l'Ecriture. Le concile dit que la révélation n'est ni l'Eglise, ni l'Ecriture, ni la tradition, mais c'est la personne vivante de Jésus-Christ.
[5] Vatican II, Dei verbum, chapitre 3 (= § 11-13)
[6] « L'infirmité de notre chair » (Dei Verbum 13)
[7] « Fidèlement et sans erreur » (DV11) et « la vérité et la sainteté de Dieu demeurant toujours intactes » (DV 13) parce que dans ces histoires bien humaines et donc pécheresses, dans ces textes rédigés par des auteurs humains et donc faillibles, c'est la Révélation divine qui est transmise (cf. Dei verbum 2-10)
[8] L'Eglise écoute, médite... Comme Marie (Lc 2, 19.51)
Synthèse F. Breynaert