Notre site Internet a pour vocation d’aimer Marie et de contempler le mystère de l’Incarnation. La question des méthodes de lecture de la Bible ne nous éloigne pas de notre sujet.
L’inspiration est à la fois plus grande et plus petite que ce que l’on imagine parfois.
- Plus petite car la Bible est vénérée mais elle n’est pas adorée comme l’est notamment le Coran : Dieu s’incarne en Jésus Christ et non pas dans le texte biblique.
- Plus grande car l’existence de l’inspiration révèle la proximité de Dieu et la confiance qu’il fait aux hommes.
Avant de descende dans le sein d’une Vierge, Dieu a osé se donner dans les mots de l’Ecriture . Avant d’oser prendre un visage de chair que l’Esprit Saint a transfiguré pour que le Fils ne perde rien de sa gloire divine, Dieu a osé prendre un langage d’homme que l’Esprit Saint transfigure. Par l’Esprit Saint, les mots d’hommes marqués par leur époque parlent aux hommes de tous les temps.
L'auteur
On comprend bien que la Vierge Marie n’est pas simplement un sein maternel utilisé pour l’Incarnation. De même, l’inspiration de l’auteur n’est pas une dictée automatique comme avec nos programmes informatiques d’enregistrement vocal… Dieu laisse donc à l’homme le choix des mots, de la manière…
La parole de Dieu accepte de s’incarner dans des mots humains, de pauvres mots humains, mais l’Esprit Saint de Dieu fait flamber ces mots pour celui qui s’y ouvre dans la prière.
Il faut aller plus loin, l’inspiration n’est pas seulement celle d’un auteur, fut-il prophète (Isa?e), roi (David) ou prêtre (Ezéquiel, Esdras). Elle est présente dans les événements eux-mêmes.
Les événements
L’hébreu possède la parole « Davar ». Ce mot signifie à la fois événement et parole.
C’est une clé importante : pour Israël, Dieu parle à travers les événements, et les hommes écoutent Dieu leur parler à travers les événements.
Ces événements sont d’abord les délivrances miraculeuses, celle d’Egypte avec Moïse et celle de Déborah en Canaan probablement un peu avant. Ces événements sont le passage miraculeux de la mer rouge avec Moïse et du Jourdain avec Josué. Croire que la Bible est un texte inspiré, c’est croire que Dieu peut agir dans notre histoire. Ce n’est pas le Dieu indifférent d’Aristote ! C’est un Dieu proche qui écoute la prière des hommes et qui n’est pas impuissant.
Telle était la foi de Marie qui chante dans son Magnificat : « il a déployé la force de bras » (Lc 1, 51)
Le peuple, le "sensus fidei"
Il faut encore aller plus loin : l’auteur inspiré ne serait pas reconnu comme inspiré si le peuple entier n’adhérait pas à son interprétation de l’événement. Le peuple s’est rassemblé au Sina? ou à Sichem au temps de l’Exode, à Jérusalem ensuite, ces rassemblements du peuple ont été déterminants dans la révélation du sens spirituel des événements, dans la reconnaissance des prophètes et des textes inspirés. Aujourd’hui on parlerait du Sensus Fidei.
Sans le peuple qui l’a accueilli comme un texte inspiré, la Bible n’aurait pas existé.
C’est aussi le rôle de Marie, d’aider l’Eglise a écouter l’inspiration de l’Esprit Saint pour adhérer en tant que peuple à la foi révélée.
L'éditeur
Il y a encore une étape de l’inspiration, celle de l’éditeur.
Par exemple Luc Matthieu et Marc ont édité les récits de la vie de Jésus sur une chronologie d’une seule année alors que saint Jean raconte la vie publique en 3 ans… Et cependant chaque évangéliste est inspiré dans sa manière de raconter.
Un autre exemple, l’éditeur peut placer des paroles révélées en l’an 500 dans la bouche de Mo?se qui a vécu bien avant, ce qui explique que l’on trouve dans l’Exode la permission de rendre un culte sur des autels de terre dans tous le pays mais aussi l’interdiction de tout culte en dehors de Jérusalem.
L’éditeur est pourtant inspiré lui aussi : dans ce cas particulier, cela signifie que Dieu est le même et que c’est le même Esprit Saint qui guide le peuple au cours des siècles. Et le peuple accepte cette façon de faire, il reconnaît une vérité spirituelle.
Conclusion
L’inspiration met en jeu l'intervention de Dieu et l'action de son Esprit Saint dans
L’inspiration nous fait toucher du doigt la proximité de Dieu : Dieu n’est pas lointain ou inaccessible. Il est proche, proche de l’histoire concrète des hommes, proche de leurs mots, proche de leur cœur, et il se fera finalement si proche qu’il deviendra l’un de nous. Reconnaître une telle inspiration des Ecritures rend attentif non seulement aux symboles et aux allégories de l’Ecriture mais aux événements.
Un retour honnête à l’histoire, sans nier à priori tout miracle et toute révélation proprement dite, en étant ouvert à la foi et attentif à la tradition constitue au contraire une grande chance pour retrouver une perception profonde de l’Alliance et pour percevoir le sens de l’Incarnation.
C’est en transformant une ancienne hymne à la Torah, c’est à dire une hymne à la révélation de Dieu dans la loi et dans l’histoire d’Israël, que saint Jean écrivit son Prologue culminant en ces mots :
« Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jn 1,14).
Françoise Breynaert