Juste est un titre donné à Joseph au moment le plus critique de sa vie. Comment interpréter ce mot ? Comment les gens de son temps comprenaient-ils ce mot ?
Pour Flavius Josèphe, l’adjectif /substantif "juste" (grec: dikaios) a plusieurs significations :
Juste est celui qui obéit aux commandements de Dieu,
Juste est l’homme de foi,
Juste est l’homme droit qui reste à sa place et agit comme il le doit selon la volonté de Dieu,
Juste est l’homme de caractère, fidèle aux prescriptions divines (1).
Dans le milieu hellénistique (= grec), le mot se rapproche des termes qui expriment la bonté.
Pour Philon, le juste est le véritable soutien du genre humain, où il se trouve pour guérir les infirmités, devant la foule des injustes, après être arrivé lui-même à la justice qui assainit tout (2). Philon a particulièrement en vue le patriarche Abraham.
Plus largement, on peut donner cette liste approximative de significations:
Juste est celui qui donne à chacun ce qui lui est dû (idée juridique philosophique de la justice non biblique) : Marie devrait épouser le père de l’enfant;
Juste est celui qui obéit aux préceptes de la loi (catégorie de l’Ancien Testament) ;
Juste est celui dont le comportement n’est pas lié à la loi, mais à la foi (catégorie du Nouveau Testament);
Juste est celui qui tempère la justice par la miséricorde, la pitié, la bonté; l’homme doué de toute vertu (catégorie patristique) (3) ;
Juste est celui qui dans sa conduite est fidèle à Dieu (correspond à l’idéal de l’Ancien et du Nouveau Testament) : ce qui se voit dans sa disposition à se séparer de Marie ou à l’accepter selon la volonté de Dieu ;
Juste est celui qui, en connaissant le mystère de Dieu accompli en Marie, est disposé à se retirer. (4)
Joseph, « homme juste », et véritable Israélite accueille dans la foi le projet de Dieu qui est en train de prendre forme en Marie. Il ne s’agit pas d’une acceptation quelconque dans la foi, mais d’une acceptation dans la foi messianique dont le contenu est indiqué par l’ange révélateur (Mt 1, 20-21) (5).
Notes :
(1) FLAVIUS Josèphe, Antiquité 5, 197; 6, 165; 8,208; 15, 106; 16, 212.
(2) PHILON, La migration d'Abraham 121;124; 62; Quod det., 121.123.
(3) Cf. PIERRE CHRYSOLOGUE, Sermon 145 (PL 52, 588); CHRISOSTOME, In Math. homilia 4 (PG 57, 45).
(4) Cf. MUNOZ IGLESIAS S., Los Evangelios de la Infancia, IV, Nacimiento e infancia de Jesús en San Mateo, (BAC 509), Madrid 1990, pp. 131-134.
(5) Cf. PIKAZA X., Amiga de Dios. Mensaje mariano del Nuevo Testamento, San Pablo, Madrid 1996, pp. 46-47.
E.PERETTO (Marianum, Rome, 2003)