Immaculée (c'est son prénom) est née au Rwanda et elle a connu la période des apparitions de Kibeho et celle du génocide annoncé et malheureusement survenu.
Elle raconte tout d'abord le pèlerinage de son père à Kibeho, d'autant plus marquant qu'il le fit à pied : « Dans tous les villages que nous avons traversés, les gens nous demandaient si nous étions les pèlerons de Kibeho et ils nous invitaient dans leur foyer. Ils nous offraient du lait et nous permettaient de nous laver et de nous reposer chez eux - oui, les 300 sans exception ! Imaginez cela ! Les gens croient que Marie offre sa bénédiction au Rwanda alors ils veulent aider ceux et celles qui se rendent jusqu'à elle pour qu'elle reste parmi nous. »[1]
Et encore : « Lorsque mon frère Damascène est revenu de son premier pèlerinage, il s'est tout de suite joint à la légion de Marie et a commencé à rendre visite aux gens âgés et aux malades de notre région. Aimable était le plus généreux de son temps et passait des heures à m'aider dans mes travaux scolaires »[2]
Immaculée désire se rendre à Kibeho, mais ses parents lui demandent de rester à l'école où elle est pensionnaire. Mais elle est « pèlerin du cœur », et elle demande la grâce d'aller à l'université, bien que son ethnie (Tutsi) soit souvent discriminée.[3]
Elle obtient effectivement la grâce de réussir aux examens et d'entrer à l'université nationale.
Devenue étudiante à Butare, Immaculée fait plusieurs pèlerinages à Kibeho. Enthousiaste, elle pratique fidèlement le « chapelet des sept douleurs », et demande à son petit ami de vivre pur de cœur et de corps jusqu'au mariage.
En 1994, au moment du massacre, Immaculée est cachée avec un petit groupe par un pasteur. « Tout ce que nous savions, c'est qu'un massacre général de la tribu des Tutsis était en cours et que nous risquions d'être tuées à tout moment. J'ai combattu la haine qui remplissait mon cœur au cours de cette période et j'ai dû lutter âprement pour conserver ma foi en Dieu. [...] Si ma famille était anéantie, elle était dans les bras de la Mère qui continuait depuis Kibeho de me dire que j'étais aimée. Elle me disait de m'accrocher à ma foi. L'amour, que j'avais senti couler en moi quand j'avais reçu la bénédiction de Notre Dame en buvant l'eau aux creux des mains de Valentine m'a de nouveau réconfortée. Mon cœur avait soif de Dieu. Marie a étanché cette soif et cela a été ma grâce salvatrice. La Vierge m'avait donné la force dont j'avais besoin pour prier Dieu, et Il m'a trouvée. Le lien d'amour que j'ai forgé avec Lui dans les semaines et les mois qui ont suivi m'a soutenue au cours des 15 dernières années, m'éloignant des terribles souffrances de ces jours tragiques pour retrouver la joie et la paix. »[4]
Diplômée en génie électronique et mécanique, Immaculée a émigré aux Etats Unis et organisé une aide aux orphelins rwandais. Elle désire organiser à Kibeho ce qu'elle appelle une « nouvelle Jérusalem », c'est-à-dire un lieu où les êtres spirituellement affamés pourront trouver le réconfort et la guérison dans un magnifique sanctuaire.
[1] Immaculée ILIBAGIZA, Notre Dame de Kibeho, D.G diffusion (France), 2010, p. 105
[2] Immaculée ILIBAGIZA, Ibid., p. 129
[3] Immaculée ILIBAGIZA, Ibid., Résumé p. 195 et suivantes
[4] Immaculée ILIBAGIZA, Ibid., p. 217-218
Nous ne donnons pas sa retranscription du récit des apparitions (récit donné avec plus d'exactitude dans les autres articles du site), mais son témoignage parce qu'il transmet fraîcheur, amour et foi.
Son livre parle aussi de Valentine, visionnaire ou charismatique qui n'a pas été retenue parmi les trois voyantes au moment de la reconnaissance de l'apparition en 2001. C'est peu important en ce qui concerne son témoignage : ce n'est pas à une visionnaire que la jeune femme s'est attachée, mais à la Vierge Marie qui à Kibeho a manifesté son amour.
Synthèse F. Breynaert