Dans l’église Saint-Nicolas de Saint-Maur-des-Fossés (Diocèse de Créteil) se trouve une statue de la Vierge acheiropoïète, non faite de main d’homme, que l’on nomme Notre-Dame des Miracles. Un pèlerinage très ancien lui est consacré, depuis le IXe siècle.
L’abbaye de Saint-Maur-des-Fossés a été fondée au XIe siècle, sous Clovis II, avec les reliques de saint Babolin et de saint Maur, dont les reliques arrivèrent à l’abbaye en 868. De nombreux miracles s’y sont produits, grâce à l’intercession de cette Vierge.
Guillaume de Corbeil, au XIe siècle, dit Guillaume de Verlange ou « Guerlenc », chassé de ses fiefs de Normandie par le duc Guillaume, son cousin, devint avoué de l’abbaye des Fossés. Très malade, il promit à la Vierge Marie de devenir moine s’il guérissait, ce qui lui fut accordé. Le moine demanda alors au sculpteur nommé Rumolde, en 1068, de réaliser une statue de la Vierge. On rapporte[1] que le sculpteur, ayant à peine commencé à dégrossir le bois, fut appelé au dehors de la chapelle, qui lui servait d’atelier. Ne voyant personne, il y revint, et s’aperçut que la statue était entièrement achevée. Cette statue, Vierge de Passion, est donc acheiropoïète, non faite de main d’homme. Quelques temps après, le sculpteur fut guéri d’un mal mortel par la Vierge Marie, qui lui était apparue sous les traits de cette image. Elle s’est appelée Notre-Dame de l’Achyropis avant d’être vénérée sous son nom actuel, Notre-Dame des Miracles.
Deux manuscrits provenant de l’ancienne abbaye de Saint-Maur (initialement appelée abbaye des Fossés) attestent qu’au XIIe siècle, une terrible sècheresse frappa l’Europe occidentale. Les moines organisèrent alors une procession et dirent une messe dans la chapelle Saint-Nicolas. C’est en terminant cette messe qu’un violent orage éclata.
Pendant près de neuf siècles, un pèlerinage à Notre-Dame des Miracles avait lieu chaque année en ces lieux. Elle accueillit d’illustres pèlerins : Philippe Auguste, saint Louis, l’empereur Charles IV, Louis XI, la reine Anne d’Autriche, venue demander la grâce d’un fils pour la France, la vénérable mère Mechtilde du Saint-Sacrement…
Une indulgence fut accordée au XVe siècle, par le pape Sixte IV, aux pèlerins qui récitent la prière à Notre-Dame-des-Miracles devant la vénérable statue.
L’abbé Paul de Geslin, qui a participé au Concile Vatican I, miraculé de Notre-Dame-des-Miracles, fonda par la suite le séminaire français de Rome. Le père François Paul Marie Libermann (1802-1852), juif converti au catholicisme, vint prier Notre-Dame des Miracles et y reçut l’intuition de fonder les Pères du Saint-Esprit.
Arrêté dans les années 1960, le pèlerinage a repris en 2000, l’église Saint-Nicolas ayant été déclarée église jubilaire.
Le samedi le plus proche du 8 décembre a lieu le pèlerinage des familles. La route Saint-Louis part du château de Vincennes, d’autres routes partent de l’église Saint-Hilaire de La Varenne Saint-Hilaire, de l’église Saint-François de Sales à Adamville, de Sainte-Marie-aux-Fleurs et de Saint-Nicolas, ainsi que de Créteil et de Joinville.
Source :
Dominique Le Tourneau. Guide des sanctuaires mariaux de France. Paris : Artège, 2019.
[1] L'histoire est relatée par Regnault de Citry en 1328.
-sur la Prière à Notre-Dame des Miracles, composée par Mgr R. Le Gall, dans l’Encyclopédie mariale
-sur les sanctuaires marials de France, dans l’Encyclopédie mariale
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