De l'index droit levé à la hauteur du menton, sous la joue droite, la Dame, lentement, fait signe aux enfants d'approcher. Puis Elle étend vers elles, en l'abaissant, le bras qu'Elle avait levé, la paume en avant. « Donnez-moi votre main à embrasser. »
Les fillettes n'ont plus de crainte. Jacqueline s'approche la première, se hausse sur la pointe des pieds. La Dame a retourné sa main et l'a placée horizontalement. Sur l'index couché, la grande a posé l'extrémité de ses doigts. Très lentement, la Dame, dont la tête se penche, porte les doigts de l'aînée à ses lèvres. Vers la deuxième phalange de l'index, du médius et de l'annulaire, elle pose doucement un baiser silencieux.
C'est le tour de Nicole. La Dame se penche un peu plus. Laura et Jeannette sont trop petites. Spontanément, Jacqueline les soulève sous les bras et les élève, sans aucun effort, l'une après l'autre. Toutes les quatre dans leur émotion ont senti, au contact avec leur main droite, et la douceur de la peau et la tiédeur des lèvres de la Dame.
[...]
En sortant de l'église, Jacqueline d'abord puis Laura et Jeannette, s'aperçoivent que reste sur leurs doigts un ovale blanc. C'est la trace du baiser. « Dépêchons-nous, dit l'aînée, la chère Soeur sera bien obligée de nous croire cette fois-ci. » Hélas, à proximité de l'école, les marques qu'elles regardent attentivement, s'effacent les unes après les autres.
Mgr. Fiot, L'Ile-Bouchard (8 au 14 décembre 1947), 1951, Les faits mystérieux de l'Ile-Bouchard