Dans sa lettre apostolique sur le Rosaire, Jean Paul II rappelle lui-même son récent voyage (août 2002) dans son pays et notamment sa « visite au sanctuaire de Kalwaria ».
Ce sanctuaire se compose de deux chemins, le chemin du Christ et le chemin de Notre-Dame, qui se rejoignent.
La disposition géographique du sanctuaire est porteuse de toute une signification théologique. L’idée de “chemin”, de “marche”, de “pèlerinage”, si essentielle dans la mariologie de Jean-Paul II trouve sans doute ici une de ses sources.
A Kalwaria, on se persuade en quelque sorte « par les pieds » que la dévotion mariale conduit au Christ, qu’elle ne peut-être que fondamentalement christocentrée. Or c’est là le message central de la lettre apostolique sur le rosaire.
Jean Paul II nous a aussi donné en ce lieu* le fruit de sa longue expérienceet la synthèse de sa contemplation de Marie au calvaire :
"Je viens dans ce sanctuaire aujourd'hui comme un pèlerin, comme j'avais coutume de venir lorsque j'étais enfant et jeune homme.
Je reviens auprès de Notre-Dame de Kalwaria, comme j'y venais, lorsque j'étais évêque de Cracovie, pour lui confier les problèmes de l'archidiocèse et de tous ceux que Dieu avait confiés à mes soins pastoraux. Je viens ici aujourd'hui comme alors et je répète, Salut, Salut Reine, Mère de miséricorde !
Combien de fois j'ai constaté que la Mère de ce Fils de Dieu tourne ses regards de miséricorde sur les difficultés des affligés, et qu'elle obtient pour eux les grâces pour résoudre des problèmes difficiles ? Je les vois, dans leur impuissance, parvenir une réalisation complète de l'étonnante puissance et sagesse de la Providence Divine. [...]
"Debout près de la croix de Jésus était sa Mère, et la sœur de sa Mère, Marie femme de Cléopas, et Marie Madeleine" (Jn 19, 25).
Elle qui était liée au Fils de Dieu par les liens du sang et de l'amour maternel, là au pied de la Croix, elle expérimentait l'union dans la souffrance. Elle seule, malgré la douleur de son cœur maternel, connaissait la signification de cette souffrance.
Elle avait confiance, confiance malgré tout, que l'antique promesse serait accomplie :
« Je mettrai une inimitié entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance ; il meurtrira ta tête et tu meurtriras son talon. » (Gn 3, 15)
Et sa confiance fut soutenue quand Jésus s'adressa à elle en lui disant : « Femme » (Jn 19, 26).
A ce moment, debout sous la Croix, pouvait-elle espérer que dans un bref délai, en trois jours, la promesse de Dieu serait accomplie ? Cela restera pour toujours un secret de son cœur. Nous savons une chose, cependant, elle est la première parmi tous les êtres humains qui a partagé pleinement la gloire du Fils Ressuscité comme nous le professons quand nous affirmons son Assomption, avec son corps et son âme, pour expérimenter l'union dans la Gloire, pour se réjouir au côté de son Fils des fruits de la miséricorde divine et pour obtenir ces fruits en faveur de ceux qui cherchent refuge auprès d'elle.
(*) Jean Paul II, homélie du 19 août 2002