Solidarnosch fut l’initiative, en 1980, d’un ouvrier spécialisé, métallurgiste de Gdansk, profondément catholique, assidu à la messe quotidienne.
Il était consacré à Dieu par Marie, dans le sillage du cardinal Wyszynski.
Les autorités ecclésiastiques l’ont sans doute soutenu et conseillé, mais nullement commandé ou dominé. C’est bien Lech Walesa qui menait sa barque, parfois contre les conseils du cardinal, notamment durant l’été 1981, où il décida d’aller plus vite, et paya la note (le 13 décembre). C’est la foi qui faisait courir Walesa.
Et voici le mécanisme spécifique de sa victoire.
Il avait fondé un syndicat libre, proprement ouvrier, ouvert à tous, sans ombre de discrimination. Les communistes furent nombreux à s’y inscrire. Il rassembla dix millions d’adhérents en quelques mois : un record de masse et de rapidité. Cette flambée des libertés ouvrières était une nouveauté irrecevable à l’Est.
Le général Jarusleski prépara la répression qui survint le 13 décembre 1981. Le Parti élimina le syndicat et emprisonna son président, Lech Walesa. Cette répression victorieuse prouvait la toute puissance du système, mais il démontrait aussi que le communisme n’était pas un mouvement ouvrier, libérateur du prolétariat. Il était, au contraire, le rouleau compresseur de son asservissement. Le coup était fatal pour la crédibilité du communisme qui bientôt s’effondrerait.
Lech Walesa, qui menait ses plus hautes négociations nationales chapelet au cou, et portait l’insigne de Notre Dame à sa boutonnière, a été promu, de prison en prix Nobel, puis au premier poste de l’Etat, président de la République polonaise (1990).
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R. LAURENTIN, Comment la Vierge Marie leur a rendu la liberté, ŒIL, Paris, 1991, p. 10-12. 58