La liturgie gallicane, au 7ème - 8ème siècle, chante l'Incarnation comme miséricorde divine :
Collecte
O Dieu, qui es riche de miséricorde, qui nous as fait revivre dans le Christ ton Fils, nous qui étions morts à cause de nos péchés. Celui qui a tout créé assume la forme de Serviteur ; et celui qui demeurait dans la divinité, il fut engendré dans la chair ; il était enveloppé de langes celui qui il est adoré dans les cieux ; il fut déposé dans une crèche celui qui régnait dans les cieux.
Regarde-nous favorablement quand nous invoquons ta majesté et, à cause de la charité ineffable de ta miséricorde, donne-nous, à nous qui exultons à cause de la naissance de ton Fils, né de la Vierge et régénéré par l'Esprit Saint, d'obéir aux préceptes par lesquels il nous donna les enseignements du salut...
Préface
Il est vraiment digne, juste, convenable et salutaire de te rendre grâce, o Seigneur, Père saint, Tout-Puissant et Dieu éternel, parce que aujourd'hui notre Seigneur Jésus Christ a daigné visiter le monde. Par miséricorde il est descendu du ciel en procédant du sanctuaire d'un corps virginal.
Les anges ont chanté Gloire au plus haut des cieux, lorsque l'humanité du Sauveur a resplendi. Toute la troupe des anges se mit à exulter, parce que la terre accueillit le roi éternel.
La bienheureuse Marie est devenue un précieux temple qui porte le Seigneur des Seigneurs. Elle engendra en effet une vie illustre en remède à nos délits, pour que fût repoussée la mort amère.
Ces entrailles en effet ne connurent pas la faute humaine, et méritèrent de porter Dieu. Il est né dans le monde celui qui vit toujours et vit dans le ciel, Jésus Christ, ton Fils et notre Seigneur... » [1]
Cette liturgie a inspiré les saints de son époque, notamment saint Idelphonse de Tolède, 617-667 :
« Si je cherche la mère, elle est aussi vierge ; si je cherche la Vierge, elle est aussi mère; si je cherche le fils, il est fils de la Vierge; et si je cherche l'intégrité, elle est chez sa mère entièrement.
O Dieu, auteur de tous les prodiges, o Dieu de toutes les créatures, o Dieu créateur de l'univers, o Dieu, origine de toutes les merveilles ! Avec tous tes miracles, avec toutes tes grandeurs, avec toute ta puissance, tu as accompli ce prodige, cette œuvre, ce résultat : tu as ouvert les trésors de ta miséricorde, tu as donné la preuve de ta mystérieuse pitié, tu as ouvert les richesses de ton pardon, tu as fait couler les fleuves de ta clémence pour mon salut et pour le salut du monde, pour ma rédemption et pour la rédemption du monde, pour ma justification et pour la justification du monde, pour ma libération et pour la libération du monde ! »[2]
La liturgie actuelle continue de faire goûter la miséricorde de Dieu lorsqu'elle célèbre l'Incarnation.
Que cette communion, Seigneur notre Dieu, nous fasse mieux connaître ta miséricorde, pour qu'en célébrant avec foi la mémoire de la Vierge Marie, Mère de ton Fils, nous trouvions un gage de notre salut dans le mystère du Verbe incarné. Lui qui règne avec toi pour les siècles des siècles.
Prière après la communion,
messe votive de la Vierge Marie à l'Annonciation du Seigneur[3]
[1] Missel Gothique, Rite gallican ancien, VII°-VIII° siècles, Messe de Noël, §14 et 17 ; Traduction par F. Breynaert à partir de G. GUARIB, Testi mariani del primo millennio, Città nuova editrice, 1990 p. 929-930
[2] Cf. Idelfonse de Tolède, Libellus de virginitate Sanctae Mariae contra tres infideles), II, 4.
[3] « La Vierge Marie à l'Annonciation », Congrégation du Culte Divin, Messes en l'honneur de la Vierge Marie, Desclée Mame, p. 41
F. Breynaert
Extraits de: F. Breynaert, A l'écoute de Marie,
préface Mgr Rey, Brive 2007, p. 47-49