Marie est la première de toutes les créatures à recevoir la vérité intégrale sur le Dieu d'amour. Elle pourra donc nous éduquer à nous laisser revêtir de la blanche tunique de la foi dont saint Jean de la Croix parle :
« La foi [...] est une tunique intérieure d'une blancheur éclatante, qui éblouit la vue de l'entendement. Une fois l'âme revêtue de foi, le démon est impuissant à l'entraver, car la foi a plus de pouvoir que les autres vertus contre cet ennemi, le plus fort et le plus rusé de tous. De là vient que saint Pierre nous propose cette arme comme souverainement propre à nous défaire de lui, par cette parole : "Résistez-lui en demeurant ferme dans la foi" (1P 5,9).
Pour obtenir les bonnes grâces du Bien-Aimé et l'union avec lui, l'âme ne peut donc se revêtir d'une meilleure tunique intérieure ni donner un meilleur soutien aux autres vêtements des vertus, que cette blanche tunique de la foi, car, "sans elle, dit l'apôtre, il est impossible de plaire à Dieu" (He 11, 6). Au contraire, lorsqu'on a une foi vive, il est impossible de ne pas lui plaire, puisqu'il nous dit lui-même par le prophète Osée : "Je t'épouserai dans la foi" (Osée 2, 20) »
Le scapulaire, comme blanche tunique de la foi, nous protège des assauts du démon en nous maintenant dans l'obéissance de la foi, dans l'amoureuse dépendance de la volonté du Père. C'est la foi qui nous fait toucher Dieu tel qu'il est et nous garde dans sa main.
Pour laisser cette tunique intérieure nous envelopper de sa lumière éclatante, il nous faut consentir à entrer humblement par les sentiers obscurs pour nos yeux malades, alors qu'en fait, ils ne sont que resplendissante clarté.
La pauvreté, la simplicité du signe du scapulaire expriment bien cette loi de la vie spirituelle : le signe discret et sobre accueilli dans la confiance ouvre les portes à une sagesse plus haute que tous les raisonnements limités de l'entendement appuyé sur ses seules lumières naturelles.
L'humilité du signe est à elle seule une source de grande lumière.
Elle détourne nos regards de ce qui brille, de ce qui se voit.
Elle nous fait quitter les rivages incertains du spectaculaire, du clinquant, pour entrer dans un chemin de patient labeur : le pèlerinage de la foi, le consentement à la volonté de Dieu accueillie dans le devoir d'état, l'obéissance aux évènements, paroles de la Providence divine.
Marie nous précède toujours sur ce chemin.
Fr. Philippe de Jésus-Marie, o.c.d.
Le secret du Carmel, le scapulaire et la vie mariale,
Editions du Carmel, Toulouse 2010, p. 76-77