L'ex voto est comme une empreinte, une mémoire qui, gravée dans la pierre, demeure intacte dans le temps, fidèlement orientée vers une source qu'elle désigne, dont elle témoigne avec pudeur.
Telle quelle, dans sa sobriété, l'empreinte est une frontière contre l'invasion étrangère, la curiosité ravisseuse, elle se préserve du bavardage qui soustrait et distrait. Elle ne secrète pas le secret, mais elle est d'abord silencieuse.
Elle livre l'essentiel avec peu de mots. La parole qui pose l'empreinte d'un bienfait reçu de Marie consolatrice des affligés est une parole libre, jaillissante, et donc juste et vraie.
Si les mots existent, c'est qu'ils ont quelque chose nous dire : amour, confiance, reconnaissance, service, fidélité.
Chacun donné sa clarté première, virginale, nous rejoint et nous parle au fil des ex-voto qui tapissent les murs de la basilique.
De l'empreinte sourd un chant de louange. Elle est comme une fenêtre ouverte sur le Ciel. Dans sa légèreté, elle nous dit la présence aimante de Marie qui marche avec nous, consolant et soulageant ceux qui n'en peuvent plus et viennent se confier à elle.
Les murs parlent des œuvres du Christ dans la vie d'hommes et de femmes. L'attitude naturelle est de se tourner vers le passé. Cependant, pour entrer dans sa signification pour nous aujourd'hui, il faut franchir l'obstacle qui en barre l'accès qui serait de voir ces œuvres comme passé révolu.
Retourner l'attitude naturelle, ainsi que l'exprime Maurice Bellet, permet de comprendre le passé comme commencement livrant sens au présent et lumière pour demain. C'est-à-dire de saisir que ce qui se dit là sous nos yeux, part d'un actuel pour revenir à l'actuel de ce que le Seigneur fait pour nous aujourd'hui.
IL le pourra tant que nous le Lui permettront par notre disposition intérieure. Ainsi pourrons-nous entendre la Source vive couler toujours à la prière de Marie pour chacun de ceux venus chercher près d'elle réconfort et guérison.
Xavier Guenez. Robert Witwicki, Verdelais, sanctuaire de Marie consolatrice, L'onctiale, 2012, p. 49