Armée d'un cadre doctrinal fondateur, réfléchi et cohérent, la DSE s’est exprimée avec force sur un certain nombre de réalités pratiques essentielles : la famille, le travail, l’économie, le développement, l’écologie, la communauté politique, la communauté internationale, la paix, les droits de l’homme, la culture, la morale et la civilisation ...
La famille
Institution humaine de nature divine, la famille est au cœur de l’enseignement social qui rappelle sans relâche ses fondements de nature théologique, morale et sociale. Elle occupe une place éminente et transversale dans tous les textes conciliaires et pontificaux de la doctrine.
Le travail
En lien avec la famille, le travail est largement traité de Léon XIII à Paul VI. Mais c’est Jean-Paul II dans Laborem Exercens (sur le travail humain, 1981) et dans Centesimus Annus (centenaire de Rerum Novarum, 1991) qu’il est analysé en tant que tel : le sens du travail, le droit qui doit le réglementer, l’importance de l’emploi et de ses modalités qui doivent toujours respecter la personne au travail.
L’économie
Elle est très largement analysée par la DSE. À la base se trouve une anthropologie humaine fondamentale qui place l’homme au centre. L’économie est faite pour l’homme et non l’homme pour l’économie. L’analyse porte sur les systèmes, les acteurs et les leviers économiques. Au-delà des analyses techniques, la doctrine a des approches spirituelles, éthiques, idéologiques et sociologiques. Elle a intégré les évolutions constatées au fil des époques. Mais c’est incontestablement Vatican II, Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI qui procédèrent aux analyses les plus pointues.
Le développement
Aux notions de « croissance économique » ou de « progrès » la doctrine sociale oppose la notion de « développement ». C’est Paul VI, dans Populorum progressio (sur le développement des peuples, 1967), qui préconise un « développement authentique » (favorable à l’homme), « intégral » (tout l’homme et tout homme), « solidaire » (toute l’humanité) et « plénier » (un humanisme ouvert à Dieu). Jean-Paul II dans Sollicitudo Rei Socialis (sur la question sociale, 1987) analyse les liens entre « développement » et transcendance, et déclare dans Centesimus Annus (1991) : « l’autre nom de la paix est le développement ». Benoît XVI dans Caritas in veritate (2009) replace « le développement humain intégral » dans la charité et la vérité.
L’écologie
Pour l’Église, les relations entre l’homme, la nature et Dieu ont une dimension transcendante car c’est Dieu qui a confié à l’homme sa création. Au fil des pontificats seront évoqués « l’écologie humaine » (conditions morales et urbanisation) et « l’écologie sociale » (conditions du travail). Le pape François déclare « nous sommes gardiens de la création ».
La communauté politique
La doctrine sociale distingue « la personne humaine », « la société civile » et « la communauté politique ». La « personne humaine » du fait de sa vocation communautaire doit vivre dans le cadre de la « société civile », c’est-à-dire une société ouverte au bien commun, à la démocratie, au principe de subsidiarité, de solidarité, de participation, de justice dans la charité. Il appartient à « la communauté politique » d’assurer le bon fonctionnement de l’ensemble dans le cadre des institutions.
La communauté internationale
La doctrine sociale traite des peuples et des nations, donc de la communauté internationale, avec le même intérêt que celui qu’elle porte à la personne humaine.
La paix
La paix est une valeur et un devoir universel dont l’épicentre est « la personne humaine ». Le Christ est Prince de la paix.
Les droits de l’homme
En délicatesse avec la Déclaration des droits de l’homme de 1789, l’Église n’a néanmoins pas cessé depuis ses origines de se référer au respect de la personne humaine. À l’époque contemporaine, il en va de même : Léon XIII évoque la dignité de l’homme (Rerum Novarum), Pie XI traite des droits de la personne humaine (Divini Redemptoris), Vatican II solennise la dignité de la personne humaine (Gaudium et Spes), Jean XXIII souligne avec certaines réserves la portée de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 (Pacem in Terris), Jean-Paul II à son tour, intègre dans une large mesure les droits de l’homme, recentrés dans une perspective chrétienne. Il insiste par ailleurs sur les risques de non-effectivité de ces droits et il déplore l’écart permanent entre la lettre et l’esprit (Redemptoris Hominis et Centesimus Annus).
La culture
Vatican II donne une définition très large de la culture. « La culture désigne tout ce par quoi l’homme affine et développe les multiples capacités de son esprit et de son corps » (Gaudium et Spes). Jean-Paul II voit plus large encore. Il appelle de ses vœux la culture de « l’État de Droit » articulé autour du bien commun, des droits de l’homme et de la démocratie. Néanmoins la Doctrine sociale met en garde contre les dérives qui risquent de conduire à une culture vidée de tout contenu éthique et spirituel, et donc de vérité.
La morale
La morale est le pivot de l’ordre social et repose sur trois niveaux : la loi naturelle qui vient de Dieu, la loi morale qui inspire la conscience et la loi sociale ou civile qui décline les cadres juridique, social et politique. Jean XXIII dans la ligne de toute la doctrine sociale déclare : « la vie en société doit être considérée avant tout comme une réalité spirituelle » et « l’ordre propre aux communautés est d’essence morale ». Jean-Paul II dénoncera « les structures de péché » dévastatrices pour le bon fonctionnement des sociétés. Benoît XVI insiste sur l’éthique, c’est-à-dire sur les fondements de la morale (Caritas in Veritate).
La civilisation
La Doctrine sociale rappelle que c’est le Christ qui a inauguré « une nouvelle civilisation chrétienne » (Divini Redemptoris), que malheureusement la civilisation moderne a pris ses distances vis-à-vis de Dieu et que seule une nouvelle culture reposant dans le Christ peut être viable. La Doctrine sociale appelle de ses vœux « une civilisation de l’amour », « un amour miséricordieux », « une option préférentielle pour les pauvres », « le respect intégral de la personne humaine » et « un développement authentique, intégral et solidaire des nations et des peuples ».