On désigne sous le terme de « spiritisme » la croyance en la possibilité d’établir des contacts entre êtres humains et défunts, par le biais de personnes réputés « médiums », ou de supports matériels (tables tournantes, guérisons, oui/ja, etc.) mais la foi chrétienne enseigne qu'il s'agit soi de charlatanisme, soi de contact avec les forces du mal.
Bien que le mot apparaisse seulement en 1857 sous la plume du français Allan Kardec, chantre de ces pratiques érigées par lui en nouvelle « religion », le spiritisme est en réalité aussi ancien que l’humanité !
La croyance dans une relation entre vivants et morts date d’au moins 100.000 ans, époque où naissent les premiers rites funéraires connus, signes d’une conscience de la mort et expression symbolique d’une croyance en un « au-delà ».
Il est d’ailleurs facile d’en tracer la généalogie à travers l’histoire :
À la fin du XVIIIe siècle, le rationalisme inspiré par la philosophie des Lumières, opposée à l’Église catholique, favorise l’émergence du « magnétisme animal », doctrine répandue par l’autrichien Franz Anton Mesmer (1734-1815) et selon laquelle « fluides » et « énergie » circulant dans l’univers et entre les êtres permet d’établir des contacts avec les morts.
L’aspect contemporain du spiritisme voit le jour en 1847 aux États-Unis (État de New-York) lorsque deux adolescentes, les sœurs Fox, prétendent entendre des bruits insolites et des coups dans les murs dans la maison familiale, avant de se rétracter plus tard...
Depuis une trentaine d’années, les supports « médiumniques » ont évolué. Les guéridons ont laissé place aux appareils électroniques. Des images de défunts apparaîtraient sur les écrans des ordinateurs… (la fumeuse transcommunication instrumental). Hormis cette adaptation technologique, rien n’a changé depuis l’Antiquité !
La foi chrétienne confesse la liberté humaine dont elle fait une des plus hautes valeurs. La liberté est don de Dieu. Pour les Chrétiens, l’homme n’est pas une marionnette aux mains d’un « destin » flou et incontrôlable. L’être humain jouit de la capacité d’agir en conscience, d’orienter son existence selon sa foi, des principes éthiques… Son avenir n’est jamais « écrit » ou préétabli. L’avenir de l’homme n’est ni gravé dans le marbre ni connu des seules « entités » de l’au-delà. Le Christianisme rejette le déterminisme de la destinée.
Au contraire, le spiritisme, comme toutes croyances favorables aux « prédictions », explique que le destin de l’homme est arrêté avant même qu’il ne vienne au monde, point de vue réduisant sa marge de manœuvre à sa plus simple expression !
Les soi-disant « messages » de l’au-delà annonçant des événements futurs ne viennent pas d'un Dieu omniscient. Elles sont fondamentalement différentes des prophéties bibliques - interventions de Dieu transmises à l’humanité par des hommes de chair et de sang, choisis par Dieu mais non auto proclamés « initié » ou « spirite », et dont le but exclusif est de consolider la foi, les prédictions proviendraient de « sources » inconnues et totalement étrangères à la spiritualité. Elles sont de nature profane, circonscrites aux affaires temporelles.
Ce ne sont pas les défunts qui parlent aux vivants : ce sont soit les vivants qui s’adressent à eux-mêmes, soit les forces du mal qui manipulent les vivants.
Les « messages » du spiritisme ne sont jamais universels, susceptibles d’être reçus par l’humanité entière, mais, au contraire, toujours limités à des situations particulières (familiales, interpersonnelles, etc.). Au mieux, ils apportent un réconfort illusoire et passager ; au pire, ils perturbent le travail psychologique du deuil et cherchent à imposer artificiellement une croyance en une survie matérielle après la mort, sans lien avec la transcendance, sans rapport avec l’espérance de la résurrection.
En fait, ce monde et l’au-delà, prétendument distincts et éloignés, ne constitue dans le spiritisme qu’une même réalité : un espace d’échanges entre les hommes, certes organisé en plusieurs « niveaux » de réalité, mais finalement agencé à la manière d’un lieu physique. L’au-delà des spirites reste soumis à l’espace et au temps des hommes. Or, comme le souligne Mgr Jean Vernette, « le divin et l’invisible, même bien distingués, sont-ils taillés dans la même étoffe ? » (Les Mystères de l’occulte et de l’étrange, Presses de la Renaissance, 1998, p. 231). La foi chrétienne répond : non ! Dieu est le Tout-Autre. À la limite, le spiritisme est un panthéisme.
Deux options sont possible :
- Nombre de prétendus médiums sont souvent des charlatans revendiquant des « dons » personnels, charismatiques, initiatiques. Mais les messages qu’ils disent recevoir ressemblent la plupart du temps à des inventions ou des propos mensongers destinés à constituer une « clientèle », un cercle d’adeptes préalablement convaincus... C’est le degré zéro de la religiosité aboutissant à des dérives sectaires et à des manipulations mentales dangereuses ;
- Mais d’autres « spirites » sont de bonne foi et affirment recevoir de vrais messages, ce qui n'est parfois pas faux. Mais d’où proviennent-ils ? Sur ce point, les Chrétiens mettent en garde, dans la ligne de la tradition biblique depuis plus de 3.000 ans (Dt 18,10-11 ; Lv 19,31 ; etc.) : les messages spirites, parfois vraiment perçus, sont nuisibles sur les plans psychologique et spirituel car nous ignorons toujours leur provenance réelle. Qui parle en lieu et place des défunts ? Selon la Bible et l'Elise, ce ne sont pas des « êtres de lumière » mais des entités malfaisantes dont la réalité - invisible mais véridique - a toujours été confessée par la foi de l’Église.
En résumé, ces « messages » sont soit paroles humaines, soit discours diabolique coupant l’homme de son Créateur.
Le spiritisme, pourtant comparé à une religion par certains, et même à une nouvelle révélation censée compléter celle de Jésus, ignore totalement le diable.
Les spirites n’évoquent jamais le salut spirituel de l’homme, préférant décrire une forme de survie post mortem. Quid de l’origine et de la fin de l’humanité ? Quid de l’intériorité humaine ?
Plus encore, le spiritisme passe sous silence le problème de l’origine du mal et, dans cette optique, uniformise l’au-delà : selon eux, celui-ci est plus un lieu (quasi géographique, au sens où l’entendent tous les paganismes), qu’un état spirituel, et, qui plus est, un lieu peuplé d’êtres bienveillants ! L’idée des forces du mal et d’anges déchus, opposés à Dieu depuis l’origine, reste totalement étrangère au spiritisme qui n’admet que la survie après la mort d’êtres humains malveillants. D’où l’idée, naïve ou mensongère, que les messages des défunts seraient toujours bons et réels puisque, à priori, aucun démon n’interfère jamais.
La foi chrétienne confesse la vie en Dieu après la disparition physique, et c'est très logiquement la seule chose qui peut combler le coeur de l'homme. Il ne s’agit bien sûr pas d’une présence ou d’une errance selon les modalités terrestres, mais d’une union à Dieu par et dans le Christ Jésus. C’est la communion des saints, point du Credo, gage de l’éternité promise par l’Évangile. Or, le spiritisme méconnaît l’éternité - ni durée ni absence de durée -. Le cadre de vie des défunts qu’il propose est d’ordre exclusivement temporel, à l’image de ce que vit chaque jour l’humanité mais cela ne tient pas debout et si on y réfléchit 2 minutes, vivre ainsi sans fin serait un véritable enfer ...
Ensuite, les défunts du spiritisme sont censés être suffisants à eux-mêmes : ils tirent d’eux-mêmes leur propre principe d’existence. Or, la Bible dit expressément : « De tout être il [Dieu] est la Vie. » (Jn 1,4). Le spiritisme est un rejet de la Révélation et de l’Alliance entre Dieu et ce monde.
La notion de corps diverge complètement entre la philosophie ou le Christianisme et le spiritisme. Pour la Bible, chaque homme est unique, comme l’est son corps, signe visible de son identité, lieu de son rapport au monde au cours de son existence. Le corps a une grande importance dans le Christianisme puisque, depuis l’Incarnation et la Résurrection du Christ, toutes les dimensions de l’humanité - jusque dans sa dimension corporelle - sont appelées à la résurrection et à la vie éternelle.
Dans le spiritisme, l’être humain est un assemblage de trois structures : un principe spirituel, l’âme d’une certaine manière, mais une âme clivée de la personne, autonome du corps physique, faisant de l’homme un carrefour où se confrontent pur et impur, matériel et spirituel, comme dans les manichéismes (catharisme, zoroastréisme, et les multiples déclinaisons actuelles du New Age), version dégradée du platonisme.
Les courants dominants du spiritisme stipulent encore que l’âme n’est pas totalement séparée du corps : elle y serait même enchâssée grâce à une structure intermédiaire : le corps « astral », « énergétique » ou « éthérique », appelé « périsprit ». Après la mort, l’esprit (principe spirituel) se libérerait de sa gangue corporelle et connaîtrait un destin presque semblable pour tous : une errance préalable autour des vivants puis une « élévation » vers la « lumière » grâce à un apprentissage spirituel progressif. Un tel schéma, sans Créateur ni amour, sans pardon ni espérance d’éternité, ne correspond en rien au Christianisme.
Le spiritisme ne repose bien sûr sur aucune explication rigoureuse ni paradigme scientifique. Il se voudrait une religion fondée non exclusivement sur la croyance mais sur l’observation et l’expérimentation. On parle parfois des « preuves » de la survie dans l’au-delà, comme par exemple les "Expériences de mort imminente" qui sont en réalité exactement ce que décrit la foi chrétienne (cf. "Que penser des expériences de mort imminente ?" par Mgr Léonard, ancien Archevêque de Bruxelles) … En réalité, c’est un échafaudage de croyances éclectiques empruntées à différentes religions, sans que jamais nous n’y trouvions une référence claire et précise sur les systèmes de croyance auxquels spirites font référence…
Voici deux domaines d’emprunts, tous éloignés du Christianisme :
- l’énergie : voici une notion commune à nombre de traditions religieuses - asiatiques en particulier - mais aussi à d’autres croyances, comme la parapsychologie. L’emprunt lexical est habile : l’énergie n’est-elle pas une notion essentielle dans les théories scientifiques contemporaines (Relativité, mécanique quantique…) ? Elle donne au spiritisme un parfum de savoir.
En fait, l’énergie est une notion importante aussi bien dans le taoïsme chinois, dans le tantrisme indien, dans le chamanisme africain ou sibérien… Mais jamais le spiritisme ne cite l’origine de ses emprunts !
Le spiritisme croit distinguer une énergie fondamentale dans « l’aura » enveloppant le corps spirituel de l’homme. À première vue, nous pourrions voir dans cette remarque un fait quasi-naturel, presque expérimental, en tous cas sans lien effectif avec une croyance religieuse. Or, la Bible parle de « corps spirituel » (comme lors de l’épisode de la Transfiguration du Christ au Mont Thabor ou comme saint Paul décrivant sa rencontre avec le Ressuscité sur le chemin de Damas) mais dans le sens d’une union spirituelle à Dieu, d’une déification de toute l’humanité jusque dans sa dimension corporelle. Dans le spiritisme, nulle référence n’est jamais faite à un quelconque principe spirituel.
- un imbroglio parapsychologique : les expériences « hors-normes » vécus au cours de séances spirites (voyance, apparitions et déplacements d’objets, prémonitions, etc.) sont très largement empruntées à la parapsychologie, à la mode au début du XXème siècle, à une époque où le rationalisme croyait pouvoir tout expliquer, à commencer par les phénomènes mystiques. Ces emprunts à la parapsychologie sont habiles : celle-ci n’est-elle pas l’observation rigoureuse, selon des méthodes scientifiques approuvées, de faits rares de la vie mystique ?
À la différence de la vie mystique chrétienne, où se produisent maints phénomènes inexpliqués (visions, guérisons, stigmates, etc.), mais où jamais personne ne demande à Dieu de recevoir de telles grâces, les spirites évoquent défunts et « forces cachées » de l’univers pour obtenir des satisfactions diverses (évolution d’une maladie, destin post mortem d’un parent, résultat à un examen, dévoilement d’un avenir plus ou moins lointain, résultat d’une élection, etc.).
En cela, le spiritisme est très semblable au chamanisme, les « médiums » exerçant la même fonction que les chamanes par lesquels le monde des « esprits » se manifesterait ici-bas.
Il n’est pas moins proche de la magie et de la nécromancie dans le cadre desquelles un homme affirme entrer en contact, dialoguer et conjurer « esprits » et « énergies », grâce à des rituels (incantations, gestes, etc.). L’idéal païen : l’au-delà mis au service de l’homme.
Or, le Christ, et, à sa suite, toute la tradition chrétienne depuis plus de 2000 ans, rappelle qu’il existe une influence réelle des êtres de l’au-delà. Mais ces créatures - les anges - ne sont pas humaines, mais spirituelles. Leur domaine d’influence n’est pas celui de la vie courante, du quotidien. Anges bienheureux, ils sont les messagers de Dieu ; anges déchus, ils en sont les détracteurs. Mais dans un cas comme dans l’autre, ils interviennent dans le domaine exclusif de la foi.
Au contraire, les « esprits » du spiritisme errent dans une « zone » (quasi-géographique) située entre l’au-delà et le monde des vivants avec qui ils entretiennent des rapports de proximité, de voisinage, comme deux voisins ou deux parents ...
La foi chrétienne, fondée sur l’Alliance biblique et l’Évangile, est un dialogue entre Dieu et l’homme. Comme tout vrai dialogue, il est une dialectique d’amour. Dans le spiritisme, cet échange fécond est inexistant. Spirites et médiums s’adressent non au Créateur, tout autre que nous - au-delà du temps et de l’espace - mais également plus intimes à nous-mêmes que nous-mêmes, mais à « l’invisible », c’est-à-dire « l’inconnu », le « non chiffrable », « l’irréel »... Or, Dieu n’est circonscrit ni à cet « invisible » ni à « l’au-delà ». La « face cachée » du réel est un postulat gratuit improuvable et subjectif, répartissant l’univers en deux « espaces » différents : le visible et l’invisible. Or, l’invisible ne recoupe en rien le « surnaturel », le monde divin, vers qui tendent l’espérance des croyants.
Vouloir démontrer l’existence d’un tel schéma grâce à un ensemble de pratiques initiatiques (séances « médiumniques », médiums à « incorporation », écriture « automatique », etc.) est une très grave erreur épistémologique commise sciemment par le spiritisme.
L’exemple des manifestations de « défunts » illustre ce propos. Dans la Bible, des morts reviennent à la vie, apparaissent aux yeux des vivants, comme, en premier lieu, Jésus lui-même, apparu aux siens après sa Résurrection ou évidemment Lazare que le Christ ressuscite publiquement.
Mais, en aucun cas, ses manifestations ne proviennent d’une demande humaine : c’est Dieu qui guérit, ressuscite et choisit de parler et de se montrer à qui il veut. La part de la volonté humaine dans ces faits est inexistante.
Au contraire, les faits « médiumniques » - outre les innombrables supercheries référencées depuis le XIXème siècle - seraient le résultat de rituels (magiques, au sens de faits non liés par une cause déterministe) visant à soumettre le monde invisible aux désirs des hommes en s'appuyant sur des esprits mauvais. Pour la psychiatrie notamment, ils se réduiraient à des troubles mentaux tels que les dédoublements de personnalité, mais en réalité, ils se mettent au contact de forces ténébreuses qui prennent eptit à petit emprise sur eux.
C'est pourquoi il y a grand danger pour toutes les personnes qui s'approchent du spiritisme, comme tous les prêtres exorcistes le savent bien !
En résumé, la démarche spirite est fausse et dangereuse : elle n'a aucune des solides et innombrables raisons de croire qui conduisent à reconnaître la vérité de la foi chrétienne et elle ne permet pas de rencontrer personnellement Jésus-Christ, le seul Sauveur du monde (cf. Jn 14,6 ; Ac 4,12).
Indications bibliographiques