« La civilisation chinoise est marquée en profondeur par le taoïsme de L?oz? ou Lao-Tseu (VIe siècle av. J.C). Selon Lao-Tseu, la Voie ou Dào est le principe primordial, immanent à tout l'univers. C'est un principe insaisissable de changement permanent sous l'action de deux pôles contraires et complémentaires, le y?n et le yáng.
Il revient à l'homme d'épouser ce processus naturel de transformation, de se laisser aller au flux du temps, grâce à l'attitude de non agir (wú-wéi).
La recherche de l'harmonie avec la nature, indissociablement matérielle et spirituelle, est donc au cœur de l'éthique taoïste. » (1)
Eléments pour un dialogue :
1) Le dialogue est rendu difficile quand le taoïsme est coupé de son enracinement dans la sagesse orientale, puis poussé à l'extrême. Alors le laisser aller au flux du temps conduit à croire que le divin n'a rien d'incorruptible et ne diffère pas de ce qui sans cesse change et se transforme. Cela conduit à croire que le divin est aussi impliqué dans le mal, que le vice et la vertu ne sont rien (ce qui est contraire à toute sage réflexion, ou, pire, ce qui conduit au péché contre l'Esprit Saint).
2) Il est vrai que la recherche d'harmonie avec la nature ouvre à l'homme la connaissance du Logos créateur, car la raison créatrice n'est pas uniquement inscrite dans la raison humaine mais aussi dans l'ordre de la nature. Ainsi, par l'harmonie avec la nature, l'homme peut cheminer vers le Logos et se préparer à le reconnaître dans son Incarnation en Jésus.
De plus, le christianisme fait comprendre la loi naturelle "dans le cadre d'une histoire du salut qui amène à distinguer différents états de la nature (nature originelle, nature déchue, nature restaurée) dans lesquels la loi naturelle se réalise différemment"(2).
Autrement dit, avant que la nature puisse nous conduire à Dieu, l'ascèse et la grâce nous sont nécessaires pour rétablir l'équilibre en soi. C'est l'homme vertueux qui perçoit la lumière divine dans la lumière créée... Jésus, en qui rien n'est faussé puisqu'il est, comme la Vierge Marie, préservé du péché originel, a une sensibilité qui peut jouer en pleine liberté sans être aucunement obstacle à Dieu. C'est pourquoi loin d'avoir été moins humain, il a pu être plus humain que nous, et il l'a été vraiment.
(1) COMMISSION THEOLOGIQUE INTERNATIONALE, A la recherche d'une éthique universelle : Nouveau regard sur la loi naturelle, 20 mai 2009, §15
(2) Ibid., § 26
Synthèse Françoise Breynaert