Marie et les Rastafaris

Marie et les Rastafaris

Nous montrons la continuité des valeurs puis quelques précisions qui évitent le syncrétisme.

La Jamaïque dans l'histoire des Rastas.

La Jamaïque était un des principaux marchés aux esclaves du nouveau monde. Les tambours et les langues africaines étaient interdits, comme tout ce qui pouvait inciter à l'unité et à la révolte des prisonniers. Les seules musiques autorisées étaient d'origine française, espagnole, britannique et irlandaise... En 1655, les Britanniques dépossédèrent les Espagnols de la Jamaïque qui y laissèrent leurs esclaves. Ceux-ci furent appelés "Marroons".

Aujourd'hui, les Rastas font mémoire de cette histoire tragique et font revivre les rythmes de leur culture africaine, notamment avec la musique du Reggae : (reggae, abréviation de l'argot jamaïcain streggae, "femme ayant plusieurs amants").

Les interventions de la Vierge Marie montrent qu'elle veut que les esclaves soient libérés et considérés avec respect. Nous avons dédié un chapitre entier à ce thème, pour y donner des témoignages vivants.

Lire le chapitre sur Marie et l'esclavage. (Cliquez)

Les interventions de la Vierge Marie montrent aussi son respect pour les cultures ancestrales, la Vierge Marie sait parler le langage de ces cultures et le valoriser.

Lire le chapitre sur Marie et le langage des cultures ancestrales. (Cliquez)

L'importance de l'Ethiopie pour les Rastas.

Les rastafarisme veut montrer que l'Afrique a une histoire et une longue histoire. Il veut montrer les racines africaines du judéo-christianisme.

Le Kebra Nagast ("Gloire Des Rois") est un livre de littérature éthiopienne, qui nous apprend que l'héritier de Salomon et de la reine de Saba (née à Axum, en Ethiopie) est le prince Ménélik. Salomon aurait confié à Ménélik une réplique de l'arche contenant les fameuses tables de la loi pour qu'il l'emporte avec lui. Et ce dernier aurait échangé la réplique contre la vraie au dernier moment. Et ce bien sûr à l'insu des prêtres restés à Jérusalem.

En arrivant en Ethiopie, Menelik fait du Dieu des Hébreux le Dieu officiel de l'Ethiopie : Saba. Il hébraïse le nord de l'Abyssinie entre 950 et 900 avant JC.

L'Ethiopie représente ensuite toute l'Afrique.

Le rastafarisme interprète ensuite la Bible de façon afro-centriste.

Il y a un demi-siècle, Haile Selassie offrait une terre à la diaspora afro-américaine souhaitant revenir en Afrique, afin de la remercier de son aide dans son effort de guerre contre les Italiens entre 1935 et 41. Son appel a été principalement entendu par les Jamaïcains, qui y ont fondé une communauté mythique pour les rastas du monde entier.

Marie et l'Ethiopie.

Les chrétiens d'Ethiopie honorent la naissance de la reine de Saba à Axum.

Et Edda Maryam (demeure de Marie), est la première église consacrée par saint Frumence († 380).

De plus, selon la tradition des chrétiens coptes d'Ethiopie, Jésus et Marie auraient conclu un pacte : « Ce pacte de miséricorde est le nom de Notre Dame, la et vierge Marie Mère de Dieu. [...] en entendant le nom de la Vierge écrit en couleur de pacte sur le front des pécheurs, il abandonne avec clémence la salle du jugement et il laisse la sentence. »[1]

Lire plus sur Marie et les coptes d'Ethiopie. (Cliquez)

La foi ne détruit pas le patriotisme, cependant, Marie étant devenue la terre bénie qui donne le sauveur, il n'y a plus de terre particulière qui doive être investie religieusement.

Lire plus sur Marie terre bénie. (Cliquez)

Les mèches de cheveux non coiffés (Locks, dreadlocks).

Dans la Bible, celui qui émet un vœu devenait nazîr et ne se coupe pas les cheveux jusqu'à ce que son vœu soit accompli (Nb 6, 1-21) Paul a vécu cela (Ac 18, 18). En poussant, les cheveux crépus s'emmêlent et forment naturellement des mèches ("locks"), des nœuds ("knot"), des nattes qui "font peur" ("dread" = épouvante), les "dreadlocks" caractéristiques.

Notons cependant que dans la Bible, il s'agit d'un état momentané, et qu'il n'est pas dit que les cheveux longs n'étaient pas peignés.

Au-delà de ces justifications bibliques, il s'agit chez les Rastafaris d'une influence des sages et ascètes hindoux, nombreux dans la région des Caraïbe au début du XX° siècle.

Le syncrétisme religieux.

En Jamaïque, la religion venue des Etats-Unis à travers des églises baptistes qui se sont implantées autour du milieu du XIXe siècle, ainsi le "Great Revival" a rapidement intériorisé les formes de religions d'origine africaine et est ainsi devenu un culte syncrétique.

L'Ethiopie est considérée comme la terre promise et donc lieu de rapatriement de tous les rastafaris.

Haïlé Sélassié, empereur d'Éthiopie de 1930 à 1974, est considéré par beaucoup de rastas comme étant "le dirigeant légal de la terre" (The Earth Rightfull Ruler) et de surcroît le Messie, en raison de ses ancêtres qui remonteraient jusqu'au roi Salomon, quand ce n'est pas l'incarnation de Dieu...

Le rastafarisme a aussi des origines hindoues.

En effet, à la fin du XIX° siècle et au début du XX° siècle, plus d'un demi-million d'Indiens arrivèrent aux Caraïbes. Les travaux d'Ajai et Laxmi Mansingh (UWI, Mona, Jamaïque), relayés par ceux d'Hélène Lee, ont mis au jour la proximité symbolique et rituelle du rastafarisme et de l'hindouisme.

- La consommation de « Ganja » (Cannabis sativa), terme hindi désignant une plante importée dans l'île par des immigrants hindous qui en faisaient une consommation rituelle (une sorte de sacrement qui fusionne avec le divin).

- Comme la foi hindoue, la foi rastafari fait une certaine place à la réincarnation, au moins en ce qui concerne Haïlé Sélassié, incarnant pour les rastas le Messie biblique (quand ce n'est Dieu lui-même). *

- Enfin, les dreadlocks sont, par-delà les justifications tirées de la Bible, un des emprunts hindous les plus évidents.

Quelques précisions sur Marie face au syncrétisme du rastafarisme.

L'influence Hindoue sur le rastafarisme appelle une première remarque. Le Nouveau Testament affirment qu'il n'y a pas de réincarnation :

"Les hommes ne meurent qu'une fois, après quoi il y a un jugement."

(He 9, 27)

En présence de la Vierge Marie, le discours rasta sur Haïlé Sélassié appelle certaines remarques... En effet, les Juifs ne divinisent pas leurs rois, au contraire, la Bible raconte les péchés de David et de Salomon. Marie est la mère du roi Messie qui est aussi le Fils de Dieu, mais la royauté de Jésus n'est pas « de ce monde », c'est-à-dire qu'il y a une influence du christianisme sur la vie civique, mais il y a aussi une autonomie de la vie civique.

Lire plus sur Marie et les identités nationales. (Cliquez)

Marie est la mère du Christ ressuscité, et elle-même est montée aux cieux (fête de l'Assomption), la Résurrection n'est pas une réincarnation, la vie n'est pas limitée à ce monde terrestre visible ; chaque homme qui naît est unique.

Lire plus sur l'Assomption. (Cliquez)

Marie ne se confond pas avec « Queen Omega », la mère de la création, symbolisée par la lune de la religion rasta. Marie est présente dans le projet de Dieu créateur dès l'origine puisque Dieu a créé le monde pour l'unir à sa vie divine moyennant l'incarnation. Cependant, Marie elle est une créature et le monde n'est pas fusionnel avec son Créateur, il est en relation d'Alliance.

Lire ce qui concerne Marie est le dessein créateur. (Cliquez)

Les sacrements chrétiens sont vécus dans une

="Dieu crée le monde par sa parole : la créature est une réponse, la ..." class="definition_texte">Alliance qui n'engloutissent jamais la personnalité dans une fusion. Rien à voir avec la consommation rituelle d'un spliff ou d'un joint.

Lire plus sur Marie et l'Eucharistie. (Cliquez)

L'importance de l'Afrique pour Marie.

Si le mouvement rastafaris mérite notre attention, c'est qu'il souligne que l'Afrique est importante.

Une chose est aussi méconnue, c'est l'importance de l'Afrique pour Marie, Mère de Dieu.

Beaucoup de pères de l'Eglise sont africains : saint Augustin, saint Athanase d'Alexandrie, etc.

La liturgie copte est africaine.

L'Afrique a de nombreux sanctuaires marials et a récemment reconnu une apparition, à Kibého (Rwanda 1982).


[1] G. Gharib, "Oriente cristiano", Nuovo dizionario di Mariologia, edizione Paoline, Milano 1986, p. 935

Autres sources :

[Lien perdu]

http://lpdw.free.fr/jamaique/jah.htm

https://www.montraykreyol.org

Synthèse F. Breynaert