S’unir au Rédempteur par toute notre vie

S’unir au Rédempteur par toute notre vie

La Rédemption est liée à la Passion du Seigneur, mais pas uniquement.

« Toute la vie du Christ est Mystère de Rédemption. La Rédemption nous vient avant tout par le sang de la Croix, mais ce mystère est à l'œuvre dans toute la vie du Christ. » (CEC 517)

En parlant de la Rédemption, veillons à ne pas rendre inutile le reste de l'Evangile, veillons à ne pas donner aux croyants un sens à leur mort sans donner aussi un sens à toute leur existence.

« La Rédemption est à l'œuvre dans toute la vie du Christ:

dans son Incarnation déjà, par laquelle, en se faisant pauvre, il nous enrichit par sa pauvreté (cf. 2Co 8,9);

dans sa vie cachée qui, par sa soumission (cf. Lc 2,51), répare notre insoumission;

dans sa parole qui purifie ses auditeurs (cf. Jn 15,3);

dans ses guérisons et ses exorcismes, par lesquels "il a pris nos infirmités et s'est chargé de nos maladies" (Mt 8,17 cf. Is 53,4). » (CEC 517)

S'unir au Rédempteur qui s'incarne, c'est accueillir une vie plus vivante que la nôtre, une vie qui nous unit à Dieu.

S'unir au Rédempteur dans sa vie cachée et dans son ministère public, c'est devenir disciple du Christ.

Jésus, le Fils de l'homme, notre Rédempteur.

Suivons l'explication de Benoît XVI :

« L'idée de fonction vicaire est diffuse dans toute l'histoire des religions. En de multiples manières, on s'efforce de détourner du roi, du peuple, de sa propre vie, la menace du malheur, en le transférant sur des substituts. Le mal doit être expié, et ainsi doit être rétablie la justice. Mais on fait tomber sur d'autres la punition, le malheur inéluctable et l'on cherche ainsi à se libérer.

Pourtant, cette substitution, par le biais de sacrifices d'animaux ou même humains reste en dernière analyse sans consistance. Ce qui est alors offert en représentation n'est qu'un succédané de ce qui est proprement personnel et ne peut en aucun cas prendre la place de ce qui doit être sauvé de cette manière. [...]

L'histoire tout entière est à la recherche de celui qui véritablement peut intervenir à notre place ; Celui qui véritablement est capable de nous prendre en lui et de nous conduire vers le salut.

Dans l'Ancien Testament, l'idée de la fonction vicaire apparaît de façon tout à fait centrale quand Moïse, après l'idolâtrie du peuple, dit au Dieu en courroux:

« Pourtant, s'il te plaisait de pardonner leur péché... Sinon, efface-moi, de grâce, du livre que tu as écrit!" » (Exode 32, 32). Il est vrai qu'il reçoit cette réponse « Celui qui a péché contre moi, c'est lui que j'effacerai de mon livre. » (Exode 32, 33), mais d'une certaine manière Moïse devient le substitut qui porte sur lui et qui, par son intercession, change le destin du peuple. [...]

Cette idée de la fonction vicaire apparaît pleinement développée en Isaïe 53 avec l'image du Serviteur souffrant qui prend sur lui la faute des multitudes les rendant ainsi justes (cf. Is 53, 11).»[1]

Quand Jésus dit qu'il est venu pour servir, il assume la figure du Serviteur, et du Serviteur souffrant.

« C'est ainsi que le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude. » (Mt 20, 28)

En utilisant le titre « Fils de l'homme », Jésus s'unit à tout homme et affirme qu'il veut nous prendre en lui, car l'expression « Fils de l'homme » a un sens collectif, c'est le royaume (Dn 7).

« Le Fils de l'homme doit beaucoup souffrir, être rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, être tué et, après trois jours, ressusciter.» (Mc 8, 31)

Le Fils de l'homme « n'est pas simplement un, mais de nous tous avec lui-même il ne fait "plus qu'un" (Ga 3, 28) : il nous transforme en une humanité nouvelle. »[2]

Ainsi, en utilisant le titre "Fils de l'homme", Jésus appelle notre incorporation, notre participation à la Rédemption.

L'orientation du saint désir

Participer à l'œuvre du salut, c'est ce qu'il y a de plus beau, de plus utile, tout chrétien le désire. Mais si ce désir doit être réduit à un désir de la souffrance, la souffrance elle-même n'est-elle pas dénaturée ?

La souffrance spirituelle vient de l'amour qui rencontre une opposition. L'amour chrétien se définit par son orientation vers la vie incorruptible.

Or, la souffrance, même si elle est le lieu de la glorification (l'heure de la passion est pour Jésus l'heure de sa gloire), demeure une souffrance, créée, liée au monde créé : passagère, elle n'est pas éternelle. Si l'amour, c'est-à-dire le désir, s'oriente vers la souffrance, ce n'est plus un amour au sens chrétien, c'est un désir malade ou pécheur.

Les saints disent aimer la souffrance dans un raccourci de langage : ils aiment le royaume de Dieu et la vie et immaculée, ils aiment la vérité, le bien, la justice, la création de Dieu. Et cet amour les rend forts et capables de supporter la souffrance. Ils sont capables de souffrir pour le royaume.

Marie

La tradition liturgique a voulu associer Marie au jour du samedi, elle est alors la médiatrice entre le vendredi jour de la triste souffrance, au dimanche, jour de la joie de la résurrection. Autrement dit Marie est celle qui oriente le désir vers la vie.

Saint Louis-Marie de Montfort, l'auteur de la Lettre aux amis de la Croix, est aussi celui qui dans le Secret de Marie compare Marie à un arbre de vie, avec ses racines, son élévation vers la lumière, et son fruit de vie, savoureux, véritable béatitude, aujourd'hui et dans l'éternité.

Marie est immaculée, aucun péché ne la retarde dans son union à Dieu, c'est pourquoi sa souffrance est associée à celle du Fils de l'homme d'une manière parfaite, éminente.


CEC : Catéchisme de l'Eglise catholique.

[1] JOSEPH RATZINGER, BENOIT XVI, Jésus de Nazareth. De l'entrée à Jérusalem à la Résurrection. Parole et Silence, Paris 2011, p. 200-201.

[2] JOSEPH RATZINGER, BENOIT XVI, Jésus de Nazareth, Flammarion, Paris 2007, p. 362-363.


Françoise Breynaert