La coopération de Marie au plan de Dieu (Nicolas Cabasilas)

Marie et le plan de Dieu (Nicolas Cabasilas)

Grand théologien de l'Eglise d'Orient, Nicolas Cabasilas explique la coopération de Marie au dessein de Dieu, à son plan grandiose, créateur et rédempteur.

Nicolas Cabasilas distingue deux plans dans la pensée de Dieu : celui de la création et celui de la rédemption. Lorsque Dieu crée, il a une finalité ; il œuvre avec sagesse, toute-puissance et justice.

Dans le plan de la Création, Dieu a créé l’univers et le cosmos par amour

Dieu a créé l’univers et le cosmos par amour et pour l’inviter à participer à sa vie divine : quand serait atteinte la plénitude des temps, Dieu s’incarnerait, entrant non seulement dans l’histoire mais encore dans le cosmos, il assumerait la vie de l’homme qui est un microcosmos, rassemblant les qualités des êtres inférieurs dans son corps et les perfections des anges dans son esprit, et par l’homme, Dieu assumerait toute la création dans la vie divine.

Dieu n’a pas créé l’humanité parfaite au point de ne plus avoir à grandir pour atteindre sa plénitude, il lui a donné le libre arbitre, et l’humanité doit progresser librement, en exerçant la vertu, dans une lutte directe contre les passions et le mal, lutte pour laquelle Dieu lui a donné les indications de sa loi divine et toutes les capacités requises.

A la fin, l’humanité pourrait ainsi mériter l’immutabilité dans le bien et l’incorruptibilité, et le projet du créateur pourrait alors être accompli par la coopération de l’humanité. En outre, avant les noces définitives, Dieu demanderait encore à l’humanité son consentement (il ne s’agit pas de l’humanité en général, mais de chaque personne humaine en particulier).

Quand vint la plénitude des temps, Dieu envoya son Fils unique, né d’une femme…

En Marie, le projet créateur a réussi.

Après l'infidélité de l'homme, Dieu ajoute un second plan, celui de la Rédemption

Mais tous les autres hommes, depuis les premiers, ont abandonné la route du bien, ils ont déformé leur nature humaine, au point que la nature humaine créée bonne semble maintenant mauvaise ; ils se sont rendus incapables de demeurer fidèles au projet créateur ; le ciel leur est fermé.

Dans ce contexte, Dieu ajoute à son premier plan, un second plan, celui de la rédemption.

Dieu veut sauver le corps de l’humanité qui n’est plus qu’une plaie, mais il veut le faire encore par la coopération humaine. L’Incarnation n’aura plus seulement le sens d’un accomplissement de la création, elle aura en plus le sens d’une miséricorde. Elle sera toujours une noce, mais elle sera accompagnée de souffrance, les noces seront scellées sur la croix.

C’est alors que le cheminement de Marie vers sa plénitude apparaît encore plus extraordinaire, car elle avait de mauvais exemples, elle a cheminé seule, elle ouvre la voie, elle ouvre le ciel.

Le fruit excellent des efforts de la Vierge Marie ennoblit toute la race humaine. Ses vertus et l’offrande qu’elle fait d’elle même constituent un barrage au déluge du mal. C’est par elle que Dieu nous donne les dons de sa miséricorde.

« Elle ne nous a pas reformés, mais elle a porté avec elle quelque chose avec quoi nous sommes reformés. »

A travers les yeux de Marie et par sa lumière, les hommes devenus aveugles voient la Lumière divine.

Par elle donc, tandis que sur terre vient le Seigneur, les hommes sont reformés et introduits de nouveau au ciel, et tout le cosmos est libéré.


Pour une vue générale de la théologie de Cabasilas :

Yannis STIPERIS, Cabasilas : teologo e mistico bizantino. Lipa Roma 1996.

Pour une étude de sa mariologie : E.M. TONIOLO, La mariologia di Nicola Cabasila. Roma.1955.

P. NELLAS, Essai sur la Mère de Dieu et l’humanisme théocentrique, in Le messager orthodoxe, n° 51 (1970), p. 4-14.

C.N. TSIRPANLIS, The Mariology of Nicholas Cabasilas, in Marian Studies, 30 (1979), p. 89-107.

G. LIMOURIS, Les homélies mariales de Nicolas Cabasilas, monument liturgique et théologique, dans La mère de Jésus-Christ et la communion des saints dans la liturgie, conférences saint-Serge, 32e semaine d’Etude liturgiques, Paris 25-28 juin 1985, Rome 1986, p. 149-171.

H. M. KÖSTER, Die Mariologie des Nicolaus Kabasilas, in Virgo Liber Verbi, edizioni Marianum 1991, p. 269-280


Françoise Breynaert

en remerciant les cours du père E.Toniolo,

à la Ponticifia facolta Marianum à Rome