Le dogme de la conception virginale est en lien avec les autres dogmes mariaux, ainsi qu'avec le reste de la doctrine chrétienne (qui n'est pas chaque fois formulée comme un dogme défini).
La Virginité de Marie est directement liée au dogme de sa maternité divine (et donc aussi au dogme de Dieu Trinité et au dogme de Dieu créateur) :
« Le récit de l'Annonciation met en relief l'état de "Fils de Dieu", conséquence de l'intervention divine lors de la conception : "L'Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c'est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu" (Lc 1, 35). Celui qui naît de Marie est déjà, en vertu de l'engendrement éternel, Fils de Dieu : son engendrement virginal, réalisé par l'intervention du Très-Haut, manifeste que, dans son humanité aussi, il est le Fils de Dieu. »[1]
La Virginité de Marie est liée au dogme de l'Immaculée conception :
« "Pleine de grâce" (Lc 1, 28), Marie fut enrichie d'une perfection de sainteté qui, selon l'interprétation de l'Église, remonte au premier moment de son existence: le privilège unique de l'Immaculée Conception a exercé une influence sur tout le développement de la vie spirituelle de la jeune femme de Nazareth. On doit donc penser que ce qui conduisit Marie vers l'idéal de la virginité, fut une inspiration exceptionnelle de ce même Esprit Saint qui, au cours de l'histoire de l'Église, poussera tant de femmes sur la voie de la consécration virginale. » [2]
La Virginité de Marie est aussi liée au dogme de l'Assomption :
Un père de l'Eglise, saint Jean Damascène écrivait :
« Il fallait que celle qui dans l'enfantement avait gardé intacte sa virginité, conservât son corps sans corruption, même après sa mort. »[3] Cette phrase a été reprise par Pie XII dans la proclamation du dogme de l'Assomption[4].
J'ose faire un lien avec le dogme trinitaire.
Ici, je ne cite pas un texte particulier, mais j'ouvre une piste de méditation.
La Virginité de Marie est une pauvreté qui fait ressembler Marie aux hypostases divines. Les personnes divines ne sont pas des personnes comme nous, qui sommes des « individus ». Les personnes divines ont toutes les trois une même action, une même volonté, un même amour, c'est pourquoi on les appelle des hypostases (une hypostase est support si pauvre que l'on ne distingue les personnes divines que par leurs relations : Père, Fils, Esprit Saint) C'est pourquoi la Virginité de Marie est toujours rattachée à ses qualités de cœur et d'amour.
Concernant la doctrine de la coopération de Marie à la Rédemption,
- la virginité de Marie est le signe que l'homme par lui-même est incapable de donner naissance à sa propre délivrance et à son propre Sauveur.
- Parce qu'elle a été vécue comme une fidélité de l'Immaculée à l'Esprit Saint, la virginité de Marie est aussi une coopération active capable de nous « virginiser », c'est-à-dire de nous emporter dans son rayonnement vers la vie trinitaire.
En particulier, Marie qui a coopéré à l'Esprit Saint au moment de l'Annonciation, coopère aussi avec l'Eglise pour la formation des chrétiens : Marie est la « Vierge » qui coopère à l'Esprit d'Amour :
« Le mystère de l'Incarnation met aussi en lumière l'incomparable grandeur de la maternité virginale de Marie : la conception de Jésus est le fruit de sa généreuse coopération à l'action de l'Esprit d'Amour, source de toute fécondité. »[5]
La virginité physique de Marie est aussi une virginité spirituelle, qui est liée à la maternité spirituelle de Marie :
« En concevant le Christ, en le mettant au monde, en le nourrissant, en le présentant dans le Temple à son Père, en souffrant avec son Fils qui mourrait sur la croix, elle apporta à l'œuvre du Sauveur une coopération absolument sans pareille par son obéissance, sa foi, son espérance, son ardente charité, pour que soit rendue aux âmes la vie surnaturelle. C'est pourquoi elle est devenue pour nous, dans l'Ordre de la grâce, notre Mère. » (Vatican II, LG 61)
[1] Jean Paul II, Audience générale du 31 juillet 1996
[2] Jean Paul II, Audience générale du 24 juillet 1996
[3] Saint Jean Damascène, Homilia in Dormitionem II,14, PG 96,741 B ou homélie sur la nativité et l'Assomption, Source chrétienne n° 80, Paris, Cerf, 1961, p. 159
[4] Pie XII dans la Bulle Munificentissimus (AAS, t.42, 1950, p. 761)
[5] Jean Paul II, Audience générale du 31 juillet 1996