Ce titre est moins habituel que notre Mère, et pourtant, elle est aussi notre Sœur avec tout ce que cela implique.
Au moment de l’Annonciation, qui est vraiment au cœur de l’histoire mariale, Marie de Nazareth n’a pas plus de 15 ans. Bernadette parlait d'ailleurs d’une "petite Dame".
Tous les âges sont convoqués pour chanter Marie, mais en l’appelant notre Sœur, on établit une proximité différente de celle que suggère une mère, ce qu’elle est aussi.
Pour Jésus, la nouvelle Eve est comme l’amie idéale, la Sœur, l’Epouse non épousée du Cantique. Toutes les affections humaines sont mobilisées pour refléter l’amour unique auquel Dieu, qui est Amour, nous appelle. Marie, notre Sœur, se fait comme notre égale. Elle est ce que l’humanité féminine, prise en tant que telle, a de plus parfaite, la Femme par excellence.
Le Christ, Dieu et Homme est sorti de Marie, qu’Il a d’abord créée
L’Esprit Saint qui procède du Fils est aussi Celui dont le Fils procède dans son humanité par Marie. On voit que le dessein mystérieux de Dieu ne cesse de nous présenter, dans la foi, des visages différents qui forment l’unité ineffable que nous sommes appelés à contempler demain.
Aujourd’hui, le miroir est comme morcelé, nous voyons tantôt un aspect tantôt un autre et notre amour peut varier son regard pour tenter de mieux correspondre à la plénitude inaccessible. Pensons à Joseph, le plus proche, après Marie, du mystère de l’Incarnation. Marie est son Epouse, mais il la considère comme sa Sœur. C’est Joseph qui peut le mieux nous faire comprendre, comment vivre avec la Mère de Jésus, comme Sœur.
La vie cachée de Jésus, qui dure si longtemps : dix fois plus que la vie publique, correspond au moment ordinaire de toute vie humaine. C’est dans cette vie enfouie où rien de spécial ne semble se passer que l’essentiel se prépare et souvent se déroule exclusivement chez la majorité d’entre nous. Pour que la vie spirituelle se déroule jusqu’à la maturité de l’homme parfait dont parle St Paul, il faut que Marie qui nous enfante, soit aussi celle qui converse comme un ami parle à son ami, et cette amitié trouve dans Marie, comme Sœur, un visage accordé à une certaine égalité qu’exige l’amour pour parvenir à l’union, puis à l’unité.
C’est incompréhensible ici-bas, mais Jésus l’annonce dans les paroles mystérieuses de la prière du Jeudi saint :
"pour qu’ils soient un comme nous sommes un Moi en eux et Toi en Moi, afin qu’ils soient parfaits dans l’unité."
Le texte original dit afin que tous, unité (en) soit. La dévotion mariale doit peut-être prendre ces différentes expressions pour grandir et se renouveler face aux routines qui menacent les meilleures volontés et finissent par masquer l’éternelle nouveauté de la vie en Dieu. Marie, notre Mère et notre Sœur, est la médiatrice par excellence qui nous conduit à Dieu.
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Père Patrick de Laubier