« Puis il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. 51 Et il advint, comme il les bénissait, qu'il se sépara d'eux et fut emporté au ciel. 52 Pour eux, s'étant prosternés devant lui, ils retournèrent à Jérusalem en grande joie, 53 et ils étaient constamment dans le Temple à louer Dieu. » (Luc 24, 50-53)
Cette conclusion nous surprend. Luc nous dit que les disciples étaient pleins de joie après que le Seigneur s'était définitivement séparé d'eux.
Nous nous attendrions au contraire. [...] Tout adieu laisse derrière lui une souffrance. Et même si Jésus était parti comme une personne vivante, comme pouvait-il ne pas les rendre tristes de son congé définitif ?
Et pourtant on lit qu'ils retournèrent à Jérusalem dans une grande joie et qu'ils louaient Dieu. Comment pouvons-nous comprendre cela ?
Ce qu'en tout cas on peut en déduire c'est que les disciples ne se sentent pas abandonnés ; ils ne retiennent pas que Jésus se soit comme évanoui dans un ciel inaccessible et loin d'eux.
Evidemment, ils sont certains d'une présence nouvelle de Jésus. Justement, ils sont sûrs que le Ressuscité (comme, selon Matthieu, il l'avait dit aussi) est maintenant présent au milieu d'eux d'une manière nouvelle et puissante.
Ils savent que la « droite de Dieu », où il est maintenant « élevé », implique un nouveau mode de sa présence, qu'on ne plus perdre - le mode par lequel seul Dieu peut nous être proche.
La joie des disciples après l' « ascension » corrige l'image de l'événement.
L' « ascension » n'est pas un départ dans une région lointaine du cosmos, mais elle est la proximité permanente dont les disciples font si fortement l'expérience qu'ils en tirent une joie durable. [...]
Il y a dans l'Evangile un petit récit très beau (cf.Mc 6, 45-52) où Jésus anticipe durant sa vie terrestre ce mode de proximité, et le rend ainsi plus facilement compréhensible pour nous.
Après la multiplication des pains, le Seigneur ordonne aux disciples de monter sur la barque et de le précéder sur l'autre rive, vers Bethsaïde, pendant que lui-même renverra la foule. Ensuite, il se retire « sur la montagne » pour prier. Les disciples sont donc seuls sur la barque. Il y a un vent contraire, la mer est agitée. Ils sont menacés par la violence des vagues et de la tempête. Le Seigneur semble être loin, en prière sur la montagne. Mais puisqu'il est auprès du Père, il les voit. Et puisqu'il les voit, il vient à eux en marchant sur la mer, il monte sur la barque avec eux et rend possible la traversée jusqu'au bout.
C'est une image du temps de l'Eglise - qui nous est donc aussi destinée.
Le Seigneur est « sur la montagne » du Père.
Par conséquent il nous voit.
Par conséquent il peut à tout moment monter sur la barque de notre vie. [...]
Souvent on a l'impression qu'elle va sombrer.
Mais le Seigneur est présent et vient au moment opportun.
Extraits de : l’un des fils de Jacob. Dans le Nou..." class="definition_texte">Joseph Ratzinger, Benoît XVI,
Jésus de Nazareth. De l'entrée à Jérusalem à la Résurrection.
Parole et Silence, Paris 2011, p. 317-322