Le concile indique explicitement trois manifestations de l’association de Marie à la vie publique de son Fils :
Dès de début - Cana
« Dès le début, quand aux noces de Cana en Galilée, touchée de pitié, elle obtint par son intercession que Jésus le Messie inaugurât ses miracles (cf. Jn 2,1-11). » (LG 58)
Le concile décrit la sollicitude de Marie et sa puissance d’intercession. Il souligne que Marie est présente au premier des signes de Jésus, le signe qui inaugure tous les autres signes qui révèlent en Jésus le Fils de Dieu (repris par Jean Paul II, Redemptoris Mater § 21).
Au cours de la prédication de Jésus
« Au cours de la prédication de Jésus, elle accueillit les paroles par lesquelles le Fils, mettant le Royaume au-delà des considérations et des liens de la chair et du sang, proclamait bienheureux ceux qui écoutent et observent la parole de Dieu (cf. Mc 3,35 par. et Lc 11,27-28 ), comme elle le faisait fidèlement elle-même (cf. Lc 2,19; Lc 2,51). Ainsi la bienheureuse Vierge avança dans son pèlerinage de foi, gardant fidèlement l’union avec son Fils…» (LG 58)
Le concile met en valeur la foi de Marie, son écoute docile de la parole de Jésus, son obéissance.
Au calvaire
« … jusqu’à la croix où, non sans un dessein divin, elle était debout (cf. Jn 19,25), souffrant cruellement avec son Fils unique, associée d’un cœur maternel à son sacrifice, donnant à l’immolation de la victime, née de sa chair, le consentement de son amour, pour être enfin, par le même Christ Jésus mourant sur la croix, donnée comme sa Mère au disciple par ces mots: "Femme, voici ton Fils" (cf. Jn 19,26-27) ». (LG 58)
Le concile donne un grand éclairage à la question de la « corédemption », et donc aussi aux questions devants la souffrance. La souffrance peut écraser l’homme, le détruire. Or Marie est restée debout, elle a retournée la souffrance en une offrande, en un acte d’amour :
Marie « était debout » non seulement physiquement mais dans sa foi au Fils de Dieu qui mourait. Telle est l’interprétation de la tradition latine depuis saint Ambroise.
« souffrant cruellement avec son Fils unique » Bien qu’elle soit déchirante, le concile ne parle pas littéralement de la douleur de Marie, mais plutôt de sa participation à la douleur de son Fils, physique, morale et spirituelle. (Le texte latin dit : « Cum Unigenito suo condoluit »).
« associée d’un cœur maternel à son sacrifice » : Marie participe aussi à l’intention de son Fils, à son intention oblative. La mort en elle-même n’est pas un sacrifice, pour qu’elle devienne un sacrifice il faut au moins deux choses : la volonté du Père qui veut cette mort comme un sacrifice et la volonté humaine qui la consomme en obéissance au Père. C’est ici que Marie touche le sommet de sa participation à l’œuvre rédemptrice : par la foi elle s’unit à l’intention de son Fils, elle vit son crucifiement comme le sacrifice qui nous sauve. Et elle lui est « associée d’un cœur maternel » : avec la force et la fidélité qui lui vient de son état de Mère de Dieu.
« donnant à l’immolation de la victime, née de sa chair, le consentement de son amour ». Le terme immolation rappelle le sacrifice d’Isaac et l’immolation de l’agneau pascal. Bien que cette immolation advienne dans des atrocités barbares, Marie consent. Marie consent même avec amour, ce qui est stupéfiant. Ce que Marie aime, c’est notre salut. C’est la foi qui coopère au salut, et la foi agit par la charité.
« pour être enfin, par le même Christ Jésus mourant sur la croix, donnée comme sa Mère au disciple par ces mots: "Femme, voici ton Fils" (cf. Jn 19,26-27) ». Le concile ne donne pas de commentaire parce que l’exégèse n’avait pas encore atteint un consensus suffisamment unanime. Il n’a donc pas gardé l’incise concernant le disciple « figure des fidèles ». Cela n’enlève rien à l’autorité des papes qui jusqu’à Jean Paul II l’ont interprété ainsi.
Il faut noter enfin que rien d’advient sans une obéissance au dessein divin. Aucune coopération au salut ne peut être offerte sans que le Père ne le veuille et le demande.
F. Breynaert,
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