Marie et l'unité de l'Église (Jn 19, 23-27)

Marie et l'unité selon saint Jean

L'unité du Royaume : prendre Marie chez soi et ne pas déchirer la tunique sans couture

Rappelons, dans l'ordre, les événements au calvaire rapportés par saint Jean :

1°) L'écriteau mentionne la royauté de Jésus (Jn 19, 19-22)

2°) Les soldats se partagent les vêtements mais refusent de déchirer la tunique du Christ (Jn 19, 23-24)

3°) Jésus fait un testament à sa mère et au disciple (Jn 19, 25-27)

4°) Jésus remet l'Esprit et meurt (Jn 19, 28-30)

5°) Le coup de lance, le sang et l'eau (Jn 19, 31-37)

Jn 19, 23-24 : La tunique non déchirée

Le geste de déchirer les vêtements peut symboliser le schisme d'une communauté (cf. 1 R 11,29-39).

Le verbe grec utilisé en Jn 19, 24 (schizô = déchirer) ne signifie pas seulement l'action de déchirer des vêtements, mais peut exprimer le schisme du peuple de Dieu (cf. Ac 14,4 ; 23,7).

Jésus meurt pour rassembler dans l'unité les fils de Dieu dispersés (Jn 11,51-52) : sa tunique ne sera pas déchirée.

Cette unité n'est pas facile. Jésus souffre atrocement à l'heure dont nous parlons. La foi donne une espérance inébranlable, irrésistible. La Paix est acquise. La tunique du Christ est sans couture, elle restera non déchirée (Jn 19, 23-24). L'unité n'est donc jamais inaccessible.

Ce qui est premier, ce n'est pas une simple solidarité, ou une terre habitée ensemble, ce qui est premier, c'est l'unité en Jésus. Jésus et la vérité qui libère (1). Il y a une certaine unité entre les élèves d'une même classe, les ouvriers d'une même usine, les prisonniers d'un même cachot... mais entre les hommes qui vivent libres dans le Christ, la solidarité est vécue à une toute autre profondeur.

Jn 19, 23-24 (les soldats et la tunique) et Jn 19, 25-27 (la Mère et le disciple) sont soigneusement reliés par la conjonction grecque « mèn... de » (d'une part... d'autre part).

La tunique du Christ que les soldats n'ont pas déchirée est un signe de cette unité de l'Eglise qui est sur le point de se créer grâce à l'union d'amour entre la mère de Jésus et le disciple fidèle.

Marie est maternellement présente au calvaire où se refait l'unité.

Beaucoup ont fait l'expérience que la mère console, aime, apaise et rassemble les enfants. Lorsque l'on est comblé d'amour, les divisions font horreur et on veut la paix.

De plus, ici, Jésus remet l'Esprit. Le Fils de Dieu remet l'Esprit de Dieu. L'unité est celle de Dieu Trinité. Cette unité existe, elle a une dimension théologale extrêmement puissante. Dieu Est (cf. « Je Suis »). La mère de Jésus a porté le lien vivant entre l'humanité et la divinité. Son rôle pour l'unité est à cette profondeur.

L'unité vient de Dieu. C'est pourquoi, on ne construit pas l'unité, mais en suivant l'appel intérieur, avec Marie, on y « entre » :

« Aide-nous [Marie], fais que [...] nous puissions découvrir progressivement le dessein divin de cette unité dans laquelle nous devons entrer nous-mêmes et introduire tous les hommes, afin que l'unique bercail du Christ reconnaisse et vive son unité sur la terre. O Mère de l'unité, enseigne-nous toujours les chemins qui conduisent à elle. »

(Jean Paul II, homélie à Jasna Gora, 4 juin 1979,

la phrase suit une référence à Jn 19, 26)


(1) Jésus est la vérité. En conséquence, toute falsification de la vérité (scientifique, historique, humaine etc.) est une atteinte au Christ et à l'unité. Au contraire, oser apprendre de tout homme qui cherche la vérité, c'est faire une œuvre d'unité.


Extraits de :

Françoise Breynaert, A l'écoute de Marie, préface Mgr Rey, tome II,

éditions du ver luisant, Brive 2007 (diffusion Mediaspaul), p. 71-73