Au cours de son audience générale du 6 novembre 1996, le saint pape Jean-Paul II a commenté le Magnificat dans son ensemble.
S'inspirant de la tradition vétérotestamentaire, Marie célèbre dans le cantique du Magnificat les merveilles réalisées en elle par Dieu.
Le cantique est la réponse de la Vierge au mystère de l’ange : l’ange l'avait
invité à la joie, et à présent l'esprit de Marie exulte en Dieu son sauveur.
" Ne te prive pas du bonheur d’un jour »; dit le sage (Si 14, 14).... La joie de Marie provient d'avoir vécu l'expérience du regard bienveillant de Dieu
Sa joie naît du fait d'avoir vécu en personne l'expérience du regard bienveillant que Dieu a posé sur elle, une créature pauvre et sans influence dans l'histoire.
À travers l'expression Magnificat, version latine d'un terme grec ayant la même signification, est célébrée la grandeur de Dieu, qui révèle sa toute-puissance à travers l'annonce de l'ange, dépassant les attentes et les espérances du peuple de l'Alliance, ainsi que les plus nobles désirs de l'âme humaine.
Face au Seigneur, puissant et miséricordieux, Marie exprime le sentiment de sa propre infériorité :
« Mon âme exalte le Seigneur,
et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur,
parce qu'il a jeté les yeux sur l'abaissement de sa servante» (Lc 1, 47-48)
Le terme grec « ταπείνωσiς» est probablement emprunté au cantique d'Anne, la mère de Samuel. L'« humiliation» et la « misère» d'une femme stérile, qui confie sa peine au Seigneur, y sont mentionnées (cf. 1 Sam 1, 11). C'est avec une expression semblable que Marie fait connaître sa condition de pauvreté et la conscience de son abaissement devant Dieu qui, par une décision gratuite, a posé son regard sur Elle, l'humble jeune fille de Nazareth, l'appelant à devenir la Mère du Messie.
Les paroles suivantes :
«Désormais toutes les générations me diront bienheureuse » (Lc 1, 48),
ont pour origine le fait qu'Élisabeth est la première à avoir proclamé Marie «bienheureuse» (Lc 1, 45). Le cantique prédit, non sans audace, que cette proclamation s'étendra et se développera avec un dynamisme irréfrénable.
En même temps, il témoigne de la vénération particulière pour la Mère de Jésus, présente dans la Communauté chrétienne dès le premier siècle. Le Magnificat constitue les prémisses des diverses expressions de culte, transmises d'une génération à l'autre, à travers lesquelles l'Église manifeste son amour pour la Vierge de Nazareth.
Le Magnificat dépasse les textes prophétiques qui sont à son origine
« Le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom,
et sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent» (Lc 1, 49-50)
Quelles sont les «grandes choses» réalisées en Marie par le Tout-Puissant?
L'expression revient dans l'Ancien Testament pour indiquer la libération du peuple d'Israël de l'Égypte ou de Babylone. Dans le Magnificat, il se réfère à l'événement mystérieux de la conception virginale de Jésus, qui eut lieu à Nazareth après l'annonce de l'ange. Dans le Magnificat, cantique réellement théologique car il révèle l'expérience du visage de Dieu vécue par Marie, Dieu n'est pas seulement le Tout-Puissant pour qui rien n'est impossible, comme l'avait déclaré Gabriel (cf. Lc 1, 37), mais également le Miséricordieux, capable de tendresse et de fidélité à l'égard de chaque être humain.
« Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au cœur superbe
Il a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles ;
il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides » (Lc 1, 51-53)
Par sa lecture éclairée de l'histoire, Marie nous introduit à la découverte des critères de l'action mystérieuse de Dieu. Renversant les jugements du monde, il vient au secours des pauvres et des petits, au détriment des riches et des puissants et, de façon surprenante, il comble de bien les humbles, qui lui confient leur existence (cf. Redemptoris Mater n. 37). Ces paroles du cantique, tout en nous indiquant Marie comme un modèle concret et sublime, nous font comprendre que c'est surtout l'humilité du cœur qui attire la bienveillance de Dieu.
Pour finir, le cantique exalte l'accomplissement des promesses et la fidélité de Dieu à l'égard du peuple élu:
« Il est venu en aide à Israël, son serviteur, se souvenant de sa miséricorde,
selon qu'il l'avait annoncé à nos pères, en faveur d'Abraham et de sa postérité à jamais » (Lc 1, 54-55)
Comblée de dons divins, Marie ne s'arrête pas sur son propre cas, mais comprend que ces dons sont une manifestation de la miséricorde de Dieu pour tout son peuple. En elle, Dieu accomplit ses promesses avec une fidélité et une générosité surabondantes. Inspiré de l'Ancien Testament et de la spiritualité de la fille de Sion, le Magnificat dépasse les textes prophétiques qui sont à son origine, révélant dans la « pleine de grâce » le début d'une intervention divine qui va bien au-delà des espérances messianiques d'Israël : le mystère saint de l'Incarnation du Verbe.
Source :
- Jean-Paul II. Audience générale du 6 novembre 1996.
-sur le Magnificat dans la Tradition de l'Église, dans l’Encyclopédie mariale
-sur le Magnificat, dans l’Encyclopédie mariale
- sur le Magnificat en musique, dans l’Encyclopédie mariale
-sur l’Encyclique Redemptoris Mater (Jean-Paul II), dans l’Encyclopédie mariale
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