La prosternation (Mt 2, 11)

L'adoration des mages (Mt 2, 11)

« Entrant alors dans le logis, ils virent l'enfant avec Marie sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage; puis, ouvrant leurs cassettes, ils lui offrirent en présents de l'or, de l'encens et de la myrrhe. » (Matthieu 2, 11)

Dans cette phrase, il est frappant que saint Joseph manque, alors que Matthieu a écrit le récit de l'enfance de son point de vue. Durant l'adoration, nous rencontrons à côté de Jésus seulement « Marie sa mère ».

Je n'ai pas trouvé jusqu'à maintenant une explication pleinement convaincante à cela. Il existe l'un ou l'autre passage de l'Ancien Testament dans lequel une importance particulière est attribuée à la mère du roi (par exemple Jr 13, 18). Mais cela n'est sans doute pas suffisant.

Gnilka a probablement raison quand il dit que Matthieu rappelle par là à la mémoire que Jésus est né de la Vierge et qualifie Jésus de Fils de Dieu.

Devant l'enfant royal, les Mages pratique la proskynesis, c'est-à-dire se prosternent devant lui. C'est l'hommage que l'on rend à un Roi-Dieu. A partir de là s'expliquent ensuite les dons qu'offrent les mages. Ce ne sont pas des cadeaux pratiques, qui à ce moment là auraient peut-être été utiles à la Famille. Les dons expriment la même chose que la proskynesis : ils sont une reconnaissance de la dignité royale de celui à qui ils sont offerts.

Or et encens sont aussi mentionnés en Isaïe 60, comme des dons d'hommage, qui sont offerts au Dieu d'Israël de la part des peuples.

Dans les trois dons, la tradition chrétienne a vue représentés - avec quelques variantes - trois aspects du mystère du Christ : l'or renverrait à la royauté du Christ, l'encens au Fils de Dieu et la myrrhe au mystère de sa Passion.


J. Ratzinger, Benoît XVI, L'enfance de Jésus, Flammarion, Paris 2012, p. 152