«Nous sommes venus l’adorer»
(Mt 2, 2)
Chers Jeunes, [...]
Je vous salue et je vous accueille avec une immense joie, chers jeunes, vous qui êtes venus de près ou de loin, marchant sur les routes du monde et sur les routes de votre vie. Je salue particulièrement ceux qui sont venus de l’«Orient», comme les Mages.
Vous êtes les représentants de ces foules innombrables de nos frères et sœurs en humanité qui attendent sans le savoir que l’étoile se lève dans leur ciel pour être guidés vers le Christ, Lumière des Nations, et trouver en lui la réponse satisfaisante à la soif de leur cœur.
[…]
Il me revient aujourd’hui de recueillir cet extraordinaire héritage spirituel que le Pape Jean-Paul II nous a laissé. Il vous a aimés, vous l’avez compris, et vous le lui avez rendu avec tout l’enthousiasme de votre âge. Maintenant, tous ensemble, nous avons le devoir de mettre en pratique ses enseignements.
Forts de cet engagement, nous sommes ici à Cologne, pèlerins à la suite des Mages.
Selon la tradition, leurs noms en langue grecque étaient Melchior, Gaspard et Balthasar. Dans son Évangile, Mathieu rapporte la question qui brûlait le cœur des Mages:
«Où est le Roi des Juifs qui vient de naître ?»
(Mt 2, 2)
C’est pour Le rechercher qu’ils avaient fait le long voyage jusqu’à Jérusalem. C’est pour cela qu’ils avaient supporté fatigues et privations, sans céder au découragement, ni à la tentation de retourner sur leurs pas. Maintenant qu’ils étaient proches du but, ils n’avaient pas d’autres questions à poser que celle-là.
Nous aussi, nous sommes venus à Cologne parce que nous avons entendu résonner dans notre cœur, bien que sous une autre forme, la même question qui avait poussé les hommes de l’Orient à se mettre en chemin.
Il est vrai que nous aujourd’hui nous ne cherchons plus un roi; mais nous sommes préoccupés par l’état du monde et nous demandons :
Où puis-je trouver les critères pour ma vie, les critères pour collaborer de manière responsable à l’édification du présent et de l’avenir de notre monde ?
À qui puis-je faire confiance - à qui me confier ? Où est Celui qui peut m’offrir la réponse satisfaisante aux attentes de mon cœur ?
Poser de telles questions signifie avant tout reconnaître que le chemin ne peut pas s’achever avant d’avoir rencontré Celui qui a le pouvoir d’instaurer son Royaume universel de justice et de paix, auquel les hommes aspirent, mais qu’ils ne savent pas construire tout seuls.
Poser de telles questions signifie aussi chercher Quelqu’un qui ne se trompe pas et qui ne peut pas tromper, et qui est donc en mesure d’offrir une certitude assez forte pour permettre de vivre pour elle et, si nécessaire aussi, de mourir.
À l’horizon de l’existence, quand se profile une telle réponse, il faut, chers amis, savoir faire les choix nécessaires. C’est comme lorsque l’on se trouve à une croisée de chemins: quelle route prendre ? Celle qui m’est dictée par les passions ou celle qui m’est indiquée par l’étoile qui brille dans ma conscience ? Ayant entendu la réponse:
«À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète»
(Mt 2, 5)
Les Mages choisirent de poursuivre leur route et d’aller jusqu’au bout, éclairés pas cette parole. De Jérusalem, ils allèrent jusqu’à Bethléem, c’est-à-dire de la parole qui leur indiquait où se trouvait le Roi des Juifs qu’ils cherchaient jusqu’à la rencontre avec ce Roi qui était en même temps l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.
Cette parole s’adresse aussi à nous. Nous aussi, nous devons faire un choix.
En réalité, à bien y réfléchir, c’est précisément l’expérience que nous faisons en participant à chaque Eucharistie.
À chaque Messe, en effet, la rencontre avec la Parole de Dieu nous introduit à la participation au mystère de la croix et de la résurrection du Christ et ainsi nous introduit à la Table eucharistique, à l’union avec le Christ.
Sur l’autel est présent Celui que les mages virent couché sur la paille: le Christ, le Pain vivant descendu du ciel pour donner la vie au monde, l’Agneau véritable qui donne sa vie pour le salut de l’humanité. Éclairés par cette Parole, c’est toujours à Bethléem – la «Maison du pain» – que nous pourrons faire la rencontre bouleversante avec la grandeur inconcevable d’un Dieu qui s’est abaissé jusqu’à se donner à voir dans une mangeoire, jusqu’à se donner en nourriture sur l’autel.
Pouvons-nous imaginer la stupeur des Mages devant l’Enfant emmailloté ! Seule la foi leur permit de reconnaître sous les traits de cet enfant le Roi qu’ils cherchaient, le Dieu vers lequel l’étoile les avait guidés.
En lui, comblant le fossé entre le fini et l’infini, entre le visible et l’invisible, l’Éternel est entré dans le temps, le Mystère s’est fait reconnaître, se donnant à nous dans les membres fragiles d’un petit enfant.
«Aujourd’hui, les Mages considèrent avec une profonde stupeur ce qu’ils voient ici: le ciel sur la terre, la terre dans le ciel; l’homme en Dieu, Dieu dans l’homme; et celui que le monde entier ne peut contenir, enfermé dans le corps d’un tout-petit»
(Saint Pierre Chrysologue, Homélie pour l’Épiphanie, 160, n. 2).
Au cours de ces journées, en cette «Année de l’Eucharistie», nous nous tournerons avec la même stupeur vers le Christ présent dans le Tabernacle de la miséricorde, dans le Sacrement de l’Autel.
Benoît XVI, Extraits de l'homélie à Cologne, Poller Wiesen
Jeudi 18 août 2005, Journées mondiales de la jeunesse.
https://www.vatican.va/content/vatican.html