Cette fête étant un pèlerinage à Jérusalem, elle ne devait pas comporter de liturgie à la synagogue, ceci jusqu'à la destruction du temple. Mais cela ne dispensait pas les chefs de synagogue de préparer les fidèles à cette fête.
A la synagogue, la préparation à cette fête concerne surtout la dimension agricole, mais la dimension de l'Alliance n'est pas absente, car, en réalité, les deux dimensions sont liées.
La signification agricole n'est pas dépourvue de profondeur : le peuple au désert savait que sa nourriture venait de Dieu. Une fois arrivé en terre de Canaan et devenu un peuple d'agriculteur, la nourriture venait "au bout du rateau",mais le peuple savait continuer à remercier son Dieu, en lui offrant les prémices des récoltes.
Cette offrande est une attitude religieuse marquée par l'Esprit Saint, le ruah saint, opposé à l'esprit magique des prostitutions sacrées et des sacrifices de nouveaux-nés pour faire venir le printemps : le peuple de l'Alliance est un peuple qui se reçoit de Dieu dans la confiance et la prière, et non pas un peuple qui capte les énergies vitales.
Pentecôte : une signification agricole (Deutéronome 16)
Dans le talmud, il n’y a pas de traité consacré à la fête de la Pentecôte, il y a seulement quelques allusions éparses, ce qui démontre bien que la tradition pharisienne ne lui accordait pas la même importance que les milieux esséniens.
Selon la Mishnah (Meg. 3,5), la lecture de la Torah pour Pentecôte est la section « Sept semaines » (Deutéronome 16,9 ss.), ce qui laisse entendre que la tradition pharisienne la plus ancienne ne rattachait à cette fête que sa signification agricole.
Le Talmud de Babylone (Meg. 313) précise : « A Pentecôte on lit Sept semaines ainsi que le chapitre d’Habacuc (chap. 3) comme haphtarah. »
Pentecôte : une évocation de l'Alliance au Sinaï (Exode 19)
Nous venons de dire que la lecture du Deutéronome (Dt 16) donne une signification agricole à la fête de la Pentecôte.
Le Talmud connaît cependant une autre tradition de lectures, avec le livre de l'Exode 19, qui est le récit de la proposition de l'Alliance au Sinaï.
Une double tradition
Le dédoublement de la Pentecôte en deux jours de fête n’est attesté que tardivement dans la tradition rabbinique, au début du III° siècle, et uniquement pour la Diaspora.
Une interpolation postérieure concilie les deux traditions et on suit Exode 19 au premier jour de fête, et Deutéronome 16 au second.
En Palestine, où l’on ne célèbre pourtant qu’un seul jour de fête, on rencontre aussi cette double tradition :
- La Mishnah et le traité Soferim (sous l’influence palestinienne) réclament la lecture de Dt 16.
- Par contre, la Tosephtah (Meg. 4,5) et le Talmud de Jérusalem (Meg. 74b) penchent pour Ex 19-20. Cette seconde lecture prévaudra finalement en Palestine.
Synthèse F. Breynaert