Une communauté de témoins

Une communauté de témoins

Israël, peuple de témoins

Dans le livre de l'Exode, au Mont Sinaï : Dieu fit d’Israël son peuple; il le créa comme peuple de l’alliance. Le "troisième jour" (Ex 19,16) il y eut lieu comme un mystère de génération, Israël naquit comme un fils premier-né.

Le second Isaïe, prophète anonyme de la période de l'exil à Babylone, qui s’acheva en 538 avant J-C, atteste que Dieu créa Israël comme son peuple, pour qu’il devînt un peuple de témoins, un peuple qui proclame ses louanges.

Le Seigneur le libèrera de toutes les régions où l’exil l’avait dispersé.

« Je répandrai mon esprit sur ta race » (Isaïe 44, 3)

« Vous êtes mes témoins », déclare le Seigneur, trois fois (Is 43,10.12; 44,8).

De sorte que le témoignage d’Israël fleurira en prière :

« Le peuple que je me suis formé célébrera mes louanges » (Is 43,21).

L’Église de Jérusalem à Pentecôte.

« Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Ac 1,8).

En conséquence, ceux qui faisaient partie de l’Église de Jérusalem - c’est-à-dire les apôtres, les femmes, Marie et les frères du Seigneur (Ac 1,14) furent remplis de l’Esprit Saint, et ils commencèrent à rendre témoignage au Seigneur Jésus (cf. Ac 2,1.4).

Selon la règle de la théologie de saint Luc, il a au moins deux qualités requises pour devenir témoins de la résurrection du Christ.

- La première est d’être témoin oculaire, c’est-à-dire avoir vu et personnellement entendu tous les faits et les paroles qui composent la vie de Jésus.

- Les apôtres pouvaient rendre témoignage au ministère public du Seigneur (Ac 1,21-22).

- Les femmes, en toute probabilité, étaient celles qui ont suivi Jésus depuis la Galilée (Lc 8,1-3; Lc 23,55a). Avec Joseph d’Arimatie, elles avaient préparé le corps du Maître pour la sépulture (Lc 23,55b-56), puis elles trouvèrent la tombe vide et eurent une des premières apparitions du Ressuscité (Lc 24,1 - 11.22-24).

- Les frères ou parents de Jésus pouvaient offrir des renseignements précieux sur le milieu où Jésus vécut et grandit. Tout ceci faisait partie du mystère de l’Incarnation.

- La seconde est la compréhension des faits et des paroles que Jésus a opérés et enseignés.

Pour cette seconde qualité, on observe que Jésus lui-même, par l’envoi de son Esprit, donne l’intelligence de tout ce qui le concernait, aux Onze et aux autres qui étaient avec eux (cf. Lc 24,33.45-47.49 ; Ac 1,4-5.8; 2,4).

Marie rend témoignage de la naissance de Jésus, du chemin de son enfance. En avance sur les apôtres et sur les femmes, Marie avait accompli son itinéraire avec Jésus depuis la Galilée à Jérusalem, c’est-à-dire depuis l’Annonciation jusqu’à la découverte dans le Temple (Lc 1,26-2,51).

Il semble que Luc perçoive une analogie entre la descente de l’Esprit sur Marie à l’Annonciation et sur l’Église à la Pentecôte.

D’une part Marie: ombragée par la puissance de l’Esprit Saint en sa propre personne (Lc 1,35) elle se précipite presque à l’extérieur, sur les montagnes de la Judée (Lc 1,39), pour annoncer les grandes choses accomplies en elle par le Tout-Puissant (Lc 1,46.49).

D’autre part, l’Église apostolique de Jérusalem: fortifiée par la vigueur apostolique de l’Esprit (Lc 24,49; Ac 1,8), pendant qu’ils étaient réunis à l’intérieur de la maison (Ac 2,2) laisse sa retraite pour proclamer publiquement les grandes oeuvres du Seigneur (Ac 2,4.6.7.11.12).

Cette connexion entre l’Annonciation et la Pentecôte est reçue par deux importants documents de Vatican II: La constitution dogmatique Lumen gentium 59 et le décret Ad gentes 4.


A. Serra

Cf. A. SERRA, Dimensioni mariane del mistero pasquale, ed. Paoline, Milano 1995