Le peintre, architecte et sculpteur Francesco di Giorgio Martini (1439 - 1502) est l’une des plus remarquables personnalités de la Renaissance siennoise. Il a travaillé entre 1468 et 1475, et son œuvre peint reflète à la fois l’esthétique siennoise, par son sens décoratif, que l’influence florentine de Botticelli, Pollaiulo ou Filippino Lippi a enrichie. Il a peint plusieurs fois le thème de l’Annonciation, notamment avec Neroccio di Bartolomeo de' Landi . Empreint d’un réalisme poétique, son Annonciation, datée de 1470, reflète son style si personnel.
L’événement de l’Annonciation est représenté de façon à la fois vivante et symbolique.
La Vierge Marie est représentée assise, dans une position déhanchée, puisque son pied droit repose en contrebas sur la marche du dessous. Elle n’est pas statique, comme dans d’autres représentations, mais semble venir à la rencontre de l’ange. Sa main gauche tient le livre dont elle vient d’interrompre la lecture pour répondre à l’invitation de l’ange.
L’ange est debout mais il est en position basse par rapport à la Vierge Marie. Il tient en main un rameau d’olivier, et non le Lys blanc traditionnel.
Le rameau d'olivier est le symbole biblique de paix entre Dieu et le genre humain.
Après le déluge, la colombe rapporte à Noé un rameau d'olivier (Cf. Gn 8, 11), c'est le signe que les eaux se sont retirées, commence alors la nouvelle Alliance entre Dieu et le genre humain.
L’annonce de la naissance de Jésus est un symbole de paix, parce que Marie devient la Mère de Celui qui est notre paix, cette paix dont les anges de Noël chantèrent joyeusement la venue :
« "Gloire à Dieu au plus haut des cieux et sur la terre paix aux hommes objets de sa complaisance!" » (Lc 2, 14)
Il s'agit d'une paix du cœur, la paix de l'homme réconcilié avec Dieu, une paix pour les peuples qui sauront prendre Marie pour modèle. Avec Joseph, elle a su fuir la violence d'Hérode, puis, avant de rentrer dans la terre de ses pères (Mt 2, 21), elle attendit l'heure de Dieu, manifestée en songe à Joseph (Mt 2, 19-20). Bien que son Fils soit promis à devenir la gloire de son peuple (Lc 2, 32), elle retourne à Nazareth, dans la Galilée des nations (Mt 2, 23), cette partie la plus inclusive du pays, c'était ce qui était le mieux pour la sécurité de l'enfant... En Marie tout est prudence, douceur, patience, ouverture : autant de chemin de paix...
Cette paix est aussi un pardon. Dans l'annonce à Joseph, l'ange annonce que l'enfant conçu de l'Esprit Saint « sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 2,21). Dans l'évangile de Luc, après avoir reçu l'annonce de l'ange, Marie chante le Magnificat. Or, au centre et à la charnière du Magnificat, il y a l'admiration de la miséricorde de Dieu (Lc 1, 50)[1]. Marie chante l'Incarnation comme un acte de miséricorde !
Source :
-A.Valentini, "Approcci esegetici a Lc 1, 46b-55", in : Theotokos V,1997 n°2, p. 403-422
-sur l’Annonciation, dans l’Encyclopédie mariale
www.mariedenazareth.com/index.php
-sur l’Annonciation dans l’art, dans l’Encyclopédie mariale
F. Breynaert et l’équipe de MDN.