Le vêtement que portait Juan Diego est appelé un peu indifféremment « tilma » ou « ayate », car les deux ont la même forme. Il s’agit d’une sorte de cape, manteau sans manche, noué sur l’épaule droite. Mais la tilma est généralement en coton, tandis que l’ayate est tissé en fils d’agave, avec une trame lâche.
On sait aujourd’hui qu’il s’agit plus particulièrement de « maguay », une variante de l’agave, appelée « agave potule zacc ». La toile est composée de deux morceaux réunis au milieu, verticalement, par une couture faite de fil de la même origine.
L’ensemble, en raison de son usage, n’est pas parfaitement rectangulaire ; sa longueur oscille entre 166 et 168 cm, sa largeur entre 103 et 105 cm. La pièce de tissu devait être légèrement plus longue. Elle fut raccourcie, par le haut, vers 1770, pour permettre de l’insérer dans le cadre actuel.
Selon Sodi Pallarés, spécialiste des métaux de l’université de Mexico, l’ayate présente l’avantage d’être refractaire à la poussière, aux insectes et à l’humidité. Mais c’est néanmoins un tissu extrêmement fragile.
Un ayate en agave se conserve au maximum 20 ans. Or, pendant 116 ans, celui-ci fut exposé sans même une vitre de protection. A partir de 1647 il fut protégé par une vitre en deux morceaux dont la jointure était fort imparfaite.
Ce n’est qu’à partir de 1766 que l’ayate fut protégé par une vitre en un seul morceau. Or, il s’agit d’une région de lacs, comportant des inondations… des insectes, sans compter l’effet des lampes, des cierges, des ex-voto que l’on y accrocha, des linges, des scapulaires que l’on venait frotter sur l’image, des fidèles qui venaient baiser l’image, la toucher, la caresser, avant la pose des vitres (et même parfois après).
Au 18ème siècle, on hésitait encore sur la nature exacte du tissu. On ne savait pas s’il s’agissait d’agave ou d’iczotl. On fit donc confectionner deux ayates en chacun de ces deux tissus et on fit peindre sur eux des copies de l’original. Ces deux copies furent très vite détruites par le temps.
En 1791, en nettoyant le cadre d’argent, on fit couler un peu du produit sur l’angle supérieur droit de la toile. L’acide aurait dû la crever. Seules quelques taches jaunâtres apparurent et, avec le temps, elles disparaissent peu à peu !
Le 14 novembre 1921, un attentat eut lieu dans l’église de la Guadalupe pour tenter de détruire la toile. Une bombe fut placée dans un bouquet déposé au pied de l’autel. Le marbre vola en éclats. Les vitres de l’église tombèrent, ainsi même que celles des maisons alentour. Le lourd crucifix de bronze qui se trouvait sur l’autel fut courbé par la violence de la déflagration. Mais, au-dessus de l’autel, la vitre de l’ayate resta intacte, ainsi que la toile et son image ...