Au IV° et V° siècle : le temps de la fondation
En 301, le roi Tiridate III (ou IV) se convertit au christianisme en entendant la prédication de saint Grégoire l’illuminateur (295-310), disciple d’Origène.
L’Arménie devient, dans l’histoire, la première « nation chrétienne ». Tiridate déclare le christianisme comme religion d’Etat et il fonde à Vagharchapat la cathédrale Etchmiadzine, dont Grégoire est le premier patriarche, ou catholicos.
En 374, à cause d'une dissension politique du roi arménien Pap avec l'empire romain, l'Église Arménienne se détacha de l'Église-mère de Césarée, proclama son autonomie, adopta sa propre liturgie et remplaça la langue grecque par la langue arménienne dont les caractères avaient été inventés par saint Mesrob (361-440).
Les Arméniens ont accepté les premiers conciles jusqu’au concile d’Ephèse.
Le temps des guerres et des persécutions
A cause des guerres continuelles qui opposaient Byzantins et Persans, l'Église Arménienne ne put pas prendre part aux conciles d'Ephèse (431), et de Chalcédoine (451) ; elle en eut la connaissance seulement vers 485, mais la traduction des actes des deux conciles n'était pas très précise. Les Arméniens, en y lisant des contradictions, réunirent un synode en 491 à Vagarciapat et décidèrent de ne pas accepter le dogme de Chalcédoine. Un peu plus tard, cette position fut renouvelée au synode de Dvin (506-507).
Au X° siècle, pour échapper aux persécutions des Byzantins, les Arméniens transférèrent le siège de leur catholicat d'Astisat à Ani, puis à Cis.
Le royaume de la Nouvelle Arménie durera de 1071 jusqu'en 1375, et permit aux Arméniens d'établir des contacts amicaux avec les Croisés de la principauté d'Antioche et de conclure l'union avec Rome.
A partir du XVI° siècle, sous l’influence des missionnaires, une partie des fidèles passèrent au protestantisme et au catholicisme. Les Nestoriens unis à Rome forment alors l’Eglise chaldéenne, les autres forment l’église grégorienne (du nom de saint Grégoire l’illuminateur).
Au début du XVII° siècle, les Perses ont conquis à l'empire Ottoman une bonne partie de l'Arménie. En 1826, une autre partie tomba sous l'empire des tsars de Russie. Cependant malgré toutes les divisions et les persécutions, les Arméniens conservèrent leur propre personnalité.
À la fin du XIX° siècle et au début du XXe siècle les Arméniens subirent des massacres systématiques perpétrés par les Turcs en 1894-1895 ; 1909 ; et surtout en 1915-1920. Le 24 avril 1915, le gouvernement Jeunes-Turcs de l’empire ottoman décida d’en finir avec la minorité arménienne vivant dans l’actuelle Turquie et organisa la déportation et le massacre d'environ un million et demi d'Arméniens, perpétrant ainsi le premier génocide du XX° siècle. L'Arménie occidentale fut vidée de sa population arménienne natale.
Les rescapés se réfugient en Syrie, au Liban, en Amérique et en d’autres pays de l'Ouest, constituant ainsi une vaste Diaspora qui existe jusqu’aujourd'hui.
L'union Soviétique mit fin aux persécutions auxquelles les Arméniens étaient sujets en Arménie et créa pour eux la République Soviétique d’Arménie, en invitant les Arméniens de la Diaspora à rentrer dans ce nouvel État.
Ceux qui ont eu le courage de revenir ont subi récemment un tremblement de terre terrible (1988).
La reconstruction
L’Arménie accéda à son indépendance le 21 septembre 1991 - mais le nouveau pays ne couvre qu'une petite partie de l'ancienne Arménie, à savoir le territoire qui avait été rattaché à l'empire russe (puis à l'Union soviétique). La partie occidentale de l'ancienne Arménie (en Anatolie orientale) reste englobée dans le territoire de la République de Turquie.
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Le monde de la Bible, hors série « Arménie », printemps 2007