Les évènements du 21 août 2004
Le 21 août 2004, deux touristes jordaniens musulmans sunnites, un enfant appelé Muhammad et son père, pénètrent dans l'église de Béchouate. Ils sont accompagnés d'un ami de la famille, chrétien maronite.
Il s'agit pour eux d'une « première fois » : jamais auparavant ils n'étaient entrés dans un édifice religieux catholique.
Ils ne sont pas là pour prier, mais pour visiter une nef de petite dimension construite en 1830.
Cependant, l'enfant, devant la statue de Notre Dame de Pontmain demande : « 'Ammo François, demande-t-il à l'ami de son père, qui est cette femme qui me sourit ? »
Dans un second temps, il formule une demande d'explication plus rationnelle : « Cette statue est-elle électriquement animée ? »
Dans un premier temps, l'ami-guide répond qu'il ne s'agit « que d'une statue en plâtre, qui ne bouge ni ne sourit », mais, s'approchant, il perçoit un mouvement du chapelet passé autour des mains jointes de la représentation.
Un fidèle présent dans l'église se joint au petit groupe et s'exclame que lui aussi voit « les yeux de la Vierge s'animer comme pour faire le signe de croix ».
Le jeune garçon s'entend prononcer une prière "plus grande que lui" :
« Salut à toi, Vierge Marie, Reine du monde, de la paix et de l'amour.
Des vieillards, des enfants et des femmes tombent, de par le monde.
Instaure la paix, l'amour et la liberté sur la face de la terre, ô Reine du monde. »
Quelques instants plus tard, les visiteurs voient une « huile odorante » s'écouler de la statue de la Vierge.
Le soir même, des fidèles affluent et « constatent le phénomène ».
Les guérisons
Le lendemain, une foule de dévots se presse dans la chapelle, autour de la statue. Parmi elle, un enfant chiite souffrant d'une tumeur à l'oreille droite est « soudainement guéri ».
Peu après, c'est au tour d'un jeune homme, maronite, handicapé depuis de nombreuses années, d'être touché par un « miracle » : il quitte sa chaise roulante et marche dans la chapelle. Une longue série de guérisons suivra.
La reconnaissance du caractère surnaturel des faits
Mgr Mounged Hashim fut évêque du diocèse de Baalbek-Dayr al-Ahmar de 1995 à 2005.
Le 21 août 2005, le diocèse a organisé une cérémonie pour célébrer l'anniversaire de l'événement. Muhammad en était l'invité d'honneur.
Dans un long discours, l'évêque insista sur plusieurs points :
- la rationalité de l'enfant
- le statut social de sa famille (son père est haut fonctionnaire)
- son identité religieuse et nationale (musulman et jordanien).
Pour finir, il s'exclama :
« Par la voix de Muhammad, nous avons entendu le message de la Vierge. Par lui, la Vierge est entrée dans l'histoire de notre pays ! »
Ces mots constituent une reconnaissent du carcatère surnaturel.
L'enfant est doublement « Autre » : sunnite et jordanien.
Il constitue en quelque sorte la preuve parfaite : il est détaché, désintéressé et objectif.
Le message de Notre Dame de Béchouate
L'identité de l'enfant (jordanienne et sunnite) fait de la Vierge une passerelle entre les communautés chrétiennes et musulmanes que les guerres et le clientélisme politique ont divisées.
Les paroles de l'enfant contiennent un acte de foi, ses paroles sont une prière. ,
Cette prière exprime que par Marie peuvent venir trois dons nécessaires à toute la régiona : la paix, l'amour et la liberté.
Sources :
L'Orient. Le jour daté des 23, 24 et 28 août 2004 ; The Daily Star daté du 30 août 2004, et des 7 et 10 octobre 2004 ; Al-Najwâ daté du 6 septembre 2004.
Emma Aubin-Boltanski cnrs, Centre d'études interdisciplinaires du fait religieux, La Vierge, les chrétiens, les musulmans et la nation Liban, 2004-2007, Dans la revue « Terrain » Religion et Politique, n° 51 2008/2
Patrick Sbalchiero, « Deir el Ahmar II », dans : René Laurentin et Patrick Sbalchiero, Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007, annexes.
Synthèse F. Breynaert