« Baptisé vers 345, Hilaire fut élu évêque de sa ville natale autour de 353-354. [...]
En 356, Hilaire assiste comme évêque au Synode de Béziers, dans le sud de la France, le "synode des faux Apôtres", comme il l'appelle lui-même, car la réunion fut dominée par des évêques philo-ariens, qui niaient la divinité de Jésus Christ. Ces "faux apôtres" demandèrent à l'empereur Constance la condamnation à l'exil de l'évêque de Poitiers. [...] En 360 ou en 361, Hilaire put finalement revenir dans sa patrie. Un synode tenu à Paris en 360 ou en 361 reprend le langage du Concile de Nicée. Certains auteurs antiques pensent que ce tournant anti-arien de l'épiscopat de la Gaule a été en grande partie dû à la fermeté et à la mansuétude de l'évêque de Poitiers. Tel était précisément son don : conjuguer la fermeté dans la foi et la douceur dans les relations interpersonnelles.
Pour résumer l'essentiel de sa doctrine, explique Benoît XVI, je voudrais dire qu'Hilaire trouve le point de départ de sa réflexion théologique dans la foi baptismale. Dans le De Trinitate, Hilaire écrit: Jésus "a commandé de baptiser au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit (cf. Mt 28, 19), c'est-à-dire dans la confession de l'Auteur, du Fils unique et du Don (De Trinitate, 2, 1). [...] C'est pourquoi le Fils est pleinement Dieu sans aucun manque ni diminution : "Celui qui vient de la perfection est parfait, car celui qui a tout, lui a tout donné" (ibid. 2, 8). Ce n'est que dans le Christ, Fils de Dieu et Fils de l'homme, que l'humanité trouve son salut. En assumant la nature humaine, Il a uni chaque homme à lui, "il s'est fait notre chair à tous" (Tractatus in Psalmos 54, 9); "il a assumé en lui la nature de toute chair, et au moyen de celle-ci il est devenu la vraie vie, il possède en lui les racines de chaque sarment" (ibid. 51, 16). [...] La fidélité à Dieu est un don de sa grâce. C'est pourquoi saint Hilaire demande, à la fin de son Traité sur la Trinité, de pouvoir rester toujours fidèle à la foi du baptême. »
Voici comment saint Hilaire caractérisait l'une des phases de l'ancien arianisme :
« La stratégie du moment consiste à s'abriter sous le voile spécieux de la prédication évangélique, de telle sorte que Jésus-Christ semble être annoncé alors même qu'il est nié [...]
Ils ont introduit un nouveau Christ, sous le couvert duquel l'antéchrist pût se glisser. Car le Christ de leur façon, ils ne lui accordent pas la divinité : c'est assez qu'il soit une créature plus excellente que les autres. [...]
De cette manière, ils ont réussi à tromper les simples, qui pensent que les mots renferment les croyances qu'ils expriment et qui ne découvrent pas la ruse de ces écritures composées en style d'antéchrist. »
« L'ennemi contre lequel (Hilaire) déployait tant d'énergie subsiste toujours ; il semble même qu'il ait reparu avec plus d'audace. Au temps d'Hilaire cet ennemi s'appelait l'arianisme mais l'arianisme n'était déjà lui-même qu'une philosophie indocile et irréligieuse, une orgueilleuse prétention de la raison à s'élever au-dessus de la foi. » [...]
L'unique ennemi est toujours celui qui dépouille Jésus-Christ de sa divinité. La « raison» se refuse à offrir au Verbe fait chair l'humilité de la foi. « Prenez garde, disait Hilaire en reprenant les mots de l'apôtre, que qui que ce soit ne vous trompe, ne vous dépouille par une philosophie qui n'est qu'une vaine déception » [...]
A l'amoindrissement de l'Homme-Dieu succédera « l'amoindrissement de l'homme». Devant cette « spoliation » tout le reste suivra : spoliation intellectuelle, morale, même matérielle. Ce sera là l'une des grandes idées de Mgr Pie et même l'idée majeure. L'arianisme qu'il combattra sera, avec la négation implicite et hautaine de la divinité du Christ, l'arianisme pratique, conséquence du premier : le rejet du Christ Homme-Dieu en dehors de la vie de l'humanité ; l'arianisme social, dont la perspective, sous cet angle, dépasse l'exposé doctrinal d'Hilaire de Poitiers.
« Hilaire a aimé l'Église, et il a combattu pour la foi, pour la vérité, qui sont le trésor de l'Eglise. Il a aimé surtout l'Eglise des Gaules, ... il a travaillé à conserver sa patrie pure de toute erreur » : et de fait, comme l'a noté Sulpice Sévère, « les Gaules ont été préservées de l'hérésie par le bienfait du seul Hilaire » [...]
Grégoire de Tours a raconté ce miracle que, lorsque Clovis, aux environs de Vouillé., eut à combattre le roi arien des Wisigoths, il «vit un globe de feu qui partait de Poitiers et de la basilique d'Hilaire et qui venait vers lui», comprenant, ajoute Fortunat, qu'un autre allait combattre pour lui, il s'avança résolument vers la victoire. »
Sa sainteté le pape Benoît XVI, extraits de l'audience générale du mercredi 10 octobre 2007
Saint HILAIRE DE POITIERS, Contra Auxentium 2-7, PL 10, 611-614B.
Cardinal PIE, Lettre pastorale sur le retour à Dieu considéré comme devoir particulier de tous les hommes qui ont intérêt à la conservation de l'ordre. Œuvres, t. 1, p. 230-231
Saint HILAIRE DE POITIERS, De Trinitate I, 13, PL 10, 34
SULPICE SEVERE, Historia sacra, II, 45, PL 20, 155 B.
Venance FORTUNAT, Vie de saint Hilaire, II, 7. PL 88, 451
Extraits de : Chanoine Etienne CATTA, Saint Hilaire et le cardinal Pie, DMM, 2015, p. 16-18