Rocamadour (46) : la Vierge de Majesté


 

Dans le Diocèse de Cahors se trouve le sanctuaire de Rocamadour, situé à 5 km de Gramat, dans le Lot. Ce lieu, qui est une étape importante sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle,  attire les foules depuis le XIIème siècle. De prestigieux personnages s’y sont rendus en pèlerinage: le roi Henri II Plantagenêt, Simon de Montfort, Blanche de Castille et son fils saint Louis IX, tous les rois de France jusqu’à Louis XI, saint Dominique, saint Bernard, saint Antoine de Padoue, l’explorateur Jacques Cartier, et plus récemment, Edmond Michelet, le compositeur Francis Poulenc, qui s’y est converti, etc. La devise du sanctuaire est « l’espérance ferme comme le roc ».

 

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Un haut-lieu de spiritualité et de pèlerinage     

Dans la chapelle dédiée à la Vierge Marie, Notre-Dame de Rocamadour, se trouve la statue miraculeuse de la Vierge noire en majesté et trône de la Sagesse, qui date de la fin du XIIe siècle.

Les bénédictins rapportent que saint Amadour était un ermite, qui  vécut dans une grotte, fabriquant un petit oratoire sur un rocher consacré à la Vierge Marie.

 Saint Amadour, parfois assimilé à Zachée, le mari de sainte Véronique,  aurait débarqué en Gaule avec Lazare, Marthe et Marie[1], et aurait apporté la première statue de la Vierge. La statue actuelle date du XIIe siècle. Elle devint bientôt l’objet d’un culte marial.

Le corps de saint Amadour, incorrompu, a été retrouvé au XIIe siècle. Dès cette époque, les pèlerins en route pour Compostelle s’arrêtaient pour prier devant cet oratoire, et nombreux furent les miracles qui s’y produisirent. Les bénédictins rédigèrent alors le premier Livre des miracles, authentifiant 126 guérisons attribuées à la Vierge Marie et de nombreux miracles : sauvetages en mer, signalés par le tintement de la fameuse cloche miraculeuse, conversions de voleurs, guérisons de possédés,  prisonniers libérés de leurs fers, etc.

 Rocamadour devint bientôt, grâce à l’authentification du pape Pascal II, qui en autorisa le culte, l’un des quatre lieux saints de la chrétienté, avec Jérusalem, Rome et Saint-Jacques de Compostelle.

Des pèlerins illustres

On rapporte que Charlemagne, allant combattre les Maures en Espagne, aurait visité ce sanctuaire, où l’on conservait  d’ailleurs un fragment de Durandal, l’épée de Roland parti avec Charlemagne dans l’expédition et mort à la bataille de Roncevaux[2]. Vers les années 1160, le roi Henri II Plantagenêt y vint,  pour remercier la Vierge de sa guérison.  Saint Bernard fut aussi pèlerin de Rocamadour ; Les rois de France y pérégrinèrent également : saint Louis (Louis IX), ainsi que sa mère Blanche de Castille en 1244[3], et,  après eux, Philippe III en 1272, Philippe IV le Bel en 1303, Charles IV le Bel en 1324, Philippe VI en 1335, Jean II en 1344 et enfin Louis XI en 1463. L’explorateur Jacques Cartier, dont l’équipage fut sauvé de la maladie du scorbut, attribua cette guérison au vœu qu’il avait fait à Notre-Dame de Rocamadour, et se rendit en pèlerinage en ce lieu en 1535.

En 1562, pendant les guerres de Religion, les huguenots pillèrent et brûlèrent le sanctuaire, qui sera rebâti au XIXe siècle.

La chapelle Notre-Dame, "cœur" de Roc-Amadour

Image illustrative de l’article Notre-Dame de Rocamadour

La Vierge noire de la chapelle Notre-Dame de Rocamadour. Roby, CC BY-SA 3.0 , via Wikimedia Commons.

 

La Vierge Marie est omniprésente à Rocamadour : le Livre des miracles ne parle que d’elle, la chapelle lui est dédiée, deux statues la représentent, les peintures murales la célèbrent.

Quand on entre dans la chapelle, on est surpris par l'atmosphère sombre et l'œil est attiré immédiatement vers Celle qui règne en ce lieu depuis si longtemps.

La Vierge en majesté nous est présentée au sommet de l'autel : assise comme une reine sur son trône, elle porte assis sur son genou gauche le Roi du Monde et de l'Univers : Jésus, le fils de Dieu. Elle aussi forme pour Lui un trône;  Marie est ainsi nommée "Trône de la Sagesse".

Notre-Dame de Rocamadour et Francis Poulenc

Le compositeur français Francis Poulenc (1899-1963) se convertit en ces lieux en 1936. C’est à la suite de ce grand bouleversement qu’il compose les fameuses Litanies à la Vierge noire de Rocamadour pour chœur de femmes ou d'enfants et orgue, FP82, œuvre qui fut présentée en concert à Londres dès l’année 1936.

Prier Notre-Dame de Rocamadour

Me voici devant vous, ô Notre -Dame de Rocamadour,

Qui toujours exaucez les prières de ceux qui ont recours à vous.

Donnez-moi la santé du corps pour servir Dieu et me consacrer à mes frères les hommes.

Donnez aussi ce bien précieux à tous ceux que j'aime en ce monde.

Je vous confie toutes ces vies qui me sont chères.

Ayez pitié de ceux qui souffrent dans leur corps ou dans leur âme, vous qui êtes la mère de tous les hommes.

Avec la santé du corps accordez-nous la santé de l'âme.

Au milieu des épreuves et des soucis de la vie gardez-nous la Foi,

une Foi solide comme ce rocher qui vous abrite et où vous accueillez avec amour tant de vos enfants.

Notre  Dame de Rocamadour, Gardez-nous, sauvez-nous.

Fêtes et pèlerinages      

Les pèlerinages ont lieu à Rocamadour le 15 août, fête de Notre-Dame de Rocamadour, le 25 août, et en la fête de saint Amadour, le 8 septembre, qui coïncide avec celle de la Nativité de la Vierge Marie. Une semaine mariale est organisée en septembre, et un pèlerinage de jeunes en VTT depuis Tulle a lieu en juillet.

Source :

-D.Le Tourneau. Guide des sanctuaires mariaux de France. Paris : Artège, 2019, p. 318-319.

- sanctuaire Notre-Dame de Rocamadour, en ligne 

 

[1] Une tradition ancienne rapporte qu’Amadour était Zachée de Jéricho  lui-même, mari de la fameuse sainte Véronique, qui fut guérie de ses pertes de sang par Jésus, et qui essuya le visage du Christ (le voile de Véronique). Lors des persécutions, fuyant la Palestine, ils auraient débarqué à Soulac, et y auraient fondé le premier sanctuaire marial : Notre-Dame-de-la-fin-des-Terres. À la mort de Véronique, vers 70, Amadour, continuant son œuvre de mission, aurait trouvé refuge dans une grotte de Rocamadour, et s’y serait établi.                                                                                                

[2]Cette épée, plantée dans la falaise du sanctuaire, a été dérobée en juin 2024. Une enquête est en cours. On raconte que Charlemagne avait reçu Durandal des mains d’un ange, et l’aurait offerte à Roland, son neveu. Pour éviter qu’elle ne tombe aux mains des musulmans, lors de la bataille de Roncevaux, en 778, à la mort de Roland, celle-ci aurait été jetée dans les airs et se serait encastrée dans la falaise de Rocamadour.

[3] On rapporte que saint Louis en gravit les 216 marches à genoux.

 

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Pour en savoir plus

 

-sur les sanctuaires marials du Diocèse de Cahors, dans l’Encyclopédie mariale

-sur miracles et pèlerinages marials aux X°-XII° siècle, dans l’Encyclopédie mariale

-sur 8 septembre : Nativité de la Vierge Marie, solennité catholique, dans l’Encyclopédie mariale

-sur 15 août : L'Assomption (rite romain), dans l’Encyclopédie mariale

-sur le sanctuaire de Rocamadour, en ligne

- Pour entendre les litanies de Francis Poulenc, en ligne

 

 

 

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