Le Père Lamy a raconté les évènements qui furent à l’origine du pèlerinage de Notre Dame des Bois : son récit nous est rapporté par le compte Pul de Biver, dans le livre Apôtre et mystique : le père Lamy (Ed. du Serviteur, 1988). Il est difficile de parler de cette fondation sans évoquer la manière plutôt extraordinaire dont les évènements se sont passés. Elle nous fait naviguer en plein surnaturel, pour ne pas dire en plein merveilleux, et nous comprenons que le Père Lamy affirme qu’il y a bien peu de choses qui nous séparent du monde invisible qui nous entoure. Pour l’écouter, il nous faut sans doute un cœur d’enfant, un cœur de pauvrfe, comme était celui du père Lamy, qui aimait s’appeler « un pauvre prêtre ». La Vierge n’est pas compliquée, disait-il encore. Voici donc le récit de cette fondation.
1. LA PREMIERE INSPIRATION
Le Père Lamy allait en pèlerinage à Notre Dame de Gray tous les ans, au mois de septembre.
Le 9 septembre 1909, il était là comme chaque année. Pendant qu’il célébrait la messe, la Vierge lui apparut. (Sur ces évènements, nous nous soumettons, bien entendu, au jugement de l’Eglise, qui ne s’est pas encore prononcée sur la surnaturalité des faits : nous nous contentons de rapporter le témoignage du père Lamy).
Marie descendait tout doucement, entourée de gloire, et elle souriait. Elle est restée pendant une grande partie de la messe et lui a parlé de beaucoup de choses : elle annonçait la guerre de 1914). Après cela, le père Lamy demandait toujours à ses paroissiens de prier pour éviter la guerre) : elle lui dit qu’elle désirait une congrégation nouvelle (les Serviteurs de Jésus et de Marie) et elle lui demandait de fonder le pèlerinage de Notre Dame des Bois (« Ils n’ont rien dans ces contrées », disait-elle. C’est pourquoi le père Lamy aime dire que c’est la Vierge qui a fondé ce pèlerinage). Elle lui a encore parlé de son enfance et montré comment elle l’avait protégé en bien des circonstances.
Pour le pèlerinage, la Vierge lui a montré le bois et la maison où elle voulait établir le pèlerinage. Le bois, c’est le Bois-Guyotte où se trouve toujours de pèlerinage. Le père Lamy l’a reconnu tout de suite, puisqu’il y avait souvent été dans sa jeunesse.
Il a reconnu aussi la maison. Il ne la trouvait pas bien belle. C’était une masure, une maison abandonnée, qui avait servi de refuge aux chasseurs, et maintenant aux bûcherons. Le père Lamy aurait préféré que ce soit plus près du Pailly sur la montagne, mais « c’était le choix de la Mère de Dieu ». Donc une cabane délabrée.
Puis la Vierge lui montre une statue, qui était bien laide aussi. Le père Lamy ne parvenait pas à croire qu’elle en ait choisi une pareille. D’ailleurs, dit-il, la Vierge elle-même trouve souvent que ses statues ne sont pas belles, mais cela ne l’empêche pas de les aimer comme des signes de l’affection qu’on a pour elle, et de s’en servir comme canal pour ses grâces. Cela nous montre à nous aussi que nous n’avons pas besoin de nous trouver beaux pour nous confier à la Vierge.
2. LA FONDATION
Le bois, la maison, la statue, le père Lamy les avait vus, mais il ne les avait pas encore. C’était en 1909.
C’est seulement en 1911 qu’il a vu la statue pour la première fois, à Paris, dans la devanture d’un magasin. Là, il s’est passé de nouveau un phénomène extraordinaire, peut-être parce que le père Lamy ne trouvait pas la statue de son goût : lorsque la marchande eut posé la statue sur le comptoir, elle est devenue lumineuse, et la marchande l’a vue aussi. N’ayant pas d’argent, il dut revenir le mois suivant la chercher.
Il fallut encore deux ans avant qu’il puisse acquérir le bois avec la « baraque ». Il n’avait pas d’argent, mais, dit-il, c’est la Vierge qui l’a pourvu de la somme, par des intermédiaires. Il ajoute : « la Providence se sert toujours de petits moyens ; Une dame m’a donné bien 1500 francs, d’autres des sommes plus petites, 10 F, des pièces de 5 F, enfin ça s’est arrangé : j’ai tout payé et je n’ai rien dépensé ».
Possédant le chalet, il pouvait songer à y porter la statue : c’est ce qu’il fit le 20 avril 1914. Remarquons que c’est juste avant la guerre que la Très Vierge a fait ouvrir cette maison de pèlerinage. Et des foules de personnes sont venues y prier pendant toute la guerre de 1914-18.
Dans ce bois, la Vierge demande qu’il y ait de la pureté, du silence, et de la prière. « Elle désire des âmes vierges, qui viennent lui demander la pureté ». Elle a dit au père Lamy : « Je deviendrai le réconfort des âmes ». Elle est le refuge des pécheurs, la consolatrice des affligés, le secours des chrétiens. Elle veut y distribuer des grâces spirituelles et temporelles .
Le jour où le père Lamy montait porter la statue, la Vierge a voulu lui montrer encore qu’elle était avec lui et que ce jour était une grande fête. Il arrivait avec sa statue toute ficelée, d’abord dans du papier de soie puis dans du gros papier, et il montait la côte vers la maison du bois. Un moment, il s’arrête (ce qui est normal, car la côte est longue et raide), pose sa canne, prend son couteau pour couper la ficelle du paquet. Il coupe et tout à coup les ficelles se détortillent toutes seules, le papier s’ouvre et la statue est toute dégagée. A ce moment, la Vierge redevient lumineuse et il apparaît une procession de saints des villages avoisinants. Il en connaissait beaucoup par leur nom, il y avait son père, sa mère, sa grand-mère, des enfants, et ils avaient des gloires de différentes grandeurs. Ils montaient en silence, comme pour accompagner la statue en procession, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre, peut-être une centaine : ils passaient à travers les branches sans qu’il les voie remuer. Tous ces gens sont apparus tels qu’ils étaient à l’époque de leur mort. Arrivé en haut, le père Lamy se retourne et, avec la statue, il fait un grand signe de croix en direction de Paris sur toute la France.
Notre Dame des Bois est un pèlerinage local et c’est aussi un pèlerinage national. C’est le pèlerinage de la région, parce que la Vierge avait voulu être honorée dans cette région : « ils n’ont rien dans ces contrées : je deviendrai la protectrice de ces contrées ». Et le père aimait ajouter que ce n’était pas seulement la Haute-Marne, mais une directive plus haute, qui veut dire : la France . Il disait : en France on a le cœur, et il n’hésitait pas à parler de la mission de la France : Dieu n’abandonnera pas les siens : c’est comme les juifs, qui sont dispersés dans tous les pays, mais qui ne sont pas abandonnés.
ET LA SUITE
Le pèlerinage se construisit tout seul. Il y a dans la chapelle un autel, sur lequel se trouve la statue, dans une cloche de verre. Cet autel est venu tout seul, sans que le père Lamy s’en doute : ce sont des gens qui l’ont amené, le lendemain même du jour où il a amené, le lendemain même du jour où il a amené la statue. « Il y a d’abord eu un autel en mousse, puis un en bois, enfin celui en marbre a été donné en ex-voto. Ici encore, c’est la Vierge qui a tout réalisé. Je suis parti fonder ce pèlerinage sans argent, sans bois, sans chapelle, sans statue : la Mère a pourvu à toute chose ».
La Vierge donne beaucoup. Il n’y a peut-être pas d’endroit au monde, dit le père Lamy, où elle donne avec tant d’abondance les grâces surnaturelles. Jamais on ne revient de Notre-dame sans grâces nouvelles. Ah ! quel chemin on ferait si on ne mettait des obstacles à son influence ! « La Vierge des Bois donnera, fera beaucoup : à ses pieds on trouvera consolation ».
On y vient d’abord pour rendre grâce : la reconnaissance est une vertu rare, et qui attire de nouvelles grâces de confiance. Et on y vient pour demander des grâces nouvelles.
Des guérisons ont été attribuées à Notre Dame des Bois, dont certaines sont rapportées dans Apôtre et mystique. Le père Lamy disait qu’il y avait deux sortes de guérisons, celles du corps et celles du cœur ou de l’âme, c’est-à-dire les conversions, et que ces dernières sont bien plus importantes et souvent plus utiles ; Parlant des demandes qui lui sont souvent faites, la Vierge se plaignait : « Ils me font travailler la matière ! C’est pour aider les âmes que j’ai été créée ».
Comme fruit d’un pèlerinage, demandons plutôt « la correction d’un défaut. Nous croyons ce défaut très caché aux yeux des autres, et pourtant il est connu au moins de Dieu, de la Vierge, de nos saints patrons, de notre ange gardien et de Lucifer, ce qui fait bien du monde : La colère est un exemple de vice à corriger : demandons l’humilité, qui incline le ciel sur nos vies ». (MCB 159-162)