L'Eglise primitive vouait un culte unanime au Christ Jésus : les chrétiens sont ceux qui « invoquent le nom de Jésus » (Rm 10, 13 ; Ac 2, 21 ; 9, 14.21 etc.) comme on « invoque le nom de YHWH » (Gn 4, 26).
L'Eglise primitive, qui pourtant a connu de vifs débats concernant la manière d'accueillir les païens, c'est-à-dire sur ce que signifiait la foi au Christ dans le contexte du judaïsme, n'a jamais connu de tension concernant la dévotion au Seigneur Jésus.
Elle n'a jamais connu non plus de tension concernant la dévotion envers Marie, telle qu'elle s'exprime en saint Luc par l'attitude d'Elisabeth devant la Vierge Marie ou par les paroles de Marie « Toutes les générations me diront bienheureuse » (Lc 1, 48), ou en saint Jean par la révélation du Crucifié « Voici ta mère », « Voici ton fils » (Jn 19, 25-27).
Quand, vers l'an 700, saint Jean Damascène prie en disant à Marie : « Nous attachons nos âmes à l'espérance que tu es pour nous, comme à une ancre absolument ferme et infrangible, nous te consacrons notre esprit, notre âme, notre corps, chacun de nous en toute sa personne »[1], et il n'y a aucune réaction négative de la part des autres Eglises, des autres théologiens.
Cette sérénité témoigne d'une unanimité, d'une sensibilité spirituelle largement partagée à l'époque patristique.
Saint Louis-Marie de Montfort, la consécration demandée à Fatima, et les prières de Jean Paul II s'inscrivent dans la tradition qui les a précédés.
[1] Jean Damascène, Homélie sur la nativité et l'Assomption, Source chrétienne n° 80, Paris, Cerf, 1961, p. 121 : Hom in Dormitionem I,14, PG 96,716 AB
Françoise Breynaert