Palmar de Troya se situe dans le diocèse de Séville en Espagne.
A l'époque, certaines églises se vident, certains prêtres quittent le sacerdoce, et dans ce contexte, certains chrétiens « voient » pleurer le Christ ou sa mère.
Mais les dérives sont notoires quand un leader se met à douter de l'assistance que le Christ a pourtant promise au successeur de Pierre, et s'autoproclame pape !
Le commencement, à Palmar, en 1968-1970
Le 30 mars 1968, quatre fillettes cueillent des fleurs dans la campagne de Palmar. Un regard mystérieux les observe, leur semble-t-il. Elles regardent et « reconnaissent » la Vierge Marie, au lieu-dit la Croix blanche. Les apparitions se prolongent durant deux ans, puis cessent définitivement. Aujourd'hui, toutes quatre sont mariées, dans le village même de Palmar, où elles restent de bonnes chrétiennes.
D'autres voyants se manifestent dans les alentours durant les années 1968-1976 : Rosario Arenillas, puis Antonio Anillos, puis Maria Luisa Vila, Arsenia Llanos, Emmanuel Fernandez...
José Navarro Caro, dit Pepe Cayetano, en 1973 « voit » la Vierge en larmes : « A cause de mes fils qui se perdent, lui explique-t-elle. Beaucoup de mes ministres vont par des chemins tortueux. Leur exemple conduit les âmes au chemin de la perdition. On commet beaucoup de sacrilèges eucharistiques. Il faut faire des prières et des sacrifices pour le pape » (alors Paul VI).
Antonio Romero, ouvrier agricole, entre en extase ; il est insensible à la flamme des cierges et "voit" le Père éternel (!), l'Esprit-Saint (!) et la Vierge du Carmel.
En 1976, José Manzano, homme simple et père de famille nombreuse crut voir « l'esprit des ténèbres rôdant dans les salles du Vatican » et « le Saint-Père souffrir en silence ».
L'arrivée de Clemente Dominguez
A partir de 1969, Clemente Dominguez (né en 1946- mort en 2005), originaire de Séville, vingt-trois ans, entre dans ce mouvement visionnaire dont il deviendra le leader impérieux. Mais sa jeunesse, selon ses disciples eux-mêmes, ne fut pas exempte de "certaines attaches avec les vanités de la vie".
Le Cardinal Bueno y Monreal, archevêque de Séville, inquiet de la tournure de ce foisonnement visionnaire, intervient contre ces apparitions en 1970 et 1972.
Cela ne modère pas, mais exalte Clemente Dominguez qui fonde, recourt à un vieil évêque vietnamien (né en 1890), Mgr Ngôdinh- Thuc et se fait ordonner prêtre avec quatre membres de sa communauté. Le 11 janvier 1976, il se fait sacrer évêque, avec quelques autres.
Le 14 janvier 1976, l'archevêque de Séville condamne cette ordination illicite[1] mais Clemente Dominguez continue.
Clemente Dominguez Gómez, fonde « l'ordre des Carmélites de la Face » puis « l'Église chrétienne palmarienne des Carmélites de la -Face » ou « Église catholique palmarienne ».
Clemente ordonne une quinzaine d'évêques (l'un d'eux âgé de quinze ans), ils seront bientôt quarante-trois au total (il a eu perception très négative de la hiérarchie catholique et tente de constituer une réserve saine à ses yeux).
Le 6 août 1978, à la mort du pape Paul VI, Clemente Dominguez Gómez s'autoproclame pape, il alors en voyage à Bogota et prend le nom de Grégoire XVI, (parce qu'il imagine que le concile Vatican II a cédé au modernisme et au communisme). Il est évidemment excommunié.
Il s'empresse de créer quatre cardinaux qui le couronnent à nouveau, à Séville. Il multiplie ses actes pontificaux : il canonise padre Pio, Marie d'Agreda, Anne-Catherine Emmerich, Marie Julie Jahenny, les papes Pie IX, Léon XIII, Pie XI et Pie XII, Charlemagne et Isabelle la Catholique, l'amiral Carrero Blanco et Franco. Il excommunie le pape Jean Paul I et le pape Jean Paul II. En 1980, il ouvre à Séville un concile qui se prolonge durant plusieurs années et promulgue le dogme de la corédemption.
Cherchant des appuis chez les mystiques ou voyants, il visite le sanctuaire de Kérizinen en Bretagne et notamment Jeanne-Louise Ramonet, qui a du bon sens et le repousse. Il se rend de là en Italie à San Damiano, où Mamma Rosa le repousse.
Au cours de la décennie 1990, Clemente Dominguez fut accusé d'abus sexuels à l'encontre des prêtres et des religieuses de son Ordre. En 1997, Domínguez reconnut de tels abus et il en demanda pardon.
Il mourut à 58 ans, en 2005, à peine 11 jours avant Jean-Paul II, et son « pontificat » avait duré presque exactement le même temps que celui de son concurrent.
Finalement, la fervente communauté de Palmar éclate en prenant conscience du délire mégalomaniaque de Clemente, comme des déclarations de l'Eglise ainsi confirmées.
[1] L'évêque vietnamien, Mgr Ngô-dinh-Thuc, validement ordonné a tout fait dans les règles.
La validité n'en est pas moins des plus douteuses, car au-delà des formes extérieures, elle suppose que le rite du sacrement ait été administré dans la ferme intention de faire ce que veulent le Christ et l'Eglise. En dépit des formes rigoureuses, l'intention apparaît déficiente à tous égards ; car une ordination est destinée à un peuple, et, ici, point de peuple, mais une communauté d'évêques en vase clos. Il n'y a ni vocation, ni mission, et les ordinations ont été faites dans un climat pathologique.
Sources :
fr.wikipedia.org/wiki/Clemente_Dom%C3%ADnguez_y_G%C3%B3mez
et Patrick Sbalchiero, « Palmar », dans : René Laurentin et Patrick Sbalchiero, Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007, annexes.
Synthèse : F. Breynaert