La première partie du « dictionnaire des apparitions » (René Laurentin et Patrick Sbalchiero) concerne les apparitions historiques, jusqu'en 1966. On y voit par exemple comment une apparition mariale a conforté *Grégoire de Naziance au seuil de sa fonction de jeune évêque ; on y découvre l'origine d'une multitude de sanctuaires et monastères ; on y apprend comment *Thérèse d'Avila interprète le rôle de ses propres visions.
L'époque moderne marque visiblement un tournant.
Au niveau universitaire non chrétien, *Guadalupe a été reconnue comme un facteur déterminant de l'Eglise et de la culture du Nouveau Continent et de son métissage.
La *Médaille miraculeuse a provoqué un éveil charismatique et missionnaire. *Lourdes a rappelé la priorité à donner aux pauvres à l'heure de la domination de la bourgeoisie et du « enrichissez-vous ». *Fatima annonça l'année même de la naissance du communisme (avec *Kolomenskoe en Russie) la fin des persécutions en Russie. Une prophétie d'envergure, parce que suivie effectivement et solennellement par *Pie XII et *Jean Paul II. Au passage, on admire comment Bernadette de Lourdes comme Lucie de Fatima n'ont cédé à aucune menace ; elles auraient perdu la vie plutôt que de renier l'apparition. Cette communication profonde fut fondatrice de leur destinée cohérente et difficile à toutes ses étapes.
La seconde partie évoque les apparitions actuelles à partir de l'année 1966.
Pourquoi 1966 ? Parce qu'en 1966, la congrégation pour la doctrine de la foi a aboli les deux canons qui interdisaient de publier sur les miracles et les apparitions non reconnues sous peine d'excommunication : ces deux canons furent abolis en 1966, avec la loi sur l'Index, dont ils faisaient partie. Quelques années après cette date, le nombre de phénomènes recensés s'est considérablement accru.
Parmi les apparitions des quarante dernières années, certaines ont été reconnues, telles *Betania au Venezuela, *Akita au Japon, *Kibého au Rwanda ; d'autres sont bien accueillies ou assumées par les évêques et intégrées à la pastorale de l'Eglise, comme le montre les articles sur *Altaï en Sibérie (où le pape Jean Paul II posa la première pierre du sanctuaire) ; *Tsévié au Togo ; *San Nicolas en Argentine ; *Sarapiquì au Costa Rica ; *Mutemwa au Zimbawe ; *Mushasha au Burundi ; *Anosivolakely a Madagascar ; *Assyour en Haute Egypte ; *Aurach-Fischbachau en Allemagne, etc.
Quand l'Eglise reconnaît une apparition, elle n'engage pas son *magistère, c'est pourquoi les papes ont toujours évité de reconnaître personnellement et formellement une apparition, afin de ne pas compromettre le magistère dans le conjectural.
Le fait que l'Eglise nomme officiellement des prêtres au service d'un sanctuaire issu d'une apparition l'intègre à la pastorale hiérarchique et apostolique de l'Eglise. Une déclaration officielle n'y ajoute rien (cf. *Authenticité).
N.B. Les astérisques se réfèrent à des articles du dictionnaire.
Françoise Breynaert, docteur en théologie
Extraits de : F. Breynaert, Recension de : René Laurentin et Patrick Sbalchiero, Dictionnaire encyclopédique des apparitions de la Vierge. Inventaire des origines à nos jours. Méthodologie, prosopopée, approche interdisciplinaire, Fayard, Paris 2007. (1405 pages), dans « Miles Immaculatae », Anno XLIII, fasc I, 2007, p. 413-420