Pendant le Moyen Age, les récits n'accordaient pas d'importance aux subtiles distinctions entre vision et apparition.
Aujourd'hui, beaucoup d'auteurs distinguent les deux termes. On parle des « apparitions de Lourdes », mais on parle des « visions » de Anne-Catherine Emmerich. L'apparition se définit par le lieu, la vision se définit par la personne qui en parle.
L'apparition suppose une présence réelle, actuelle, et elle se manifeste aux sens externes. Et celui qui a une apparition conserve la perception normale de l'espace dans lequel il se trouve, même s'il a une extase.
La vision n'implique pas une présence réelle, actuelle. Les mystiques distinguent la vision extérieure (par la vue), les visions spirituelles (limitées à la faculté imaginative), et les visions intellectuelles (qui n'ont aucune dépendance envers les objets sensibles). Ces dernières sont jugées les plus sûres.
Quoiqu'il en soit, les visions et les apparitions font parties des révélations privées et n'appartiennent pas au dépôt de la foi.
Le Commentaire théologique du message de Fatima (2000), signé par le cardinal J. Ratzinger, n'a pas repris la distinction entre vision et apparition. Mais il a repris la distinction entre visions sensibles, imaginatives, intellectuelles.
Nous pourrions nous servir, comme méthode, du « genre littéraire » au sens large, en considérant que le peintre, le sculpteur, le poète, le théologien, le mystique... « voient » la Vierge Marie à travers le genre littéraire de leur compétence.
L'apparition est en quelque sorte un genre littéraire accordé charismatiquement à un(e) voyant(e).
Parfois, l'apparition est un dialogue, parfois elle comporte des symboles : ainsi, le « genre littéraire » varie et prend une forme dialoguée ou allégorique...
Résumé par F. Breynaert de : S. Perrella, "Le mariofanie, presenza e segno della mediazione materna", in Apparitiones beatae Mariae Virginis in Historia, Fide, theologia. Actes du congrès de la PAMI, Lourdes, 2008 (PAMI, Città del Vaticano, 2010), tome I, pp. 93-230, p. 139-142
Salvatore Perrella,
Président de la faculté théologique pontificale "Marianum", Rome.
