Le théologien byzantin saint Nicolas Cabasilas († 1391) donne sens à l'enfance de Marie au temple : cette étape de la vie de Marie est l’ultime préparation de l'humanité avant l'Incarnation.
Grégoire Palamas contemple l'épisode traditionnel de l'enfance de Marie au Temple dans la perspective grandiose du dessein de Dieu.
En effet, Dieu a donné l’existence à la création pour lui donner de participer à sa vie divine.
Mais une chose est impossible à Dieu : s’unir avec un être impur : l’Incarnation n’était pas possible sans que la nature humaine concrète que le Verbe devait assumer soit déjà purifiée.
"Il avait besoin par nécessité d’une vierge parfaite et immaculée." (Homélie 52,6)
Marie est le point d’arrivée d’un processus de purification à travers toute l’histoire et toutes les générations, depuis Seth jusqu’à Anne et Joachim. Tout est préparé en vue de Marie :
"Toute l’Écriture divinement inspirée est écrite en ayant pour but la Vierge Mère de Dieu." (Homélie 53,8)
Saint Grégoire Palamas médite sur les années de jeunesse de la Vierge : Marie elle-même fait son propre cheminement d’ultime préparation, dont Palamas fait une description à partir de sa propre expérience monastique :
"Marie choisit de vivre cachée des regards, consumant son temps dans le sanctuaire, où elle resta libre de tout lien matériel ; elle se sépara de toute relation, et s’éleva au-dessus de tout amour, y compris envers son propre corps, elle unifia ainsi tout son être dans l’esprit, par l’attention et par la prière divine continuelle.
En se concentrant dans son intériorité, elle s’unifia entièrement et complètement et elle s’éleva au-dessus de la diversité des formes que représentent les raisonnements.
Ayant atteint la simplicité des genres et des formes, elle eût l’intuition d’un nouveau chemin vers le ciel que nous pourrions appeler silence de l’esprit.
En unissant son esprit à ce silence, elle s’éleva au-dessus de toutes les créatures et elle vit la gloire de Dieu dans un mode plus parfait que Moïse, elle vit la grâce divine -qui ne peut pas être comprise d’une façon parfaite avec les sens- mais c’est un spectacle saint, et plein de grâce, réservé uniquement aux âmes pures et aux anges .
Et parce qu’elle a réalisé cela, elle devint la nuée lumineuse, selon les divins hymnographes, l’eau de la vraie vie, l’aube du jour mystique et le char de feu du Verbe." (Homélie 53, 59)
Ce cheminement constitue sa part de responsabilité et sa grande dignité :
"Toi seule a été digne de recevoir tous les charismes de l’Esprit ou, mieux, toi seule a accueilli miraculeusement en ton sein celui en qui sont les trésors de tous les charismes…" (Homélie 37,6)
In fine, Marie et le Christ représentent la réalisation du projet du Créateur :
"Ce que le Christ est par nature, la Vierge l’est par grâce"
(Homélie 44,4, répété dans l’homélie 53,12)
Sources :
-Y. SPITERIS, Palamas : La grazia e l’esperienza, Lipa, Roma, 1996
-J. MEYENDORFF, Introduction à l’étude de Grégoire Palamas, Paris, Seuil, 1959
-J. MEYENDORFF, The triads, Gregory Palamas, New York, Paulist Press, 1983
-J. MEYENDORFF, Défense des saints hézychastes, Grégoire Palamas, Louvain, 1959
-J. CLER, Grégoire Palamas, douze homélies pour les fêtes, ŒIL / YMCA-PRESS Paris, 1987
Françoise Breynaert et l’équipe de MDN.