Comprendre la différence entre un nœud et un péché n’est pas évident. L’encyclique de saint Jean-Paul II , Reconciliatio et paenitentia, nous y aide.
Dans son exhortation apostolique post-synodale Reconciliatio et paenitentia, datant du 2 décembre 1984, le saint pape Jean-Paul II parle des « blessures » actuelles, qu’elles soient individuelles ou collectives, et analyse leur fondement.
« Bien que ces déchirures apparaissent déjà fort impressionnantes à première vue, seule une observation en profondeur permet d’identifier leur racine : celle-ci se trouve dans une blessure au cœur même de l’homme. À la lumière de la foi, nous l’appelons le péché, à commencer par le péché originel que chacun porte en soi depuis sa naissance comme un héritage reçu de nos premiers parents, jusqu’au péché que chacun commet en usant de sa propre liberté [1] .
Il est cependant nécessaire de préciser que le terme de « nœud » ne recouvre pas totalement le terme de « péché » : en effet, le terme de « péché » est plus directement lié à une responsabilité, il suppose le libre consentement de celui qui le commet, alors que le terme de « nœud » est plus général et peut être assimilé à une épreuve, permise par Dieu pour nous faire grandir.
Lors de l’épisode de l’aveugle-né (Jn 9, 1-12), Jésus répond à une question de ses disciples :
« Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance. Ses disciples lui firent cette question :
"Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ?" Jésus répondit : "Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché; mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui." »
Jésus dégage donc la responsabilité de la maladie de cet homme : il n’est pas aveugle de naissance parce que lui ou ses parents ont péché. Cet exemple nous permet de distinguer la différence entre péché et nœud, même si parfois les deux coïncident ou entretiennent un lien de cause à conséquence.
Dans cette même encyclique, saint Jean-Paul II distingue les péchés individuels et les péchés sociaux, caractéristiques d’un « monde éclaté ». Les péchés sociaux, nous dit-il, s’inscrivent dans une logique communautaire de bien commun et de véritable fraternité:
• le fait de fouler aux pieds les droits fondamentaux de la personne humaine, à commencer par le droit à la vie et à une digne qualité de vie,
• les pièges tendus et les pressions exercées contre la liberté des individus et des groupes, sans oublier la liberté d’avoir sa propre foi, de la professer et de la pratiquer ;
• les diverses formes de discrimination : raciale, culturelle, religieuse, etc. ;
• la violence et le terrorisme ;
• l’usage de la torture et les formes injustes et illégitimes de répression ;
• l’accumulation des armes conventionnelles ou atomiques, la course aux armements entraînant des dépenses de guerre qui pourraient servir à soulager la misère non méritée de peuples socialement et économiquement sous-développés
• la répartition injuste des ressources du monde et des biens de la civilisation, qui atteint son sommet dans un type d’organisation sociale où la distance entre les conditions humaines des riches et celles des pauvres s’accroît toujours davantage.
Le saint pape Jean-Paul II a donné dans cette exhortation apostolique [2] une définition de la responsabilité du péché :
« Le péché, au sens propre et précis du terme, est toujours un acte de la personne, car il est l’acte de liberté d’un homme particulier et non pas, à proprement parler, celui d’un groupe ou d’une communauté. Cet homme peut se trouver conditionné, opprimé, poussé par des facteurs externes nombreux et puissants; il peut aussi être sujet à des tendances, à une hérédité, à des habitudes liées à sa condition personnelle. Dans bien des cas, de tels facteurs externes et internes peuvent, dans une mesure plus ou moins grande, atténuer sa liberté et, par là, sa responsabilité et sa culpabilité.
Mais c’est une vérité de foi, confirmée également par notre expérience et notre raison, que la personne humaine est libre. On ne peut ignorer cette vérité en imputant le péché des individus à des réalités extérieures : les structures, les systèmes, les autres. Ce serait surtout nier la dignité et la liberté de la personne qui s’expriment – même de manière négative et malheureuse – jusque dans cette responsabilité de commettre le péché.
C’est pourquoi, en tout homme il n’y a rien d’aussi personnel et incommunicable que le mérite de la vertu ou la responsabilité de la faute. Les conséquences premières, et les plus importantes, du péché, acte de la personne, portent sur le pécheur lui-même : c’est-à-dire sur sa relation avec Dieu, fondement même de la vie humaine ; sur son esprit, affaiblissant sa volonté et obscurcissant son intelligence. »
On peut ainsi, pour préciser le sens du mot « nœud », dire que le péché a pour conséquence un ou plusieurs « nœuds », mais que tout nœud n’est pas forcément le résultat d’un péché.
Certains « nœuds » de notre vie sont le résultat d’épreuves dont la responsabilité ne nous incombe pas : un deuil entraînant une très grande tristesse, une dépression liée à une perte d’emploi, une maladie, etc. D’autres sont la conséquence d’un désordre dans notre vie, qui entraîne une situation très difficile : addiction, manque de maîtrise de soi ou de confiance en l’autre entraînant des disputes, etc.
Une maladie peut cependant être la conséquence d’un désordre intérieur. Ainsi le père Zannini affirme-t-il par exemple que le pardon guérit le cœur et l’esprit, mais aussi le corps [3].
En bref… un péché produit toujours un nœud, mais un nœud n’est pas toujours produit par un péché…
Quelle que soit la cause de ces « nœuds » personnels, le fait de les présenter à la Vierge Marie, notre « Maman du ciel », permet de prendre conscience de cette situation difficile et de prier pour être guéri ou délivré de ces nœuds qui empoisonnent notre vie.
-sur l’encyclique Reconciliatio et paenitentia, en ligne
-sur les nœuds de notre vie, dans l’Encyclopédie mariale
-sur la façon de prier Marie qui défait les nœuds, dans l’Encyclopédie mariale
-sur les neuvaines à Marie qui défait les nœuds, dans l’Encyclopédie mariale
-sur comment vivre avec Marie le sacrement de réconciliation, dans l’Encyclopédie mariale