1- Selon la foi chrétienne, les traditions bouddhistes, malgré leurs limites et parfois même leurs erreurs, appellent attention et respect et peuvent avoir valeur de préparation évangélique (1) :
Au plan éthique, les actions favorables peuvent se résumer dans les cinq préceptes (??la, s?la) :
1/ ne pas nuire aux êtres vivants ni retirer la vie ;
2/ ne pas prendre ce qui n'est pas donné ;
3/ ne pas avoir une conduite sexuelle incorrecte ;
4/ ne pas user de paroles fausses ou mensongères ;
5/ ne pas ingérer de produit intoxicant diminuant la maîtrise de soi.
L'altruisme profond de la tradition bouddhiste, qui se traduit par une attitude délibérée de non-violence, par la bienveillance amicale et la compassion, rejoint ainsi la règle d'or.
2- En même temps, on définit généralement le bouddhisme (2) par les quatre « nobles vérités » enseignées par le Bouddha après son illumination :
1/ la réalité est souffrance et insatisfaction ;
2/ l'origine de la souffrance est le désir ;
3/ la cessation de la souffrance est possible (par l'extinction du désir) ;
4/ il existe un chemin menant à la cessation de la souffrance. Ce chemin est le « noble sentier octuple » qui consiste dans la pratique de la discipline, de la concentration et de la sagesse.
Mais « la grandeur pour le Christ et pour le chrétien c'est, étant sensible à la souffrance, de l'accepter tout de même par amour. Et, en s'appuyant non pas sur sa propre force - c'est le second aspect - mais sur la force de Dieu, avec l'assurance que Dieu ne peut permettre que nous souffrions ou que nous soyons tentés au-delà de nos forces. » (3)
Marie.
1- Le Bouddhisme éduque à ne pas voler ni mentir, ne pas nuire aux être vivants, ne pas prendre de produits qui diminuent la maîtrise de soi.
Enseigner ainsi la vertu, c'est éduquer et faire croître la conscience (4), et puisque "la conscience est le centre le plus intime et le plus secret de l'homme, le sanctuaire où il est le seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre" (5), nous pouvons dire que le bouddhisme prépare l'homme à entendre Dieu, et en particulier son Verbe incarné, Jésus-Christ.
Marie a, elle aussi, écouté Dieu dans le sanctuaire de sa conscience, elle a vécu dans une ascèse qui cependant n'a pas détruit pas sa sensibilité (il ne s'agit plus de supprimer le désir, mais de le rendre équilibré.)
« Marie est un signe lumineux et un exemple attirant de vie morale. » disait Jean Paul II (6).
Devenue la mère du Verbe, Marie continue de comprendre les hommes qui ignorent son Fils. Son cheminement exemplaire dès avant l'Incarnation constitue sans aucun doute une stimulation auprès de ceux qui ne sont pas encore évangélisés.
2- En même temps, Marie, a su se détacher de certains éléments de sa culture pour accueillir une vérité plus grande. Elle l'a fait parce qu'elle était humble. Ainsi, alors que son peuple attendait un messie roi dans une royauté terrestre, Marie a accepté que sa royauté ne soit pas de ce monde et que son règne passe par la croix.
Marie, par son amour, aide les Bouddhistes à accueillir l'Evangile de la souffrance, car la souffrance, dans le Christ, reçoit une autre signification (7).
La souffrance et la mort sont entrées dans le monde par l'envie du diable. Jésus, le Fils de Dieu, est né et a souffert "pour détruire les oeuvres du diable" (1Jn 3, 8), et nous ouvrir la vie éternelle.
(1) COMMISSION THEOLOGIQUE INTERNATIONALE, A la recherche d'une éthique universelle : Nouveau regard sur la loi naturelle, 20 mai 2009, § 12
(2) COMMISSION THEOLOGIQUE INTERNATIONALE, Ibid.,§14
(3) Jean DANIELOU, Le mystère du salut des nations, Seuil, Paris 1946, p. 78
(4) Catéchisme de l'Eglise catholique § 1794
(5) Vatican II, Gaudium et Spes §16.
(6) Jean Paul II, Veritatis Splendor § 120
(7) Lire en particulier Jean Paul II, lettre encyclique Redemptor Hominis (le Redempteur de l'homme) et Jean Paul II, lettre apostolique Salvifici doloris (sur le sens de la souffrance).
Synthèse Françoise Breynaert