Salut à toi, fille généreuse,
glorieuse et intouchée.
Toi, prunelle de chasteté,
matière de sainteté
et plaisir de Dieu !
Car cet épanchement d'en haut
est descendu en toi
et le Verbe d'en haut
en toi a revêtu la chair.
Toi, le lis blanc, que Dieu regardait
avant toute créature.
O la plus belle et la plus douce,
comme Dieu se plaisait en toi
lorsqu'en toi il déposa la caresse de son feu
et qu'ainsi son Fils
fut nourri de ton lait.
Et ce fut la joie de ton ventre,
la symphonie du ciel
résonnant pour toi,
car, Vierge, tu portais le Fils de Dieu
dans l'éclat en Dieu
de ta chasteté.
Et ce fut la joie de tes entrailles,
comme l'herbe lorsque la rosée descend.
Ce suc, et elle reverdit !
Ainsi fut fait en toi,
Mère de toute joie.
Qu'à présent l'Eglise toute entière
soit de joie brillante,
de bruissement
d'harmonie
en l'honneur de la Vierge très douce
en l'honneur de Maire-la louange,
de l'enfantant-Dieu ! Amen.
Hildegarde de Bingen, La symphonie des harmonies célestes, 1175, de sancta Maria 17, traduit du latin par R. Lenoir et C. carraud. Ed J. Million, Grenoble 2003, p. 83-85