L’agonie de Jésus et la liberté humaine (St Maxime le Confesseur)

L’agonie de Jésus et la liberté humaine (St Maxime le Confesseur)

Contexte de l'œuvre de saint Maxime le Confesseur :

Avant saint Maxime, l'exclamation de Jésus « Père, s'il est possible, que cette coupe s'éloigne de moi ! » était interprétée de deux manières : soit comme une faiblesse de la chair sans portée morale, soit comme une parole prononcée en notre nom, dans une sorte d'assimilation de notre nature pécheresse.

Ces raisonnements insuffisants ont conduit à l'hérésie du monothélisme, c'est-à-dire à ne voir en Jésus qu'une seule volonté, la volonté divine.

En l'an 641, la solution de saint Maxime (Opuscule 6) est une nouveauté importante et, en l'an 649, le 2° concile de Latran en reprendra la formulation finale. Le pape Martin I, puis saint Maxime, mourront pour l'avoir défendue.

Résumé de l'opuscule 6 de saint Maxime :

Le refus « Père, s'il est possible, que cette coupe s'éloigne de moi ! » est inséparable de l'acceptation qui suit « Cependant, non pas ma volonté, mais la tienne », et comme ce refus ne peut pas être attribué à la volonté divine (ce serait une absurdité, la volonté divine veut la « coupe » qui donnera le salut), ce refus et l'acceptation qui suit doivent donc être attribués à la volonté humaine de Jésus et sont la preuve d'une volonté humaine entière, libre, souveraine, distincte de la volonté divine mais non contraire. Il faut donc dire : premièrement, dans le Christ, entre la volonté humaine et la volonté divine, il y a un accord. Deuxièmement, en tant qu'il est homme, le Christ obéit au Père. Troisièmement, en tant qu'il est Dieu, le Christ veut avec le Père, dans une volonté commune.

Texte complet de l'opuscule 6 de saint Maxime :

« Si tu prends la phrase « Père, s'il est possible, que cette coupe s'éloigne de moi » - phrase qui semble exprimer la répulsion - « comme venant d'un homme, non pas de celui que nous considérons dans le Sauveur- car son vouloir n'est en rien contraire à Dieu puisqu'il est tout divinisé - mais d'un homme de notre sorte, attendu que la volonté humaine ne suit pas toujours Dieu mais que le plus souvent elle lui résiste et lutte contre lui », selon ce que dit le divin Grégoire, / que penses-tu alors de la suite de sa prière : « Non pas ce que je veux, mais que ta volonté triomphe » ? Exprime-t-elle la répulsion ou le courage ? un suprême consentement ou un désaccord ? En vérité, elle n'exclus pas ce qui est voulu, à savoir le refus de la coupe, mais tu le rapporteras à la Divinité commune et sans commencement laquelle, de façon négative, tu as ramené le fait de vouloir.

Mais si rien que de penser cela est détestable, alors il est clair que cette négation « non ce que je veux », qui exclut totalement la contrariété, présente l'accord de la volonté humaine du Sauveur avec la volonté divine qui est à la fois la sienne et celle du Père, car le Verbe tout entier a assumé cette nature toute entière et il l'a toute divinisée par l'assomption. Ainsi, selon que pour nous, il était devenu comme nous, il disait humainemnet à son Dieu et Père : « que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui triomphe », car lui-même qui était Dieu par nature, il avait aussi, en tant qu'homme, comme volonté, l'accomplissement de la volonté du Père.

C'est pourquoi, selon les deux natures à partir desquelles, dans lesquelles et desquelles il était l'hypostase, il était reconnu comme étant par nature à même de vouloir et d'opérer notre salut, ce salut que d'une part il voulait conjointement avec le Père et le Saint Esprit et pour lequel d'autre part » il s'est fait obéissant » au Père « jusqu'à la mort et la mort de la croix ». Il a ainsi accompli lui-même, par le mystère de sa chair, la grande œuvre de l'Economie en notre faveur. »

St Maxime le Confesseur, Opuscule 6 (PG 65A-68D, traduction par F-M LETHEL, Théologie de l'agonie du Christ, Beauchêne, Paris 1979, p. 90)


Présentation F. Breynaert

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