Dans les premiers siècles :
Le berger séparant les brebis des boucs :
Le thème s'inspire de l'évangile :
« Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges, alors il prendra place sur son trône de gloire. Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs. »
(Matthieu 25, 31-32)
Cette scène est représentée dans les catacombes dès la fin du III° siècle. L'artiste, ayant peu de place, s'est contenté de représenter le Christ sous la forme d'un pasteur séparant les brebis.
On trouve des exemples similaires à Ravenne, au V° et VI° siècle.
L'etimasia ou préparation du trône :
A la même époque est diffusée aussi la représentation de l'etimasia ou préparation du trône, surtout chez les Byzantins.
Au V° et VI° siècles les artistes ont représenté le trône apocalyptique sur lequel était placé l'Agneau ou la croix couverte de pierres précieuses. Ce trône représentait la divinité du Christ, adoré selon la vision d'Apocalypse 5.
Mais très vite, les pères ont oublié que sur le trône la croix recouverte de pierres précieuses représentait le Christ et pour eux le trône à leurs yeux était vide. Il était vide parce qu'on attendait que le Christ revienne pour juger le monde.
Et comme le Christ avait dit aussi que la célébration eucharistique était un mémorial de sa venue dans la gloire (« Chaque fois en effet que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. » (1Corinthiens 11, 26), ce trône vide fut placé au-dessus du sanctuaire, ou au sommet de l'arc triomphal.
Cf. Le trône et l'etimasia (ouvrir dans un onglet).
A partir du VI° siècle :
La période qui s'étend des miniatures du VI° siècle aux fresques du XI° et XII° siècle, trois scènes émergent : l'apparition du Juge, la résurrection de la chair ; la séparation des bons et des mauvais. Ce qui adviendra lors du jugement final est révélé dans le Nouveau Testament : Ap 20, 11-15 ; Mt 24, 29-31; Mt 25, 31-46 ; Mt 19, 28.
Citons par exemple :
« Puis je vis un trône blanc, très grand, et Celui qui siège dessus. Le ciel et la terre s'enfuirent de devant sa face sans laisser de traces. Et je vis les morts, grands et petits, debout devant le trône; on ouvrit des livres, puis un autre livre, celui de la vie; alors, les morts furent jugés d'après le contenu des livres, chacun selon ses oeuvres. Et la mer rendit les morts qu'elle gardait, la Mort et l'Hadès rendirent les morts qu'ils gardaient, et chacun fut jugé selon ses oeuvres. Alors la Mort et l'Hadès furent jetés dans l'étang de feu -- c'est la seconde mort cet étang de feu -- et celui qui ne se trouva pas inscrit dans le livre de vie, on le jeta dans l'étang de feu.
(Apocalypse 20, 11-15)
Les premiers exemples se trouvent en Italie et en Allemagne :
- Eglise de S. Maria del Lago a Moscufo (Teramo), XI° siècle.
- Eglise de S. Georges de Oberzell à Reichenau. XI° siècle.
Viennent ensuite des œuvres plus complètes, par exemple :
- « Le jugement dernier », Baptistère de Florence, achevé en 1230.
Le jugement dernier, peint pour être regardé en sortant de l'église :
- Giotto, jugement universel, Chapelle Scrovegni, Padoue. (Le cycle des fresques devait être terminé avant le 25 mars 1305, date de la consécration solennelle de la chapelle Scrovegni). On y voit le Christ dans une mandorle de gloire, les troupes angéliques, les douze apôtres, les sauvés au paradis et les damnés en enfer. (Voir : cliquez).
Comme dans le cas de la chapelle Scrovegni, la place habituelle du jugement dernier était à l'intérieur de l'église, contre la façade : le fidèle la voyait en sortant. Cette règle fut scrupuleusement respectée dans les zones sous domination byzantine, par exemple : S. Maria del Casale (Brindisi, Italie).
Un Christ juge qui ne perd pas sa douceur :
- "Fra Angelico, Le https://www.mariedenazareth.com/index.php?id=138954&tx_ifglossaire_list[glossaire]=304&tx_ifglossaire_list[action]=details dernier", fresque, Florence (fin XIV° siècle). Cliquez pour voir. Fra Angelico est dominicain, c'est sans doute pourquoi il traduit la pensée de Saint Albert le grand qui ne partage pas l'opinion fréquente en son temps, selon laquelle reviennent au Christ seulement le jugement et la condamnation, pendant que l'exercice de la miséricorde appartiendrait à Marie. Jésus lui-même est un Dieu d'amour et de miséricorde. Fra Angelico montre Marie qui intercède et Jésus remplit de douceur. Les damnés sont amenés en enfer par les démons auxquels ils se sont liés.
Jean Baptiste, saint Jean, la mère de Jésus.
En général, à la gauche de Jésus, en Orient il y a saint Jean Baptiste, tandis qu'en Occident il y a saint Jean l'évangéliste.
Jean Baptiste est représenté parce qu'au moment du baptême de Jésus, il annonçait déjà la fin des temps « la cognée est à la racine de l'arbre ».
Saint Jean est représenté sans doute à cause du passage de l'Apocalypse décrivant le jugement dernier (Ap 20, 11-15).
La mère de Jésus. Giotto, Fra Angelico, Giovanni di Paolo... Van der Weyden et Van Eyck, Rubens, nous montrent aussi la très humble Vierge Marie. Qu'elle soit agenouillée, assise ou debout, elle est toujours dans une attitude d'une ineffable humilité. Quand elle est représentée, la mère de Jésus, avocate des pécheurs, est à la droite du Christ juge, à Léon (Espagne), à Notre Dame de Paris, à Ferrara, à Salamanca.
Fra Angelico, Le https://www.mariedenazareth.com/index.php?id=138954&tx_ifglossaire_list[glossaire]=304&tx_ifglossaire_list[action]=details dernier, fresque, Florence. (Voir : cliquez).
Michel-Ange, dans son Jugement dernier (chapelle Sixtine, Vatican), montre un ange qui tire deux personnes par un rosaire. (Voir : cliquez).
Encore quelques variantes, quelques exemples :
L'enfer est représenté avec du feu, parce que c'est ainsi que les amis de Job imaginaient la gueule du Léviathan (Job 41) et c'est aussi ainsi que le Christ décrit la « Gehenne de feu ».
Le paradis est représenté comme un jardin.
Très souvent, un ange porte une balance : elle sert à peser chacun : ses actes, mais aussi son amour, et sa foi en la miséricorde de Jésus.
Exemple : Rogier van der Weyden, le https://www.mariedenazareth.com/index.php?id=138954&tx_ifglossaire_list[glossaire]=304&tx_ifglossaire_list[action]=details dernier (1448-1451), Hospices de Beaune, France (Voir : cliquez).
Parfois, les flamands introduisirent le débat entre la justice et la miséricorde en représentant aux côtés du Christ deux femmes, l'une avec une épée (la justice), l'autre avec un lys (la miséricorde).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Rogier_van_der_Weyden_001.jpg
Pour conclure, voici ce lien vers un artiste qui mérite d'être connu, avec un Christ d'une profonde beauté : Cavallini, jugement final. S. Cecilia in Trastevere, Rome. (Voir, cliquez).
Françoise Breynaert.
Cf. Giuseppe Maria Toscano, La vita e la missione della Madonna nell'arte,
I mille volti di Cristo nell'arte, Carlo Pellerzi editore, 1991, p.176-220