Dieu a envoyé son Fils pour que le monde soit sauvé.
Le miracle du Christ et de l’Eglise est que ce soit dans l’absence, dans le silence apparent de Dieu, que « la puissance et la gloire de Dieu » soient présentes. Ce sont les choses qui ne sont pas que Dieu choisit, dit Saint Paul, afin de confondre les choses qui sont (1 Co 1,27-28).
Sans doute, l’Eglise ne nous dit rien sur le nombre des élus. Mais nous savons que les puissances de la terre et du ciel se liguent pour donner à chacun sa chance de rejoindre Dieu.
Bernanos (dans le Journal d’un curé de campagne) nous le rappelle, les millions d’hommes emprisonnés, torturés, piétinés de par le monde, même s’ils ignorent tout de Jésus, dessinent sans le savoir une icône du Christ de douleur ; cette « pauvreté, dit le curé de campagne, qui ne sait même plus son nom, qui pose au hasard sa face hagarde, se réveillera un jour sur l’épaule de Jésus Christ ». Origène l’avait dit :
"Il y en a beaucoup qui, apparemment, sont dans l’église, qui n’y sont pas ; et il y en a d’autres qui, apparemment, ne sont pas de l’Eglise, qui, en réalité, y sont."
Une petite larme, disait Dante, suffit à sauver un homme, une petite prière, un soupir, un ultime balbutiement d’amour, « entre l’étrier et le sol », et voici une destinée perdue qui ressuscite dans le matin de la Résurrection.
Ce ne sont pas des milliards de siècles qui sont nécessaires pour que l’homme soit sauvé : une seconde suffit, non que l’homme soit un géant spirituel, mais parce qu’il est si petit, et que le « petit enfant » dont parle saint Jean est enveloppé sans cesse de l’immense ombre de la grâce divine.