Dans la pensée biblique, la loi et le conseil sont toujours associés et ont pour but l'épanouissement de notre nature et de notre vocation profonde. Pour accueillir la pensée biblique, et mariale, il nous faut nous libérer de la mentalité dominante...
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Dans l'Ancien et le Nouveau Testament, et chez tous les anciens écrivains chrétiens, la loi est une règle que chaque être doit vivre pour vivre selon sa nature[1]. Dieu ne se limite pas à donner des lois, il procure aide et réconfort, grâce et sanctification, il attire, il conseille...
La loi se distingue donc du conseil mais elle « baigne » dans le conseil.
D'une part, le conseil est une préparation : il prépare à la plénitude la loi, il conduit l'homme à vivre sa nature humaine, qui est bien autre chose que le simple intérêt égoïste.
D'autre part, le conseil est un art d'obéir à la loi et à la perfectionner. On distingue alors ce qui est facultatif et ce qui est obligatoire.
Enfin, pour les anciens, l'homme vertueux et le saint sont beaux, car le beau est lié au bien.
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Mais pour les modernes, la loi s'apparente aux lois physiques (à des équations finalement), c'est une norme, un impératif[2]. La loi ne « baigne » plus dans le conseil. Cette dichotomie se traduit en philosophie et en théologie : pour Kant, le culte religieux n'est plus qu'un appendice facultatif aux lois. Et pour Schleiermacher, une religion ne doit pas légiférer.
Dès lors, le « conseil » part à la dérive.
D'une part le conseil est devenu l'intérêt, la recherche égoïste de son intérêt particulier[3].
Et d'autre part, les conseils facultatifs peuvent devenir plus importants que la loi obligatoire, par exemple, un révolutionnaire vivra la pauvreté mais se permettra de tuer et de voler.
Enfin, le héros moral moderne est « sublime » parce que la raison humaine est imaginée comme indépendante, au-dessus de la loi et du conseil qui la portait[4].
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Dans ce contexte, il nous est très précieux de nous attacher à Marie, pleine de l'Esprit Saint et tous ses dons... La liturgie romaine récente nous propose une messe votive (n° 33) « Marie, mère du bon conseil ».
Prière d'ouverture (collecte)
Seigneur, tu sais combien les pensées des hommes sont faibles et incertaines ;
Par l'intercession de la Vierge Marie, en qui ton Fils s'est incarné, donne-nous ton Esprit de conseil,
qu'il nous apprenne à voir ce qui te plaît et nous dirige dans nos travaux.
Par Jésus Christ."
Les autres prières sont commentées dans l'introduction du missel [5] :
La Vierge Marie est appelée avec raison "mère du bon conseil", car elle est la mère du Christ, que le prophète Isaïe appelait par avance "Merveilleux Conseiller" (Is 9,5, cf. Première lecture, Is 9,2-7 ; Prière de communion) ;
Elle a vécu toute sa vie sous la conduite de "l'Esprit de conseil (...) dont l'ombre l'a enveloppée" (Prière sur les offrandes) ;
Elle a "adhéré profondément au dessein (de Dieu) de tout restaurer dans le Christ" (Préface ; cf. Ep 1, 10).
Cette messe célèbre la Vierge Marie comme la mère et la maîtresse qui, dotée du don de conseil, communique de grand cœur à ses fils et disciples les biens de la Sagesse divine : "le conseil et la prudence, l'intelligence et la force" (Acclamation de l'Evangile, cf. Pr 8, 14),
et elle les invite à faire d'abord ce que le Christ leur dit de faire (cf. Evangile : Jn 2,1-11 ; Antienne de la communion Jn 2,5).
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[1] Dans le « je crois en Dieu, le Père tout-puissant », Ancien et Nouveau Testament insistent sur « Père ».
[2] Dans le « je crois en Dieu, le Père tout-puissant », les modernes insistent sur « tout puissant ».
[3] cf. David Hume, 1711-1776, philosophe et économiste libéral
[4] Sur ce passage de la pensée biblique (et patristique, et médiévale) jusqu'à la pensée moderne, lire : Rémi Brague, la Loi de Dieu. Gallimard, Paris 2005, p. 388-401
[5] Extraits de l'Introduction de la messe votive « Marie, mère du bon conseil ». Missel « Messes en l'honneur de la Vierge Marie », Desclée-Mame, 1988. (Publié à Rome le 15 août 1986).
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Synthèse F. Breynaert