L’Esprit-Saint et Marie (J-J Olier 1608-1657)

L’Esprit-Saint et Marie (Jean-Jacques Olier)

Le jour de la Pentecôte étant venu et le Saint-Esprit étant descendu sur l'assemblée en forme de langues de feu, Marie le reçut, non pas par mesure comme le reçurent les apôtres et les disciples, mais en plénitude (...) Avec cette plénitude universelle de tous ses dons, l'Esprit-Saint répandit dans l'âme de Marie des dispositions et des sentiments semblables à ceux de Jésus-Christ ressuscité. Comme dans l'arbre et dans le fruit attaché à l'arbre, il n'y a qu'une vie continue, qui est répandue dans les deux; de même il n'y eut jamais dans la Mère et dans le Fils qu'une même vie intérieure, qu'un même esprit, qui répandait dans l'un et dans l'autre les mêmes lumières et les mêmes sentiments.

Au temps de l'Incarnation, l'Esprit de Dieu, pour préparer Marie à recevoir ce fruit de sainteté, était survenu en elle et lui avait communiqué des sentiments semblables à ceux qu'il devait opérer dans le Verbe fait chair, dont elle allait devenir la Mère, c'est-à-dire des sentiments de petitesse, d'amour de l'obscurité et de l'anéantissement. Elle avait reçu alors le Saint-Esprit; mais un esprit qui la cachait aux yeux de tout le monde.

Dans cette première naissance, Jésus-Christ venait pour être caché, et, pour cela, cet esprit fut donné en secret à Marie. Mais dans sa seconde naissance, où il doit être manifesté comme Fils de Dieu, le Saint-Esprit est donné, à Marie publiquement. Dans sa première descente en terre, il venait dans l'infirmité pour être jugé et condamné par le monde, et Marie, qui devait lui être semblable, reçut un esprit qui la portait à la soumission, au mépris, à la confusion. Maintenant qu'elle reçoit l'esprit de Jésus-Christ, non plus mortel, mais glorieux, de Jésus-Christ roi, juge et souverain pontife de tout le monde, elle reçoit un esprit de puissance et de force, un esprit de conseil et de sagesse.


Sans doute, c'était le même esprit de Jésus-Christ qui l'animait avant comme après la Pentecôte; mais pendant les jours de la vie cachée de Marie, il produisait en elle des effets tout autres que ceux qu'il opéra après la glorification de son Fils.

Alors il lui donna d'autres talents, il la conduisit par une voie de force, de vigueur et de conseil admirable, comme le demandait sa vocation.

En un mot, après la résurrection de Jésus-Christ, elle fut faite participante de la nouvelle vie de son Fils, surtout depuis le jour de la Pentecôte. Cet esprit la faisait vivre comme vivrait un saint du paradis qui, étant descendu en terre, attendrait sans cesse le moment de son retour. Marie, en effet, ne regardait que les âmes des hommes; elle ne pensait qu'à avancer la gloire de son Fils; elle n'était occupée que de ses louanges et des doux sentiments de son amour.

Enfin, elle ne vivait plus ici-bas que par l'extérieur, et souffrait ce monde avec peine, à cause de son état et de l'esprit qui l'animait. Car la vie qui lui restait alors, était une vie semblable à celle du Fils de Dieu ressuscité, lequel, avant son Ascension, resta quarante jours sur la terre, seulement pour affermir ses apôtres et les instruire du royaume de Dieu, c'est-à-dire de l'établissement et de la conduite de l'Église.


M. Olier, Vie Intérieure de la Très- Vierge, Chapitre XIV. Ascension et Pentecôte


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