Le livre de Daniel offre des exemples encourageants en temps de persécution.
L'exemple des trois jeunes gens dans la fournaise (Dn 3) veut encourager à résister à la persécution. L'importance du miracle qui s'opère est soulignée : la fournaise est chauffée sept fois plus. Rien n'est impossible à Dieu.
L'épisode de la main qui écrit sur le mur (Dn 5) est destiné à montrer que le destin des rois est dans la main de Dieu.
D'autres textes se présentent comme une annonce concernant l'avenir des empires.
Et on se pose des questions sur la date de composition du livre.
Les récits du livre de Daniel sont situés à Babylone.
Le livre de Daniel est écrit en partie en hébreu, en partie en araméen, et parfois il est difficile de savoir si c'est de l'hébreu ou de l'araméen. A Babylone et au retour d'exil, l'araméen était une langue usuelle.
Ce qui est plus étonnant c'est de trouver dans le livre de Daniel des mots à consonance nettement grecque. Il s'agit, dans le verset suivant, de la plupart des noms d'instruments de musique[1] :
« A l'instant où vous entendrez sonner trompe*, pipeau**, cithare**, sambuque**, psaltérion**, cornemuse** et toute espèce de musique, vous vous prosternerez et ferez adoration à la statue d'or qu'a élevée le roi Nabuchodonosor. » (Daniel 3, 5)
* consonance sémite (nom hébreu ou araméen)
** consonance grecque
De là viennent deux hypothèses :
On peut penser que ces instruments de musique ont des noms à consonance grecque parce qu'ils sont modernes et exotiques à Babylone, c'est un vocabulaire importé dans la langue araméenne (comme par exemple en français on trouve des mots anglais, surtout pour l'informatique). N'oublions pas, en effet, que la civilisation grecque est très ancienne et qu'elle rayonnait. Homère, par exemple, est un poète grec (né en -800 mort en -740) originaire de la Grèce d'Asie Mineure, et on lui attribue l'Iliade et l'Odyssée qui raconte l'histoire de la Grèce antique durant les 5 siècles qui l'ont précédé...
On peut aussi penser que ces mots à consonance grecque trahissent le fait que le livre de Daniel serait une fiction. C'est une opinion très répandue que nous lisons par exemple chez Hartman qui, en s'appuyant sur cet indice et d'autres indices similaires, explique que le livre de Daniel fut écrit au temps de la domination grecque sur Israël, vers 164, au moment où Judas Maccabée a déjà remporté quelques victoires et purifié le Temple, mais que rien n'est encore joué. Selon Hartman, l'écrivain veut transmettre à ses contemporains un message d'encouragement en racontant une histoire exemplaire, celle de Daniel et de ses compagnons qui avaient résisté aux souverains de babyloniens et perses, 400 ans plus tôt. L'auteur présente donc des événements connus par ses contemporains sous la forme d'une prophétie de Daniel au VI° siècle avant J-C[2].
Dans son livre Jésus de Nazareth, J. Ratzinger - Benoît XVI ne tranche pas cette question mais il veut que soit maintenue la possibilité d'un prophétisme capable de révélations nouvelles. Il écrit :
Daniel est un « homme des désirs » (Dn 10, 11), il possède une « sensibilité intérieure lui permettant d'entendre et de voir les signes imperceptibles que Dieu envoie dans le monde et qui brisent la dictature de l'habitude »[3]
La nouveauté est la venue d'un « fils de l'homme » :
« Face aux bêtes venues des profondeurs se dresse l'homme venu d'en haut. De même que les bêtes des profondeurs incarnent les empires qui se sont succédé dans le monde, de même l'image du "Fils d'homme" qui arrive "sur les nuées du ciel" annonce un royaume absolument nouveau, un royaume d'humanité, du pouvoir véritable venant de Dieu lui-même. [...] En tant que tel, l'image du fils de l'homme ne symbolise pas une figure individuelle, mais elle est la représentation du royaume dans lequel le monde parviendra à son but. (Da 7, 13-14) »[4]
[1] Cf. Biblical Aramaic, A, Hebrew university of Jerusalem (2012) unit 8, p. 4
[2] Louis F. HARTMAN and Alexander A. DI LELLA, The Anchor Bible, The book of Daniel, A new translation with Introduction and commentary, USA, 1993. p.146-150
[3] JOSEPH RATZINGER, BENOIT XVI, Jésus de Nazareth, Flammarion, Paris 2007, p. 112
[4] JOSEPH RATZINGER, BENOIT XVI, Jésus de Nazareth, Flammarion, Paris 2007, p. 355
Synthèse F. Breynaert